Sénégal: Tirer profit du cajou (IRIN)

| août 20, 2012

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Ismaila Diémé est cultivateur de cajou dans la région de la Casamance, au Sénégal. Comme tous les cultivateurs de cajou, il fait sa récolte une fois par an. Il essaye ensuite d’obtenir le meilleur prix possible. Sa sécurité économique dépend de ses ventes.

M. Diémé a récolté sept tonnes de cajou en 2011. Il dit: « Logiquement, les revenus générés par la vente de ces noix m’auraient permis de tenir toute l’année, mais à cause des bas prix, je n’y suis pas arrivé. Tous les cultivateurs de la région sont dans la même situation. »

Cette année, les cultivateurs de cajou de la Casamance travaillent ensemble pour tenter d’avoir plus d’influence sur le prix de leur produit. M. Diémé dit: « Nous sommes en train de nous organiser -nous pensons que nous pouvons résoudre ce problème. »

Les produits de cajou sont les denrées les plus exportées de la Casamance et le pilier de l’économie, dans la région. Seul le tourisme rapporte plus d’argent. Mais malgré la valeur de la production de cajou, les agriculteurs doivent se battre pour s’en sortir.

Les intermédiaires -généralement originaires de l’Inde- achètent les noix de cajou brutes pour les exporter. Ils s’en tirent habituellement avec les plus gros profits. Ndecky Francis est un porte-parole des producteurs du District Adeane, en Casamance.  Il explique que le dilemme des agriculteurs se produit au moment de la récolte: « Notre cajou pourrit dans nos mains si nous n’acceptons pas le prix que l’intermédiaire nous donne… Nous sommes forcés à céder nos produits, quel que soit le prix, parce que nous avons une famille à nourrir, et devons assurer les soins et l’éducation de nos enfants. »

Mamadou Dabo est analyste des chaînes de valeur et de qualité à USAID, l’Agence des États-Unis pour le développement international, à Dakar, la capitale du Sénégal. Il exhorte les agriculteurs à négocier un contrat mutuellement bénéfique avec les exportateurs, avant la récolte. En travaillant ensemble, les agriculteurs peuvent exercer une plus grande influence dans le cadre de la négociation de contrats.

La Chambre de Commerce de Ziguinchor, la capitale de la région de la Casamance, collabore avec les producteurs. Avec l’aide de l’Agence Française de Développement, elle aide les producteurs de cajou à mieux s’organiser, et essaye de mettre en place un fonds pour acheter le cajou afin de le revendre aux exportateurs et aux transformateurs locaux.

Une autre façon pour les agriculteurs de valoriser leur cajou est de faire la transformation des noix, plutôt que de les vendre brutes. La transformation implique la séparation du fruit de l’amande, puis le séchage des noix. Les noix transformées ont un prix bien plus élevé. En ce moment, quelques 95 pour cent du cajou de la Casamance sont exportés sous forme brute.

Il n’y a que quelques coopératives qui transforment les noix à la main, au Sénégal. Celles-ci incluent une coopérative de femmes de Thiès, à 60 kilomètres de Dakar, et un groupe de Sokone, près de la côte. D’après l’Alliance Africaine du Cajou, la transformation à l’échelle industrielle signifierait plus d’emplois et de meilleurs prix pour les producteurs.

Les producteurs particuliers commencent à réclamer ouvertement des prix décents. M. Diémé planifie vendre son cajou à pas moins de 500 francs CFA le kilogramme (environ 92 centimes américains), en 2013 – la limite supérieure du taux courant de cette année. Il explique: « Sinon, je n’aurai qu’à continuer de céder mes produits pendant que les autres profitent de mon dur labeur. »