Fulgence Niyonagize | septembre 22, 2014
Laurent Mushingwamana a déraciné tous ses anciens plants de banane pour les remplacer par de nouvelles boutures. Son voisin Ndikunkiko Mathias n’en croyait pas ses yeux. Il se souvient: « Quand je l’ai vu déraciner tous les plants, j’ai cru qu’il était devenu fou. Je me demandais comment il change les plants qui nous ont nourrit depuis notre enfance ».
Laurent Mushingwamana est le chef de Gitovu, un village dans le district de Karongi dans la Province de l’Ouest, au Rwanda. La banane est la principale culture de la région et M. Mushingwamana est considéré comme un producteur modèle.
M. Mushingwamana explique comment il a commencé le processus d’amélioration de ses bananes. En 2006, le Rwanda a mis en place une nouvelle politique de « régionalisation agricole » qui encourage les agricultrices et les agriculteurs à se spécialiser dans des cultures qui semblent plus propices à leurs régions climatiques. M. Mushingwamana dit : « Avant je cultivais traditionnellement les bananes comme les autres. Un jour nous avons eu une rencontre avec les autres autorités administratives. Là on nous a demandé d’être pionnier du développement de nos milieux respectifs ».
Dans le district de Karongi, la banane est l’une des cultures choisies. C’est pourquoi Laurent Mushingwamana, qui produit aussi le haricot et la pomme de terre, choisit de faire de la banane sa culture principale. Il se rappelle : « Je suis allé à Rubengera, un secteur voisin, dans une église anglicane qui cultive les bananes. Cette église a aussi un centre de multiplication de semences de banane. J’y ai appris comment et par quels moyens améliorer mon agriculture ».
Laurent est resté au centre pendant une semaine. Il est retourné chez lui avec quelques boutures d’une variété de banane appelée « FIYA ». C’était l’augmentation dans la production de Laurent qui a vite convaincu ses voisins à faire comme lui. M. Ndikunkiko, le voisin qui pensait que M. Mushingwamana était fou d’avoir déraciné ses bananes dit : « Quand j’ai vu sa récolte, j’ai directement déraciné les miennes ».
Selon M. Mushingwamana, la nouvelle variété lui permet d’obtenir des régimes de bananes qui pèsent au minimum 80 kilogrammes. Il dit : « Alors qu’avec la variété traditionnelle les plus gros régimes pesaient entre 20 et 30 kg. [Maintenant] avec chaque régime de banane, je gagne entre 8000 et 10 000 francs rwandais (entre 11,50 et 14,50 dollars américains) ». Les régimes de la variété traditionnelle lui rapportaient à peine 2000 francs rwandais (2,90 dollars américains) pour un régime de banane.
M. Mushingwamana prêche par son propre exemple. Les services techniques d’agriculture l’invite régulièrement à partager son expérience devant des agricultrices et agriculteurs d’autres villages. Il partage avec eux ses secrets sur comment bien entretenir son champ et ses plants et comment appliquer le fumier.
En guise de reconnaissance pour ses efforts, M. Mushingwamana a reçu une vache offerte par la mairie de Karongi. Mais son voyage est encore long. Il dit : « Je viens de mettre en place une coopérative de cultivatrices et de cultivateurs de banane dont l’objectif est de vulgariser les meilleures pratiques dans la production de banane ».