Rwanda / RDC: Trouver du travail pour une journée, en terre étrangère (Syfia Grands Lacs)

| mars 28, 2011

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Il est six heures du matin. Un grand nombre d’hommes et de femmes, de garçons et de filles marchent sur la route menant à la frontière du Rwanda avec la République Démocratique du Congo (RDC), portant des houes sur les épaules. Ils font la queue à la douane de Ruzizi II. Ce poste de douane se situe dans l’ouest du Rwanda. Cette route mène à Kamanyola, dans le Sud-Kivu, en RDC.

Les gens attendent une heure pour traverser la frontière légalement. La ligne se déplace lentement, tellement ils sont nombreux. Un agent d’immigration travaillant sur place explique: « Quand ils sont du secteur de Bugarama, à la frontière de la République Démocratique du Congo, ils montrent leur carte d’identité. Ceux venant des autres secteurs doivent avoir un laissez-passer. »

On estime qu’entre 1000 et 3000 personnes passent par la douane chaque jour. De l’autre côté de la frontière, en République Démocratique du Congo, les agriculteurs congolais attendent. Ils embauchent les Rwandais pour travailler dans leurs champs. Théogène Nahimana dit: « Hier, celui qui nous a engagés a pris 40 personnes. »

Ceux qui ne sont pas recrutés sur place vont chercher plus loin, le long de la route. Donatien Kizungu est un agriculteur congolais de Kamanyola. Il dit que les terres des agriculteurs congolais sont tellement étendues qu’ils ne peuvent pas les cultiver seuls. Il explique: « Ici, aucun Rwandais ne peut manquer de travail, surtout en cette période de pluies durant laquelle nous sommes en train de semer et de cultiver. »

La région de Bugarama, au Rwanda, est densément peuplée. Les gens ont peu de terres. Ils ne peuvent pas cultiver ce qu’ils veulent. Ils ne peuvent que faire pousser les cultures choisies par le gouvernement pour leur région. Ils luttent pour nourrir leur famille, ils cherchent du travail aussi souvent que le besoin s’en fait sentir.

Les agriculteurs congolais payent des salaires variables aux travailleurs rwandais. M. Kizungu explique: « Après six heures de travail, nous payons 1000 ou 1200 francs (environ deux dollars américains). Mais tout dépend de la période. Au moment de la plantation, nous payons plus cher. » Certains Congolais offriront plus, selon les besoins. Une femme dit: « Hier, j’ai été embauchée pour 1200 francs. Soudain, j’ai vu un autre recruteur qui proposait 1700 francs… J’ai choisi la deuxième offre. »

Une autre façon pour les Rwandais de gagner de l’argent est de louer des terres à cultiver. À Kamanyola, les frais de location annuelle se chiffrent entre 20 et 40 dollars américains, selon la taille de la parcelle de terre. Fitina Nyiranizeyimana est une jeune femme qui loue un champ près de la frontière. Alors que d’autres cherchent un emploi, elle plante des haricots dans sa parcelle.

Il y a d’autres raisons de franchir la frontière. À cause des déficiences des systèmes d’approvisionnement en électricité au Congo, les agriculteurs utilisent des moulins mécaniques pour broyer le maïs. Mais ceci produit de la farine de mauvaise qualité. Par conséquent, les Congolais vont souvent au Rwanda pour moudre le maïs avec des moulins électriques. Les commerçants de Kamanyola préfèrent traverser Rwanda pour se rendre à Bukavu, une grande ville dans le sud de la RDC, car les routes du côté rwandais sont en meilleur état. Grâce à l’amélioration des relations entre les deux pays, les gens profitent des opportunités qui sont offertes à leur frontière commune.