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Tanzanie : Les maladies et le manque de pâturages entravent l’accès des éleveurs de bétail aux marchés d’exportation

Il est dix heures du matin, le ciel est clair. Chui Meja observe attentivement ses bœufs, ses moutons et ses chèvres en les faisant sortir de leurs enclos pour qu’ils aillent paître. L’homme de 39 ans porte un pantalon brun et une étoffe traditionnelle masai rouge.

Monsieur Meja raconte qu’il ne peut pas exporter son bétail ni ses produits animaux à cause des problèmes de maladies et de pâturages insuffisants.

Il explique : « La majeure partie de mes bêtes sont squelettiques à cause [des] longues distances qu’elles parcourent à la recherche de pâturages et d’eau. Je peux même compter leurs côtes, et la plupart ne remplissent pas les critères pour l’abattage. Certaines souffrent de maladies comme la fièvre rhodésienne. Il est difficile de les vendre [pour l’exportation]. »

Monsieur Meja vit actuellement dans le village de Kitonga, à environ 90 kilomètres de Dar es Salaam, le centre commercial de la Tanzanie.

Cela fait trois décennies qu’il erre avec sa famille à travers la Tanzanie à la recherche d’eau, de pâturages et de zones exemptes de maladies de bétail pour surmonter ces difficultés.

Selon lui, sa famille souffre pendant leurs déplacements, car ils sont incapables de vendre le bétail sur les marchés de l’exportation. En raison de l’insuffisance des aliments, les animaux de monsieur Meja sont plus fragiles et paraissent vieux. Les marchés de l’exportation exigent de la viande et des produits animaux de qualité.

Engelbert Billashoboka est le directeur de la région du Centre de l’Organisme de réglementation des aliments et des médicaments de la Tanzanie. Il convient avec monsieur Meja que les éleveurs de bétail ne peuvent pas tirer profit des marchés d’exportation à cause des maladies et de la mauvaise alimentation, et ce, bien que la Tanzanie soit le troisième producteur de bétail d’Afrique.

Monsieur Billashoboka explique : « La majorité des éleveurs, particulièrement les nomades, qui sont les plus grands éleveurs de bétail en Tanzanie, n’ont pas de bons pâturages libres. Ils manquent également de programmes d’alimentation appropriés et modernes pour leurs troupeaux. »

Il ajoute : « Les animaux dépendent entièrement du pacage sans suppléments. C’est la raison pour laquelle ils prennent du temps pour atteindre le poids requis pour l’abattage. Par conséquent, les produits du bœuf atteignent difficilement les marchés d’exportation. »

Les éleveurs nomades vendent leurs bêtes sur les marchés ouverts aux transformateurs de bœufs locaux, ou aux acheteurs des Comores, du Kenya, de la RDC et même des Émirats arabes unis.

Nicholai Chiweka est l’agent de marketing et de recherche de l’Institut des viandes de la Tanzanie. Il affirme que la difficulté de vente du bétail et des produits animaux sur le marché de l’exportation est en partie liée au manque de programmes d’aménagement de pâturages et de gavage. En raison du style nomade de garde, la majorité des animaux n’ont pas le poids suffisant pour le marché de l’exportation. Pour remplir les critères d’exportation, il faudrait qu’ils soient soumis à un programme d’engraissement intensif avant l’abattage.

En Tanzanie, plusieurs parcours naturels qui comblaient les besoins d’une grande partie du bétail se trouvaient près de réserves animalières telles que Manyara, Serengeti, Loliondo et Ngorongoro. Pour protéger les animaux sauvages, le gouvernement a converti la majorité de ces parcours en réserves animalières et en zones de protection de la faune. On espère que l’État prévoira, délimitera et aménagera des parcours naturels qui serviront de pâturages afin de compenser la terre qui a été convertie aux fins de préservation de la nature.

Faustin Lekule est professeur à la Sokoine University of Agriculture, en Tanzanie. À ses dires, pour que les éleveurs comme monsieur Meja puissent bénéficier financièrement de l’élevage du bétail, il faut aménager des zones exemptes de maladies, moderniser les abattoirs et démarrer le processus de transformation des produits du bétail.

Monsieur Lekule explique : « Comme nous ne pouvons pas éliminer toutes les maladies du pays, il est nécessaire de choisir des régions, ou des îles, spécifiques, où des efforts particuliers devront être faits pour certifier la région en tant que zone exempte de maladies. »

Il ajoute : « La Tanzanie a amélioré les normes des principaux abattoirs qui seront certifiés par des organismes internationaux et autorisés à exporter la viande et les produits de viande. Au lieu de vendre la viande sous forme de bœuf, nous devons travailler plus sur la transformation… Il existe un énorme marché en Chine et au Moyen-Orient pour les produits de viande. »

Monsieur Meja soutient qu’il continuera de se déplacer d’un endroit à un autre pour trouver de bons pâturages exempts de maladies. Il explique : « Nous avons passé notre vie entière à nous déplacer avec nos troupeaux. Ce n’est pas notre choix, [mais] il le faut. Nous continuons à chercher des pâturages et des zones exemptes de maladies de bétail. »

Cette nouvelle est financée par Elanco Animal Health.