Tanzanie : Le docteur des plantes est au marché (par Adam Bemma, pour Agro Radio Hebdo)

| juin 16, 2014

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De sombres nuages ​​remplissent le ciel, bloquant la vue des sommets enneigés du Mont Kilimandjaro. La pluie tombe sur le marché animé de la ville de Himo à environ 100 kilomètres à l’est d’Arusha.

Les agriculteurs et les agricultrices viennent de partout au nord de la Tanzanie pour visiter la « clinique de plantes » présente deux fois par semaine au marché. Certains viennent même du pays voisin, le Kenya et traversent la frontière.

Wilson Mchomvu est un agent de vulgarisation agricole, mais il se rend au marché à titre de « médecin des plantes ». Il accroche un grand panneau à l’entrée du marché qui accueille les agriculteurs et les agricultrices et les invite à apporter leurs plantes malades à sa table pour un examen gratuit.

Peter Chambegha, un agriculteur à Kilimandjaro, entre dans le marché prudemment, en marchant sur une boue épaisse qui s’accumule sous ses chaussures. Il apporte un poivron malade.

Le médecin des plantes travaille tous les lundis et les jeudis. La plupart de ses patients sont des légumes et leurs symptômes sont tout à fait communs. Pendant que M. Mchomvu étale des brochures et des dépliants contenant des informations et des photos de carottes orange en santé, de tomates rouges et d’oignons sur sa table, M. Chambegha le salue et s’assoit.

M. Chambegha remet le poivron au médecin des plantes en disant: « J’ai essayé de faire la rotation des cultures et de cultiver les poivrons avec le maïs, les haricots et les oignons, mais je pense que mes poivrons ont contracté une maladie fongique ».

M. Mchomvu sort un couteau et coupe la racine du poivron. « Les agriculteurs et les agricultrices m’apporter leurs cultures et je leur pose des questions simples en vue de déceler le problème », explique-t-il.

Parfois, la table est entourée d’agriculteurs et d’agricultrices posant des questions sur les haricots, les tomates et les oignons qu’ils apportent à des fins de diagnostic.

« Les agriculteurs et les agricultrices qui viennent me voir viennent de Karatu [en Tanzanie] jusqu’au Kenya. Si on me pose une question et que je ne connais pas la réponse, j’essaie d’obtenir autant d’informations que possible de l’agriculteur ou de l’agricultrice », dit M. Mchomvu.

Si le médecin des plantes ne connaît pas la cause de la maladie, il consulte des brochures d’informations fournies par Plantwise. Plantwise est une initiative financée par une organisation nommée CABI qui vise à améliorer la sécurité alimentaire en réduisant les pertes de récoltes.

CABI travaille à établir des cliniques de plantes dans 31 pays en Afrique, en Amérique latine et en Asie. La porte-parole de l’organisation, Dannie Romney, dit que CABI travaille en collaboration avec le ministère de l’Agriculture de la Tanzanie et Irish Aid en vue d’établir des cliniques de plantes dans les marchés partout dans le pays.

Mme Romney s’attend à ce que les cliniques de plantes fleurissent. Elle affirme que les agriculteurs et les agricultrices les trouvent utiles et qu’elles aident à faire connaître les autres services offerts et à susciter l’intérêt à leur égard.

M. Mchomvu sort son bloc d’ordonnances et écrit son diagnostic. « Cette saison-ci, j’ai vu beaucoup de poivrons et de tomates. Je pense qu’il vous faut un fongicide » dit-il à M. Chambegha.

M. Chambegha prend la prescription comprenant le diagnostic en anglais et en souahéli. « C’est ma première visite à la clinique de plantes. J’ai appelé à l’avance pour connaître les heures de bureau et l’emplacement. Je suis satisfait de l’aide que j’ai reçue », dit-il.

M. Mchomvu le remercie de sa visite, puis il dit : « La clinique de plantes améliore nos vies. En tant qu’agent(e)s de vulgarisation, nous n’avons pas besoin de nous déplacer dans les villages pour aller à la rencontre des agriculteurs et des agricultrices. Ils et elles peuvent nous trouver au marché ».