- Barza Wire - https://wire.farmradio.fm -

Tanzanie : Gagner un bon revenu avec le soja grâce à une agriculture sous contrat

Pour se rendre du centre du village de Lungo aux champs d’Elikuna Emanuel Kuamjama, il faut marcher longtemps sur un chemin poussiéreux. Les tiges de maïs de M. Kuamjama se tiennent hautes près de son champ de soja de trois acres. Cet homme de 49 ans cultive aussi du riz et du tournesol dans le district de Mvomero, dans la région de Morogoro, en Tanzanie.

Mr. Kuamjama parcourt ce long trajet pour aller jeter un coup d’œil sur son soja. Il espère obtenir une bonne récolte en fin juin. Comme lui et d’autres agriculteurs et agricultrices du village ont déjà négocié un prix pour leurs fèves, il sait que sa récolte lui permettra de faire un bon bénéfice.

Après la récolte, les agriculteurs et les agricultrices de Lungo entreposeront leur soja dans un bâtiment bleu situé au cœur du village. De là, le soja sera transporté chez Tanfeeds International qui a accepté de leur payer comme prix à la ferme 1 100 shillings tanzaniens (0,50 $US) par kilogramme.

Si les agriculteurs et les agricultrices organisent le transport qui dure trois heures jusqu’à Tanfeeds International, ils pourraient recevoir 1 200 shillings tanzaniens par kilogramme.

En commercialisant leurs fèves collectivement, les producteurs et les productrices jouissent d’un plus grand pouvoir de négociation.

soybean storage [1]

Après la récolte, les agriculteurs et les agricultrices de Lungo entreposeront leur soja dans un bâtiment bleu situé au cœur du village.

Il y a plusieurs années, le soja ne se vendait pas à bon prix. Les commerçant(e)s de Morogoro ne voulaient pas acheter chez les agriculteurs et les agricultrices, car le volume de leur production était trop maigre. En 2014, les commerçant(e)s voulaient 30 tonnes de soja, mais M. Kuamjama et ses voisin(e)s n’avaient que de dix tonnes.

Par conséquent, M. Kuamjama et les autres producteurs et productrices de soja ont payé pour transporter leur produit à Dar es Salaam, à 200 kilomètres. Ils ont obtenu un meilleur prix, mais il leur a fallu débourser plus pour les frais de transport.

Cette année, ils ont déjà passé un marché avant la période des récoltes.

Faustin Lekule est le directeur général de Tanfeeds International, une des entreprises tanzaniennes qui transforme le soja. L’entreprise utilise le soja, ainsi que le maïs et la farine de poisson pour fabriquer des aliments pour les poules, les poissons, les porcs et d’autres animaux. Elle produit également de l’huile de soja destinée à la consommation humaine. Les aliments pour animaux et l’huile sont tous les deux de bonnes sources de protéines.

Mr. Lekule explique que la société achète 300 à 400 tonnes de soja chaque année pour produire environ 2 000 tonnes d’aliments pour animaux.

Il négocie avec les associations paysannes de Turiami, Songea, Mikumi, Njombe et d’autres localités du sud de la Tanzanie. Ils conviennent d’un prix, de la période d’achat, de l’emballage, du mode de paiement et du calendrier de paiement. M. Lekule affirme qu’ils discutent également de la qualité du produit, y compris la quantité acceptable de brisures et d’impuretés.

Mr. Lekule soutient ne pas aimer acheter chez les commerçant(e)s individuels, car leurs produits contiennent souvent plus d’impuretés telles que de la terre mélangée aux fèves. La terre endommage les machines de transformation. Par conséquent, il discute avec les associations paysannes.

Mr. Lekule [2]

Faustin Lekule, Tanfeeds International.

Mr. Kuamjama se réjouit du prix qu’il recevra pour son soja. Il s’attend à récolter 10 sacs de 100 kilogrammes chacun. Il espérait en récolter 18, mais a perdu ses plants en raison d’une maladie.

Ramadhani Athimani est agent de vulgarisation agricole chez Women and Poverty Alleviation in Tanzania, une ONG qui appuie les producteurs et les productrices de soja de Morogoro. Pour lui, l’association paysanne de Lungo recevra un bon prix pour ses produits. En effet, son prix est supérieur à celui négocié par les autres associations paysannes. Il affirme que cela est dû au « type de responsables qu’on les associations paysannes. » Contrairement aux producteurs et aux productrices de Njombe, dans le sud-ouest de Tanzanie, les membres de l’association de Lungo n’ont cédé que lorsqu’ils ont obtenu un prix plus élevé. En passant un marché, ils savent qu’ils peuvent obtenir un bon revenu, et ce, même avant d’avoir récolté.

Pour des agriculteurs et des agricultrices comme Hidya Muhidini Kipila, cela signifie avoir l’esprit tranquille. Mme Kipila cultive une acre de soja. Elle a commencé en 2013, lorsqu’elle s’est rendu compte de l’importance que pouvait avoir le soja en tant que culture commerciale. Elle affirme que les bonnes conditions météorologiques ont été bonnes cette année, après la mauvaise saison pluvieuse de l’an dernier.

Elle espère récolter au moins six sacs de 100 kilogrammes, et pourra ainsi avoir un bon revenu, dont elle se servira pour acheter de la nourriture, subvenir aux besoins de sa famille et payer les frais de scolarité de ses cinq enfants.

Le présent article a été réalisé grâce à une subvention du Centre de recherche pour le développement international, à Ottawa, au Canada, www.idrc.ca [3], ainsi qu’au soutien financier du gouvernement du Canada, octroyé par l’entremise d’Affaires mondiales Canada, www.international.gc.ca [4].

Photo : Elikuna Emanuel Kuamjama montrant son soja.