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Sénégal : Des paysans pratiquent la multiplication des semences locales

Sidy Baldé est le seul producteur de semences de maïs de son village. Il est le chef du village de Saré Gueladjo, dans le département de Médinana Yoro Fula, à 11 kilomètres de Kolda, au sud du Sénégal. Il y a cinq ans, il a suivi une formation de la Sodefitex, la Société de développement et des fibres textiles sur la multiplication des semences. Il produit les semences pour les vendre. Son rôle consiste à s’assurer que les semences certifiées par les instituts de recherche agricole sont disponibles et à les revendre aux agriculteurs(trices).

Afin de reproduire une semence de qualité, il doit respecter certaines normes. Tout d’abord, monsieur Baldé doit respecter une distanciation minimale de 150 mètres entre son champ et le prochain afin de préserver la pureté génétique de ses semences et d’éviter toute contamination.

En plantant deux sacs de 25 kilogrammes de maïs, il peut récolter deux hectares de semences de bonne qualité. Il explique : « Avec la semence de base, chaque graine peut produire en retour deux à trois épis de maïs ». Les « semences de base » proviennent de semences produites par des personnes qui sélectionnent des végétaux, et elles préservent la pureté génétique et la nature de ces semences.

Les semences passent par plusieurs niveaux de multiplication avant d’arriver chez les consommateurs(trices). Les semences mères ou de prébase proviennent d’institutions de recherches agricoles du pays.

Elles sont transformées en semences de base par les multiplicateurs, et ensuite en d’autres générations de semences. Certains types de semences, par exemple les arachides, sont multipliées plus que d’autres avant d’être utilisées par les agriculteurs(trices).

Oumar Baldé est un agent de la SEDAB, une entreprise de distribution sahélienne en agrobusiness. Il explique qu’il existe plusieurs façons de produire des semences et que beaucoup de ces systèmes sont utilisés à Kolda et en Casamance. Il explique : « Il y a le système du repiquage, qui consiste à semer d’abord dans des pépinières. Au bout de 21 jours, voire 22, ces plantes sont enlevées et repiquées au champ. Il y a également le système du semis direct. Il consiste à semer directement dans le champ de production. Cela concerne les superficies d’un à cinq hectares. Et enfin, il y a enfin le système du semis à la volée. Ce système s’applique le plus souvent quand on a une très grande superficie, à savoir 10 hectares et plus. »

Monsieur Oumar Baldé soutient que le système du repiquage est plus rentable, car le rendement est plus élevé, mais il est approprié uniquement pour les petites superficies. Par exemple, 40 kilogrammes de semences de maïs peuvent donner un rendement moyen de trois tonnes, tandis qu’il faut le double de cette quantité pour le semis direct et le triple pour le semis à la volée. Cependant, le système de repiquage demande plus de main-d’œuvre et de labeur, et est, par conséquent, difficile à utiliser sur des superficies plus grandes.

Malgré leurs efforts, les producteurs(trices) de semences ont du mal à écouler leurs productions après les récoltes. Dans les normes, monsieur Sidi Baldé vend le kilogramme de semences de maïs à 1 000 FCFA (1,84 $ US). Mais faute de trouver une clientèle ayant ce pouvoir d’achat dans son village, il est obligé de les livrer à 500 ou 600 FCFA (un peu moins ou un peu plus d’un dollar américain, le kilogramme.

Les producteurs(trices) de semences doivent alors conserver leurs semences après les avoir récoltées. Mais la conservation des semences exige beaucoup de mesures spéciales. Le local doit être aéré, bien éclairé et éventuellement traité pour tuer les ravageurs et les organismes pathogènes. Ce qui pose un problème à monsieur Sidy Baldé qui ne dispose d’aucun grenier. Il explique : « Je suis obligé de louer pour deux mois un espace où garder mes semences. La location me revient à 30 000 FCFA (55 $ US) le mois. Je loue également une machine pour décortiquer le maïs afin d’éviter tout risque d’endommager la graine. »

La présente nouvelle a été produite grâce au soutien financier de la Coopération belge pour le développement, Enabel, et le programme Wehubit.