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Tanzanie : Des communautés préservent les arbres et les forêts en plantant des espèces locales

Il est midi à Chanjale, un village de la région du Kilimandjaro, au nord de la Tanzanie. Des vaches meuglent, des chiens aboient et des oiseaux gazouillent. Le brouillard est si épais qu’il est difficile de voir à plus de 10 mètres dans n’importe quelle direction.

Mariana Gaspar, une ancienne enseignante d’école primaire, est occupée à rassembler des semis d’arbre. Elle déclare : « J’enseignais, mais, maintenant, je me considère comme une gérante de pépinière. Dans notre village, nous nous sommes mis d’accord pour planter des arbres afin d’améliorer nos forêts naturelles. Nous croyons que cela permettra de réguler la configuration des pluies et de conserver les sols. »

Selon madame Gaspar, les conditions climatiques de son village et des régions avoisinantes sont bien différentes de celles du siècle dernier lorsqu’il y avait des brouillards plus épais et de la rosée matinale. Aujourd’hui, tout cela a disparu.

Elle explique : « À cause du changement climatique, maintenant, il n’y a plus de rosée, plus de pluie, la terre est presque aride, et le sol est pauvre. Le rendement des cultures baisse chaque année. Donc, notre village a décidé d’intensifier le reboisement pour améliorer la situation. »

À cause du climat rude, il est difficile pour les agriculteurs et les agricultrices comme madame Gaspar de cultiver des denrées comme les variétés locales de citrouille, de canne à sucre, de légumes et d’herbes amères ou de faire de l’élevage. Pour réduire l’impact du changement climatique, madame Gaspar plante des espèces d’arbres locales.

Elle déclare : « Les autorités nous ont conseillé de planter plus d’arbres pour rafraîchir les températures, favoriser les pluies et sauvegarder notre environnement. »

Madame Gaspar affirme que ce ne sont pas toutes les espèces d’arbres qui sont bonnes pour la sauvegarde de l’environnement. Elle explique : « J’évite les arbres comme l’eucalyptus et d’autres qui n’aident pas à conserver l’eau et l’environnement. Je plante plante le mkuyu (Ficus benghalensis), le mvumo ou figuier-étrangleur (Ficus aurea) et le mlama (Combretum molle), car ce sont de bonnes espèces pour protéger les ressources en eau souterraine et préserver les rivières en bon état. »

À ses dires, le mkuyu est l’un des arbres que les communautés locales suivent généralement lorsqu’elles décident de creuser un trou, car il a les capacités de retenir l’eau dans le sol.

Madame Gaspar explique : « Cet arbre entretient les sources et les puits parce qu’il possède des racines pivotantes et des racines latérales qui s’étendent loin et qui retiennent le sol humide et préserve l’humidité après la pluie. »

Selon madame Gaspar, les branches du mlama et du figuier-étrangleur, sont plus longues, plus épaisses et plus larges que celles de la majorité des espèces d’arbres. En outre, leurs feuilles créent aussi un couvert végétal et permettent à l’eau de pluie de s’infiltrer lentement dans le sol sans provoquer d’érosion.

Elle déclare : « Ces arbres aident les sols à devenir humides, contrairement aux eucalyptus qui ne forment pas de voute. »

Leopold Mwakera, l’ancien chef du village, raconte que les arbres comme le mringaringa ou le teck du Soudan (Cordia africana) ont des feuilles larges qui rendent le sol plus fertile lorsqu’elles se décomposent.

Le mseseve (Rauvolfia caffra) est un arbre qui a des propriétés médicinales et qui pousse bien au bord des rivières et des ruisseaux. Il renforce également la fertilité des sols lorsque ses nombreuses feuilles larges se décomposent.

Isaac Amani Massawe est l’archevêque de l’archidiocèse catholique d’Arusha. Selon lui, la plantation de certaines espèces d’arbres locales peut aider les agriculteurs et les agricultrices à sauvegarder l’environnement.

Il explique : « Quand j’étais à l’école, j’ai appris à connaître les espèces d’arbres et leur importance pour l’environnement. Au cours de ce processus, j’ai découvert les espèces de plantes qui peuvent faciliter la conservation de l’eau et des sols. Ce sont ces arbres que les communautés devraient planter. »

Le Dr Felician Kilaham est l’ancien directeur du département des forêts et de l’apiculture du ministère des Ressources naturelles et du Tourisme. À ses dires, la plantation et la protection des arbres ont plusieurs avantages, et les habitants des régions disposant de forêts naturelles où l’on trouve des espèces locales doivent apprendre comment les conserver.

Le Dr Kilahama affirme que certaines zones forestières où les apiculteurs et les apicultrices recueillent du miel souffrent beaucoup quand les gens coupent les arbres ou brûlent accidentellement la forêt lorsqu’ils utilisent la fumée pour récolter le miel.

Il déclare : « Il est essentiel d’introduire des espèces d’abeilles sans aiguillon et de montrer aux communautés comment les élever et utiliser leur miel sans perturber l’environnement pour préserver les arbres et les forêts, car les arbres jouent un rôle important dans la préservation du climat et de l’environnement. »

Photo : Ficus benghalensis dans les jardins botaniques de KwaZulu-Natal en Afrique du Sud. Crédit : Bernard Dupont.