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Somalie: Les agriculteurs et les éleveurs qui fuient la sécheresse ont besoin de solutions à court et à long terme (VOA, BBC, Al-Jazeera, The Guardian)

Nur Kaltun est une femme âgée somalienne. Elle a fuit l’ouest de la Somalie pour chercher de l’aide à Mogadiscio. Mme Nur dit: « Nous avons enduré la faim et nous avons attendu la saison des pluies. Notre bétail est mort et nous avions une ferme. Nous avons été contraints de la vendre afin de pouvoir nous rendre à Mogadiscio. À ce moment-là, nous mangions de l’herbe. »

Mme Nur n’est pas la seule à fuir sa région. Fardosa Farah dit qu’elle a marché pendant 25 jours pour se rendre au camp de réfugiés de Dadaab au Kenya voisin. Elle explique: « Cette sécheresse a anéanti tout ce qu’on avait. S’il y a quelqu’un prêt à y rester [en Somalie], alors je pense que c’est du suicide. »

Alors que certains marchaient, d’autres ont fait le voyage dans un camion surpeuplé. Ibrahim Mohamed Hussain, par exemple, a ainsi voyagé avec ses deux épouses et ses neuf enfants. M. Ibrahim a perdu ses 40 vaches à cause de la sécheresse. Il dit qu’il n’avait pas d’autre choix que de partir. Il a vendu son seul chameau pour financer le voyage vers la frontière kenyane.

C’est la situation vécue par des dizaines de milliers de Somaliens qui ont tout laissé pour chercher de l’aide à Mogadiscio et dans les camps de réfugiés, au Kenya et en Éthiopie. La sécheresse a été décrite par les Nations Unies comme la pire qu’a connue la Corne de l’Afrique en six décennies.

L’aide commence lentement à atteindre les régions affectées par la sécheresse et la guerre en Somalie. Le 13 juillet dernier, une porte-parole de l’UNICEF a confirmé qu’une cargaison qui comprenait « des médicaments, des aliments et de l’eau » avait été envoyée par avion dans la ville de Baidoa. L’aide est destinée aux enfants somaliens souffrant de malnutrition sévère, selon l’agence de nouvelles Voice of America.

Plus tôt ce mois-ci, le groupe islamiste al-Shabab a déclaré qu’il accepterait le retour des groupes humanitaires dans les zones qu’il contrôle. En 2009, l’UNICEF avait suspendu ses livraisons aériennes d’aide à cause des menaces proférées par ce groupe. Le Programme Alimentaire Mondial s’est également retiré en 2010, mais cherche maintenant à retourner dans le sud de la Somalie, contrôlé par al-Shabab.

Alors que l’aide immédiate est plus que nécessaire, il faudra en faire d’avantage. Nigel Harris est le PDG de l’ONG Farm-Africa. Il dit que les secours d’urgence à court terme doivent être fournis conjointement avec des stratégies à long terme qui permettraient aux gens de la région de faire face à la sécheresse et aux mauvaises récoltes.

Le changement climatique de ces dernières années a pour conséquence que les agriculteurs d’Afrique sont de moins en moins capables de prédire quand ou si la saison des pluies va commencer. M. Harris a dit que les agriculteurs devaient être soutenus pour s’adapter à un environnement instable.

Par exemple, Farm-Africa travaille actuellement avec les communautés du Kenya. L’ONG conseille les agriculteurs concernant les cultures à planter, et elle les encourage à éviter le maïs. Le maïs ne pousse pas bien avec trop ou trop peu d’eau. On conseille plutôt aux agriculteurs de cultiver le mil, le sorgho ou le pois d’angole, qui sont plus résistants dans les climats secs.

En Éthiopie, Farm-Africa a introduit l’irrigation au goutte à goutte pour s’assurer que l’eau soit mieux dirigée vers la racine de la plante, afin d’éviter le gaspillage d’eau.

Des solutions politiques sont également nécessaires pour améliorer la vie des agriculteurs et des éleveurs, en particulier en Somalie. Les combats en cours réduisent la capacité des Somaliens de faire face à la sécheresse. Paul O’Brien travaille en Somalie depuis 25 ans et il est le directeur outre-mer de Concern Worldwide. Il dit: « Là où il y a conflit, on n’a pas de communautés stables. »

Concern Worldwide fait des transferts d’argent de 50 à 100 dollars pour ceux qui sont dans le besoin. Selon M. O’Brien, ce n’est pas l’absence de nourriture qui est problématique, mais plutôt l’accès à la nourriture. C’est souvent le cas lors de graves pénuries alimentaires. De nombreuses personnes, dans les régions arides touchées par la sécheresse, ont vu leurs animaux mourir par manque d’eau. Les éleveurs comme M. Ibrahim et sa famille, qui ont fui vers le Kenya, étaient donc incapables de vendre leurs animaux lorsque la situation s’est aggravée.

Mais il ne s’agit pas seulement de la combinaison du changement climatique, de mauvaises récoltes consécutives, de l’augmentation des prix des denrées alimentaires et de conflits qui affectent les agriculteurs et les éleveurs si lourdement. Claire Hancock est agente de projet de gestion des catastrophes pour l’Afrique de l’Est et du centre, au sein de l’ONG Tearfund. Elle dit que, pour voir une amélioration réelle de la situation à plus long terme, des questions telles que l’accès aux marchés, l’érosion des sols, et l’accès à la terre doivent être abordées.