Sahel: Lutter contre la malnutrition par le biais de la sécurité alimentaire locale et les initiatives de gestion de l’eau (IRIN, RFI, Reuters, BBC, ICRISAT)

| août 2, 2010

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Près de la moitié de la population du Niger souffre de malnutrition. En moyenne, 6000 enfants sont inscrits dans des centres d’alimentation thérapeutique chaque semaine, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires. À travers le Sahel, des organismes d’aide humanitaire fournissent des secours d’urgence. Ils font également la promotion de la sécurité alimentaire, ainsi que des initiatives relatives à l’eau et à la nutrition dans la région.

Au Burkina Faso, les travailleurs de la santé ont formé des femmes sur la valeur nutritionnelle des aliments locaux. Blandine Koné est sage-femme et formatrice en nutrition au sein d’une ONG appelée Eau Vive.

À Gorom-Gorom, dans le nord du Burkina Faso, elle montre aux femmes locales comment préparer de la bouillie enrichie avec des produits locaux comme le tamarin, le soumbala (un haricot local), du poisson et des fruits du baobab.

Les femmes formées, à leur tour, enseignent ce qu’elles ont appris aux autres villageoises.

Les communautés qui connaissent la valeur nutritionnelle des aliments locaux, et qui peuvent les conserver et les utiliser, sont beaucoup moins vulnérables.

Juste Hermann Nansi est le directeur national de l’ONG Eau Vive, au Burkina Faso. Il estime que la promotion des aliments locaux est un moyen de lutter contre la dépendance. « La région du Sahel est régulièrement confrontée à la sécheresse, aux pénuries d’eau et à la malnutrition, et cela s’est traduit presque perpétuellement en aide extérieure. Il s’agit de la mentalité des gens », déclare Nansi. « Si notre approche se révèle efficace, les gens auront moins besoin de l’aide extérieure pour lutter contre la malnutrition ».

Au Sahel, le manque d’eau affecte l’agriculture, l’hygiène et la nutrition. Le manque d’eau est causé par le climat ainsi que par la médiocrité des infrastructures. L’irrigation au goutte-à-goutte est une technique pour utiliser l’eau plus efficacement.

L’ONG Helen Keller International (HKI) est une ONG qui planifie distribuer des kits ménagers d’irrigation au goutte-à-goutte à 300 familles, dans l’est du Burkina Faso. Ces familles font de la culture maraîchère de légumes nutritifs. L’irrigation au goutte-à-goutte n’est pas largement utilisée dans les jardins individuels, mais est fréquente dans des projets commerciaux.

« Étant donné les pénuries d’eau, nous mettons en place cette technique pour les jardins familiaux afin de continuer à encourager les familles à cultiver et à manger des aliments nutritifs», explique Olivier Vebamba, de HKI. L’irrigation au goutte-à-goutte économise aussi de l’eau. Elle requiert 40 litres d’eau par jour pour irriguer un jardin de 20 mètres carrés. M. Vebamba dit que les arrosoirs des villageois habituellement utilisés par les villageois consommeraient 240 litres pour la même surface.

Les petits agriculteurs du Sénégal ont eu du succès avec les kits d’irrigation au goutte-à-goutte. « Avec les arrosoirs, nous ne pouvions pas faire plus d’une récolte par an. Grâce à cette innovation, nous pouvons faire jusqu’à trois récoltes. Ainsi, nos revenus sont multipliés par trois », déclare Yamar Diop, un homme de 73 ans qui a dix enfants.

Au Niger, l’International Crops Research Institute for Semi-arides Tropiques (ICRISAT) recommande le micro-dosage d’engrais pour améliorer les rendements en période de sécheresse.

Un agriculteur, Seydou Boubacar, et son épouse Zaina utilisent cette technique. Ils appliquent une bonne pincée d’engrais directement aux racines des plantes. Depuis qu’ils utilisent cette méthode, M. Boubacar a presque triplé ses récoltes et a augmenté son revenu. « Quand j’ai commencé le micro-dosage en 2000, je n’avais que deux moutons, mais aujourd’hui, j’ai 20 moutons, 20 chèvres, deux boeufs et 10 ânes », dit-il.

Jupiter Ndjeunga travaille avec l’ICRISAT. « Si seulement un quart des agriculteurs du Niger avait pratiqué la technique du micro-dosage en 2009, le déficit céréalier auraient pu être évité », dit-il.

Dov Pasternak dirige le programme Sahel de l’ICRISAT. Il dit que l’aide alimentaire au Niger « coûtera des millions, mais combien a été dépensé pour l’agriculture? J’ai l’impression que le ratio est énorme en faveur de l’aide alimentaire », commente-t-il.