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Tanzanie : Le changement climatique nuit au bétail, de même qu’aux éleveurs

Les mains derrière le dos, Mhache Paulo observe bouche bée l’arrière-cour de sa maison. Monsieur Paulo affirme qu’il y a 15 ans, il serait en train de contempler une belle verdure et de nombreux ruisseaux. Mais, aujourd’hui, cette verdure a disparu en raison du changement climatique. En effet, les arbres et les cours d’eau ont disparu. Il déclare : « Le changement climatique a perturbé l’écosystème. »

Monsieur Paulo est un agriculteur d’exploitation familiale de Dar es Salaam, la capitale économique de la Tanzanie. Il a commencé à pratiquer l’aviculture en 1999.

À ses dires, les températures élevées et les phénomènes climatiques extrêmes fréquents tels que les sécheresses ont perturbé non seulement sa cour arrière, mais également son élevage de bétail. En raison des nouvelles conditions climatiques, de nouvelles épidémies de maladies de bétail sont apparues, et il y a une pénurie d’aliments et d’eau.

Monsieur Paulo avait plus de 100 porcs en 2018. Cependant, entre juin et septembre de ladite année, la peste porcine africaine, une maladie très contagieuse et souvent mortelle, a tué tous ses porcs.

Il explique : « C’était catastrophique. Cette maladie n’existait pas dans cette région… Mais peut-être qu’elle a été apportée par les gens qui transportent les animaux domestiques des villages vers la ville. »

Maziku Methew travaille comme spécialiste en élevage au ministère de l’Élevage et des Pêches en Tanzanie. Il soutient que le changement climatique pousse les oiseaux et d’autres animaux à quitter leurs régions habituelles pour aller à la recherche de nourriture et d’eau.

Monsieur Methew ajoute : « Ce [mouvement de bétail] s’accompagne d’une propagation de maladies qui deviennent néfastes dans de nouvelles régions. »

Le changement climatique nuit également à l’étang de poissons de monsieur Paulo. Il déclare : « Le soleil qui a frappé la ville en juillet a quasiment asséché l’étang. Je ne sais quoi faire pendant les mois qui restent avant la saison des pluies. »

Il explique : « Le soleil chauffe l’eau, obligeant les poissons et les alevins à descendre au fond où l’oxygène est rare et ils y suffoquent. »
Il affirme que le changement climatique nuit également à ses volailles, et que ses pintades et ses poules sont également plus sensibles aux maladies telles que la maladie de Newcastle.

Agnes Victor élève des volailles à Salasala, une banlieue de Dar es Salaam. Elle raconte que le temps entre juin et septembre était beaucoup plus sec que d’habitude et que cela a favorisé la propagation très rapide des maladies virales telles que la maladie de Newcastle dans la région, la mort des poules, notamment celles qui n’avaient pas été vaccinées à temps.

Madame Victor explique : « Nous avons été obligés de dépenser plus pour la vaccination. Les effets du changement climatique augmentent le coût d’élevage des volailles. »

Selon elle, les longues sécheresses et le stress thermique font baisser les rendements des cultures utilisées pour la fabrication d’aliments pour animaux et augmentent les coûts de ces aliments. Elle explique : « Le prix d’un sac d’aliments granulés pour volaille varie entre 60 000 et 80 000 shillings tanzaniens (16 $ à 35 $ US), d’une région à une autre. »

Monsieur Paulo et d’autres éleveurs comme madame Victor diversifient leurs activités agricoles pour augmenter leurs sources d’aliments pour bétail et répartir les risques.

Les éleveurs de Dar es Salaam affirment élever maintenant du bétail, creuser des puits et aménager de petits systèmes d’irrigation pour compléter les réserves de nourriture de leurs familles et fournir du fourrage à leurs bêtes. Ils se sont diversifiés dans des cultures comme la banane, le manioc et le haricot, ainsi que l’élevage de bovins.

Madame Victor déclare : « Généralement, comme les précipitations sont irrégulières et imprévisibles, nous utilisons des variétés de cultures résistantes à la sécheresse ou précoces. » Elle ajoute : « La pratique de l’agriculture mixte et la plantation d’arbres, en particulier les espèces exotiques, fournissent du fourrage et de l’ombre aux cultures. »

Monsieur Paulo a creusé un puits et construit une retenue d’eau pour stocker l’eau de pluie. Il ajoute : « J’ai planté des arbres non pour les vendre, mais [pour] restaurer le cadre verdâtre de mon arrière-cour. » Outre les poules, il élève désormais des lapins, des pintades, des porcs, des chèvres et des bœufs.

Selon les spécialistes, cette diversification protège la production vivrière, aide les éleveurs à s’adapter aux conséquences du changement climatique et génère une diversité de produits et de services visant à améliorer les moyens de subsistance des éleveurs. Monsieur Paulo déclare : « Si vous avez une ferme avicole et un étang de poissons, vous pouvez aménager un petit potager où les poules peuvent se nourrir des plantes et des végétaux pendant que leurs fientes procurent des aliments aux poissons. L’eau de l’étang peut également servir à arroser les légumes. »

Cette nouvelle est financée avec l’appui d’Elanco Animal Health.