Kolda est une zone agropastorale avec une bonne pluviométrie au sud du Sénégal. Ici, une activité agricole soutien une autre. Par exemple : la bouse des bovins et la fiente des volailles ont une valeur inestimable pour les cultivateurs(rices). Les agriculteurs(rices) fertilisent leurs sols à base de fumier composté fabriqué à partir des déchets d’animaux. Le fumier composté est bio, car entièrement composé de matières organiques.
Souleymane Diao habite à Vélingara, une des communes de la Casamance, et est agriculteur depuis 20 ans. Il cultive du coton, de l’arachide, du manioc et du sorgho sur ses six hectares de terres. Pour booster ses récoltes, monsieur Diao fabrique de l’engrais bio.
Il prépare du fumier à partir d’un mélange de paille, de bouse de vache et d’eau. Monsieur Diao a aménagé un espace de quatre mètres carrés pour faire le fumier. Premièrement, il ajoute une couche de cinq centimètres de paille et de bouse de vache, puis ajoute 200 litres d’eau et piétine les matériaux jusqu’à ce qu’ils soient bien mélangés et compacts.
Il ajoute ensuite la même quantité de paille, de bouse et d’eau et mélange. Il répète le même procédé jusqu’à obtenir un tas d’un mètre. Alors, il couvre le tas avec une bâche qu’il fixe à l’aide de grosses pierres. Il laisse pourrir son mélange. Il est bon de remuer occasionnellement le tas jusqu’à ce qu’il soit prêt à être utilisé.
Monsieur Diao explique : « A partir d’un mois, le mélange pourrit et se transforme en engrais naturel. Il peut durer jusqu’à huit mois. Avec cette quantité, je peux fertiliser un demi-hectare de terre. »
Monsieur Diao utilise également une autre méthode pour fertiliser ses sols appelée « le parcage ». Pendant la saison sèche, il aménage un espace d’un hectare qu’il clôture. Il laisse entre huit et dix vaches y passer la nuit tous les jours et ces animaux y défèquent.
Il explique : « Dans ce cas, on ne met pas d’herbe parce qu’elles sont sur place. On n’arrose pas non plus. C’est l’urine des vaches qui remplace l’eau. Et en se déplaçant, les animaux mélangent naturellement la bouse et l’herbe avec leurs pattes. Après plusieurs mois, l’espace est fertilisé et on y cultive directement. »
Penda Traoré a un champ de légumes dans le village de Dianabo, à sept kilomètres de Kolda. Comme madame Traoré utilise du compost biologique comme engrais, ses oignons, poivrons, piments, choux, gombos et autres légumes sont très prisés dans la zone. Comme monsieur Diao, elle utilise la bouse d’animaux. Cependant, elle a une autre façon de faire son compost.
Elle explique : « Dans mon champ, il y a un bassin d’eau qui marche grâce à un panneau solaire. Je creuse un trou assez grand devant le bassin. Je remplis le trou avec des rejets de vaches, de moutons, de chèvres et de poules locales. Je mélange le tout avant d’y ajouter une couche de cendre. Je couvre la cendre avec des feuilles de l’arbre à soie (également appelé pomme de Sodome). Enfin, je couvre le trou avec de la paille. Et je commence l’arrosage. »
Madame Traoré arrose son mélange le matin et le soir. Tous les trois jours, elle soulève la paille pour pétrir son mélange. Elle explique : « Au fil du temps, le mélange devient de plus en plus chaud. Et au bout d’un mois, il est comme une fournaise. »Ça indique que c’est prêt pour être utilisé. Lorsque le compost refroidit, il peut être utilisé.
Alpha Kane est un ingénieur agricole à la SODEFITEX qui fait la promotion du développement du secteur du coton au Sénégal, particulièrement dans cette région du pays. Il affirme qu’un des avantages de cette méthode de fabrication de l’engrais composté biologique, c’est qu’avec une bonne dose, un(e) agriculteur(rice) peut fertiliser un champ pendant trois années. Cependant, il/elle doit appliquer au moins deux tonnes de fumier composté par hectare, mais l’engrais ne durera pas aussi longtemps que le sol sera dégradé et infertile.
Toutefois, monsieur Kane confie que le processus de fabrication de fumier composté demande beaucoup de travail ce qui fait qu’il est plus adapté pour les agriculteurs(rices) d’exploitation familiale. Si un(e) agriculteur(rice) possède plus de 10 hectares, le volume de travail et la quantité de bouse nécessaire pourraient être élevés.
Le plus grand avantage pour les agriculteurs, ce sont peut-être les coûts. Monsieur Diao est éleveur et cultive des denrées, alors, il ne dépense rien pour ce fumier. Ce sont ses vaches et bovins qui produisent tout ce dont il a besoin.
Pour Madame Traoré, non seulement cet engrais est moins cher, mais le gain est plus grand. Il lui arrive parfois d’acheter les sacs de fientes de poule, mais à un prix dérisoire, environ 500 FCFA (0,90 $ US) le sac. Elle peut récolter ses légumes rapidement, et les hôtels de la place achètent ses légumes, car ils préfèrent les produits bio. Donc, elle dit qu’elle ne voit que des avantages dans l’utilisation du fumier composté comme engrais.
La présente nouvelle a été produite grâce au soutien financier de la Coopération belge pour le développement, Enabel, et du programme Wehubit.