Somaliland: Une sage-femme met les droits des femmes au premier plan, dans son hôpital (Trust)

| décembre 9, 2013

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Alors qu’elle fait le tour des salles de l’hôpital qu’elle a fondé dans le Somaliland, Edna Adan Ismail tient la main d’une adolescente sur le point de subir une opération. Elle l’encourage à être brave.

C’est une approche qu’elle doit beaucoup à l’influence de son père, le Dr Adan Ismail. Il avait pour habitude de demander à sa fille, maintenant âgée de 76 ans, de laver les forceps et de faire des bandages en utilisant des vieux draps, quand elle était jeune fille.

Mme Adan dit que son père lui a appris à avoir de la compassion et à être généreuse. Elle ajoute: « Il m’a enseigné la valeur des soins aux malades. Une de ses phrases favorites était ‘Si tu ne peux pas le faire avec ton cœur, tes mains n’y arriveront jamais.’ »

En 1950, son père a été appelé à aller travailler dans un camp de secours pour des personnes affectées par une sécheresse sévère surnommée « Saison des vents rouges ». Il a laissé des notes pour sa fille, alors âgée de 12 ans, lui demandant de s’assurer que les patients reçoivent leurs médicaments ou qu’on leur retire leurs sutures.

Mme Adan dit: « Je ne savais pas du tout à quoi ces médicaments servaient mais j’étais la fille du patron, alors j’allais simplement voir la personne responsable de l’hôpital, qui qu’elle fût, et je disais ‘au fait, Papa voulait que vous enleviez ceci. »

Et elle a fait le serment, un jour, de construire le genre d’hôpital que son père aurait souhaité avoir.

L’Hôpital universitaire Edna Adan a ouvert ses portes pour la première fois en 2002. Les patients venaient d’aussi loin que Mogadiscio, plus de 800 kilomètres au sud, et de l’Éthiopie voisine, pour se faire traiter dans un établissement bien équipé. Mme Adan et son équipe médicale ont vu naître plus de 14 000 bébés et on traité plus de 140 000 patients pour des problèmes allant de la dysenterie au diabète.

Mme Adan dit que ça avait été le rêve de toute une vie d’ouvrir un hôpital dans son Somaliland natal. Ce désir est devenu plus fort quand elle a vu comment la guerre civile avait ravagé le système de santé dans le territoire qui a déclaré son indépendance vis-à-vis de la Somalie en 1991.

Elle vit à l’hôpital dans un modeste appartement et partage les repas avec son personnel. Durant une pause, elle se souvient: « Les sages-femmes et les infirmières qui avaient été formées au Somaliland ou en Somalie avant la guerre avaient fui ou étaient décédées. »

Un des facteurs du succès relatif du Somaliland a été la détermination de son hôpital à former une génération de sages-femmes. Les experts attribuent l’essentiel du mérite à Mme Adan concernant le faible taux de mortalité maternel, qui représente le quart de celui de la Somalie, où une femme sur 12 meurt durant l’accouchement et un bébé sur huit peut mourir avant l’âge de cinq ans.

En Afrique, moins de 50 pour cent des naissances sont supervisées par un travailleur de la santé qualifié, ce qui contribue au nombre élevé de femmes qui meurent suite à un accouchement. Mais en l’espace de quelques années, Mme Adan a formé 300 sages-femmes, et les a envoyées aider des femmes à accoucher de façon sécuritaire dans les coins les plus reculés du pays. Les dépenses ont en grande partie été couvertes avec son propre argent.

Elle dit: « Ce que je veux laisser à mon peuple, c’est n’est pas seulement un bâtiment, pas seulement quatre murs et des briques et des lits. Je veux laisser des gens formés, qui ont de la compassion et qui sont aussi passionnés que moi par ce qu’ils font. »