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Tanzanie : La culture intercalaire améliore les revenus des agriculteurs et agricultrices

C’est un beau samedi matin et Abdulsalum Njelekela arrose les cultures dans son champ. Il déclare : « J’ai accès à une quantité d’eau abondante qui provient du barrage situé près de mon champ, ce qui m’aide à pratiquer la culture intercalaire tout au long de l’année. »

Monsieur Njelekela vit dans le village de Lilido, dans le district de Mtwara, au sud de la Tanzanie et près de la frontière mozambicaine. Il possède une exploitation agricole de trois acres et utilise l’eau du barrage pour cultiver des légumes en association avec des fruits et des denrées vivrières telles que le maïs, les haricots et les pois.

Il déclare : « La demande pour les cultures vivrières est forte dans ma région. J’ai décidé de commencer à pratiquer la culture intercalaire pour produire sur le même lopin de terre et vendre aux consommateurs pour gagner plus d’argent. »

Monsieur Njelekela ajoute : « Les gens de ma région achètent les légumes comme le poivron vert, le gombo et les aubergines. La culture intercalaire m’aide à ravitailler différents clients avec mes produits agricoles. »

À ses dires, la culture intercalaire a plusieurs avantages : « La culture intercalaire m’aide à obtenir un revenu, une sécurité alimentaire et des aliments nutritifs pour ma famille. Cela me permet également de préserver l’environnement, car avec cette technique agricole je ne coupe pas les arbres, mais je leur permets de croître simultanément avec les cultures vivrières. »

Joseph Denis est un agriculteur du village voisin de Kitere qui pratique la culture intercalaire depuis deux ans et qui cultive une variété de légumes sur son champ d’un hectare. Il déclare : « L’avantage de cultiver différents produits ensemble sur le même champ, c’est que l’agriculteur a la garantie d’avoir un marché pour au moins une des denrées. »

Selon monsieur Denis, la culture intercalaire lui rapporte de plus gros bénéfices que la production d’une seule culture dans son champ.

Il explique : « Grâce à la culture intercalaire, j’ai l’assurance de gagner 2 000 000 à 300 000 shillings tanzaniens (864 $ US – 1 297 $ US) par an. Je vends un kilogramme de tomates, d’hoho ou aubergines entre 1 500 et 3 000 shillings tanzaniens (0,65 $ US – 1,30 $ US). »

Il ajoute : « Si le prix d’une denrée est faible sur le marché, je ne panique pas ni ne m’inquiète pas lorsque je n’arrive pas à vendre, car avec la culture intercalaire, je peux toujours me rabattre sur une autre culture. »

Monsieur Denis affirme qu’avec la culture intercalaire, le désherbage et l’irrigation sont faciles et que cela ne nécessite pas beaucoup de main-d’œuvre, étant donné qu’il désherbe ou arrose une seule fois pour deux ou trois cultures. Il explique : « Je sarcle toutes les différentes cultures en même temps. Je fais la même chose lorsque je veux arroser. »

Selon monsieur Denis, les agriculteur.trice.s qui pratiquent la culture intercalaire économisent également l’argent pour l’achat d’intrants tels que les pesticides, car la quantité de pesticides utilisée diminue.

Salma Said est une maraichère du village de Lilido qui pratique également la culture intercalaire. Elle cultive des concombres, des tomates amères et du gombo. Elle déclare : « Sur un petit lopin de terre, je peux récolter différentes cultures que je consomme avec mon mari et nos deux enfants et vendre ensuite le surplus. »

Philipo Mrutu est un agronome et un agroentrepreneur originaire du district de Morogoro, en Tanzanie. Il soutient que les avantages que procure la culture de différents produits sur un seul champ sont que la terre est bien utilisée et que les cultures se soutiennent ou dépendent les unes des autres.

Il ajoute : « Cela permet également d’améliorer la fertilité, par exemple, lorsqu’une personne cultive un champ et l’utilise en même temps comme pâturage, les restes du bétail utilisés pour l’agriculture sont déjà fertiles, ce qui permet à l’agriculture de réussir. »

Monsieur Mrutu souligne que le mélange de cultures permet de conserver l’humidité du sol et que si des arbres sont plantés sur les rebords d’un étang, ils procurent de l’ombre et améliorent les conditions climatiques, notamment en saison chaude à une époque où le monde fait face au défi du changement climatique.

Aux dires de monsieur Njelekela, la culture intercalaire l’aide de plusieurs manières. Il explique : « Je conseille aux agriculteurs de ma région de commencer à pratiquer la culture intercalaire, car j’ai constaté personnellement de nombreux avantages, dont l’amélioration du revenu. J’arrive à subvenir aux besoins de ma famille grâce à la culture intercalaire. »

Cette ressource est réalisée avec le soutien financier de la Fondation Biovision.

Photo : Des légumes sont exposés à la vente dans un marché près de Morogoro, en Tanzanie, le 28 mai 2014. Crédit : Sylvie Harrison.