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Sénégal : Une femme entrepreneure fabrique des réservoirs de stockage améliorés avec des déchets plastiques

Quand N’déye Marie Aïda Ndiéguène est devenue ingénieure civile, elle rêvait des solutions concrètes.

En 2016, ce rêve s’est réalisé lorsqu’elle créa Ecobuilders MS, une entreprise de construction spécialisée dans l’utilisation des déchets plastiques pour fabriquer des réservoirs de stockage.

Grâce à l’organisation Enactus, madame Ndiéguène a connu la campagne sénégalaise, où elle a découvert les nombreux problèmes que vivent les agriculteurs et les agricultrices. Un de ces problèmes est récurrent : c’est la problématique de la conservation. »

Elle déclare : « Dans la chaîne de valeur agricole, on pousse les agriculteurs à produire… Mais pour l’après-production, il n’y a aucun dispositif assurer que les récoltes sont conservées le plus longtemps possible, » dit-a-elle.

Madame Ndiéguène a remarqué que les agriculteurs et les agricultrices produisent généralement assez, et même parfois de façon excédentaire. Cependant, sans un système d’entreposage efficace, la majorité perd une partie de leurs récoltes.

Malheureusement, ce problème de surabondance s’applique aussi aux déchets plastiques.

Partout au Sénégal, et en particulier dans les grandes villes, on trouve d’énormes quantités de déchets plastiques, une situation qui, selon madame Ndiéguène, est une tragédie écologique. Ces plastiques présentent de nombreux risques pour les centres urbains où, parfois, ils sont brûlés et peuvent devenir un terreau fertile pour les moustiques.

À l’intersection des problèmes de manque de dispositifs d’entreposage et de déchets plastiques, madame Ndiéguène a trouvé sa mission : améliorer les systèmes de conservation des récoltes au moyen de déchets non bio dégradables seulement.

Ecobuilders MS recycle des pneus, des bouteilles et des sachets en plastiques abandonnés afin de fabriquer des réservoirs de stockage qui permettent de conserver les cultures de rente sans électricité.

Elle affirme que ces réservoirs conservent efficacement les produits, car ils sont faits en partie de terre.

Le plancher et les murs des réservoirs sont constitués de pneus empilés, remplis chacun de terre, et placés chacun dans un sac en plastique et disposés comme des briques. Des bouteilles en plastique assemblent les pneus comme le mortier consolide les briques. La structure entière est enrobée de terre pour créer le microclimat frais nécessaire pour la conservation des produits agricoles entreposés à l’intérieur.

Madame Ndiéguène explique comment le réservoir de stockage fonctionne en citant l’exemple du sable lorsqu’il fait chaud. Lorsqu’on met le doigt dans le sable, c’est plus frais en dessous qu’à la surface. C’est le même principe qui explique la capacité exceptionnelle des réservoirs de stockage à protéger les denrées alimentaires.

Au fil de temps, il devint clair que la capacité des réservoirs à conserver les cultures était incroyable. Les oignons peuvent se conserver dans une pièce froide sombre pendant moins d’un mois, et les pommes de terre juste deux semaines. Mais les réservoirs de stockage de madame Ndiéguène permettent de les conserver pendant six à trois mois respectivement.

Outre la conservation des produits agricoles, le travail de madame Ndiéguène révèle les possibilités de valorisation des déchets plastiques. Il montre également aux agriculteurs et aux agricultrices que « le recyclage … ne concerne pas seulement les populations urbaines. Au contraire, cela peut être un avantage pour les agriculteurs. »

Les spécifications de la construction d’un réservoir dépendent de la taille, mais pour construire un réservoir de 60 mètres carrés, Ecobuilders Ms utilise plus que 3 000 pneus et des milliers de bouteilles et de sacs en plastique.

L’activité de madame Ndiéguène se développe. Pour chaque projet, Ecobuilders Ms recrute des membres de la communauté locale et leur fournit toute la formation nécessaire.

Pour les producteurs et les productrices désireux de construire leur propre réservoir de stockage, madame Ndiéguène recommande l’utilisation de matériaux locaux accessibles. Elle ajoute : « Ce qui est important dans la méthode … c’est l’adaptabilité. Ce qu’il faut faire, c’est … d’adapter le modèle en fonction des matériaux qui sont disponibles dans la zone. »