Sénégal : Les Dakaroises transforment l’eau des inondations en plantes (Trust)

| mars 16, 2015

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Les villes côtières du Sénégal ne sont pas encore touchées par la montée du niveau de la mer. Toutefois, les inondations causées par les pluies fortes causent souvent des problèmes.

Mamadou N’Diaye est le chef d’un village de la localité. Il raconte : « Lorsqu’il [pleuvait], les gens d’ici [étaient] prisonniers de leurs maisons. » Jusqu’au démarrage du nouveau projet visant à retenir l’eau, les populations locales devaient gérer elles-mêmes les problèmes d’inondation. Les inondations emportaient leurs maisons, détruisaient leurs entreprises et augmentaient le risque de maladies hydriques, telles que le choléra et E.-coli.

Cependant, un nouveau projet capte désormais les eaux, et les transforme en source d’eau potable pour les habitant(e)s de Pikine, une banlieue surpeuplée et poussiéreuse de Dakar qui sèche pendant une grande partie de l’année.

Emilie Faye est une responsable communautaire locale qui travaille avec le projet « Vivre avec l’eau ». Elle pointe le doigt vers l’emplacement de son sofa pour montrer jusqu’à quel niveau les eaux de crue étaient montées dans le passé. Le mur et le plafond de sa maison sont décolorés et s’écaillent suite aux dégâts causés par l’eau.

Mme Faye explique : « Avant, on devait accepter que les maisons d’ici soient inondées. Mais le projet a ouvert nos yeux et nous a permis de voir qu’il existait une solution. »

Le projet capte les eaux de crue dans de grands bassins sablonneux. Les résident(e)s installés près des bassins gagnent de l’argent en produisant des cultures commerciales de menthe et de basilic.

Les bassins sont aménagés sur des terres basses où se trouvaient avant des écoles et des maisons. Des pluies particulièrement fortes ont inondé la région en 2009, détruisant des maisons et des bâtiments d’écoles. La région était devenue une fosse à ordures à ciel ouvert qui attirait les moustiques et les criminels. Maintenant qu’ils ont été recyclés, les basins offrent un cadre écologique plaisant, peuplé de plantes médicinales, de poissons et de hérons.

Une des régions les plus touchées a été le marché local qui était régulièrement submergé par les eaux de crue. Les marchand(e)s devaient fermer leurs boutiques, et les femmes ont perdu d’importantes sommes d’argent avec le poisson qu’elles n’étaient pas en mesure de vendre. Mais, maintenant, le marché dispose de canalisations d’évacuation installées dans la rue, qui acheminent les eaux de pluie vers les bassins.

Babacar N’Diaye travaille comme expert en construction auprès du projet « Vivre avec l’eau ». Il affirme que l’État a aidé les familles à se relocaliser, mais il n’avait pas réglé le problème principal, à savoir que les terres avoisinantes sont des marais situés en terrain bas et sujets aux inondations. De plus, les météorologues prévoient plus de précipitations abondantes cette année.

Edouard Diatta travaille en qualité de conseiller principal auprès de la firme d’architecture dans le cadre du projet. Il déclare : « Le résultat le plus important de ce projet n’est pas l’infrastructure nouvellement construite, mais plutôt la capacité des populations à s’organiser en groupe pour réussir l’impossible. »

C’est dans cet esprit que les membres de la communauté se sont réunis pour pallier certaines faiblesses observées au niveau des services locaux chargés de l’eau et de l’assainissement. Mme Faye et les autres responsables de la communauté essaient de convaincre les femmes de débarrasser leur eau des débris qui s’y trouvent avant de la déverser dans les nouveaux égouts construits dans les rues. Le projet encourage les habitant(e)s à se servir de bennes d’ordures au lieu de déverser les ordures dans les bassins. Plusieurs femmes ont également suivi une formation sur le jardinage biologique. D’autres s’organisent en groupes pour se préparer à réagir face aux catastrophes, telles que les inondations.

Mme Faye a déclaré que le projet avait déjà amélioré les conditions de vie de sa famille et elle. Elle et sa fille produisent des cultures commerciales dans les jardins aménagés autour des bassins. Elles gagnent chacune 22 $US par mois qu’elles utilisent pour payer les frais de scolarité et les fournitures médicales.

Pour lire l’article duquel provient cette histoire intitulée « Les Dakaroises créent des entreprises de production d’herbes grâce aux eaux de crue », cliquez sur : http://www.trust.org/item/20150306060028-owtoy/