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Tanzanie : Des agricultrices déclarent « Oui, nous pouvons » aux patates douces à chair orange

Frida Hussain marche en compagnie d’autres membres de son groupement agricole tandis qu’ils se rapprochent de leur parcelle témoin d’un quart d’hectare. Des feuilles séchées de bananier craquent sous les pieds des agricultrices et des agriculteurs et les moustiques bourdonnent au-dessus d’un ruisseau situé à côté. Les 25 femmes et les cinq hommes se fraient un chemin à travers les bananiers espacés de façon uniforme pour se rendre derrière le jardin, tout en évitant soigneusement les plants de niébé poussant entre les bananiers.

Mme Hussain est la présidente du groupement Tunaweza (« Oui, nous pouvons. »). Le groupement agricole est basé à Rundugai, un village situé à 50 kilomètres au sud du mont Kilimandjaro. Tous les jeudis, les membres du groupement marchent une heure pour se rendre à leur parcelle témoin. Ils se préparent pour leur deuxième plantation de patates douces à chair orange (PDCO).

L’agricultrice de 50 ans et son mari possèdent une terre d’un peu plus un hectare. Il y a à peine trois ans, ils ne savaient pas que la PDCO avait une forte teneur en vitamine A. Mme Hussain avait l’habitude d’acheter des vitamines pour ses huit enfants dans une pharmacie de la place. En 2013, le groupement Tunaweza a reçu les boutures nécessaires pour la plantation de la PDCO. Le couple a appris à cultiver cette plante nutritive par les soins du groupement agricole.

Mme Hussain affirme que la PDCO permet de combler les carences en vitamine A et génère un revenu. Ses nutriments sont particulièrement importants pour les femmes enceintes, les enfants et les personnes âgées.

Elle déclare : « Je connais l’utilité et les bienfaits nutritionnels des patates douces à chair orange. Maintenant, j’en consomme à la maison, et mes enfants [en mangent aussi]. »

Lors des rencontres hebdomadaires, les membres de Tunaweza discutent des techniques récentes de la culture de PDCO auxquelles les initie leur agent(e). Puis, ils les mettent en pratique.

Les agricultrices et les agriculteurs savent que ce produit agricole riche en vitamine A est bon pour la santé de leurs familles. Même s’ils vendent leurs produits sur les marchés fermiers locaux, les agricultrices et les agriculteurs ne sont toujours pas sûrs que cette culture améliorera leurs revenus familiaux.

Mme Hussain vend aussi bien les patates douces traditionnelles que les patates douces à chair orange au marché. Elle vend les deux variétés au même prix. Pour l’instant, de nombreux client(e)s ne comprennent pas la différence entre les patates douces traditionnelles et les PDCO.

Esther Mwangabula est la relationniste de presse de Radios Rurales Internationales. Elle s’est aperçue du rôle qu’à jouer la radio en encourageant les acheteuses et les acheteurs du district de Mkuranga, situé à 60 kilomètres au sud de Dar es Salaam, à dépenser davantage pour les patates douces à chair orange nourrissantes.

Mme Mwangabula déclare : « Il n’y avait aucun marché pour la PDCO, car les gens ne s’y connaissaient pas vraiment. Mais après que Radio Maria a commencé à diffuser des informations [sur la PDCO], et expliquer comment elle était riche en vitamine et bonne pour la santé, les gens ont voulu en acheter. »

Mme Mwangabula est surprise de voir les agricultrices et les agriculteurs utiliser la PDCO pour faire de la farine, la bouillie, des crêpes et des frites. Elle raconte : « Ils peuvent presque tout faire avec ça! »

Mwanaidi Hatibu cultive des PDCO sur sa ferme de 20 hectares. Elle est très optimiste par rapport au potentiel du marché de la PDCO. Mme Hatibu déclare : « C’est une bonne denrée et c’est bon pour les affaires. Les client(e)s aiment ça vraiment. »

Mme Hatibu aime faire des expériences dans sa cuisine. Elle essaie toujours de nouvelles recettes avec la PDCO. Elle va au-delà de la technique habituelle qui consiste à peler et à faire bouillir les PDCO avant de les mélanger à du haricot, de la noix de coco et du lait frais. Le sourire aux lèvres, Mme Hatibu déclare : « Voulez-vous connaître toutes les manières dont nous apprêtons les patates douces? »

De retour dans les contreforts du mont Kilimandjaro, Mme Hussain n’avait jamais songé à préparer et à transformer les patates douces auparavant. Désormais, elle désire tester de nouveaux mets à base de PDCO pour sa propre consommation et celle de sa famille. Elle explique : « Nous avons suivi des formations et des séminaires, mais je veux en savoir davantage. »

Toutefois, elle se réjouit du fait que la PDCO garantisse la santé de sa famille, tout en l’aidant dans ses finances!