Rwanda: La puissance de la pédale apporte de l’énergie bon marché dans les régions rurales du Rwanda (AFP)

| avril 2, 2012

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Daniel Ntibaziyandemye est un rwandais de 28 ans qui pêche le poisson-chat la nuit, dans une rivière isolée et infestée de crocodiles, à Akanyaru. Il pose ses pièges juste avant le crépuscule, dans la végétation de la rivière, en tentant d’éloigner les moustiques et tendant l’oreille pour détecter la présence de crocodiles. Puis il attend que la nuit tombe et, s’aidant d’un projecteur, s’aventure dans l’eau pour recueillir ses prises.

M. Ntibaziyandemye explique: « Auparavant, nous utilisions des lampes de poche pour retrouver nos pièges, la nuit. Mais les piles étaient tellement chères que cela nous laissait peu de profit. »

Mais maintenant, il jouit d’une nouvelle source de lumière: les lampes LED qui sont alimentées par un générateur à pédale. M. Ntibaziyandemye dit : « Avec les lampes LED, nous pouvons pêcher pendant une semaine pour moins d’argent qu’il en coûtait pour une nuit. »

Le petit générateur qui recharge les lampes se trouve dans un cadre en bois à hauteur de genou et est activé par les pédales d’une bicyclette stationnaire. C’est beaucoup moins cher à installer et plus efficace que l’énergie solaire.

Vingt minutes de pédalage suffisent à charger complètement les piles de cinq petites lampes LED. Chacune coûte environ 13 centimes américains. Une fois les piles chargées, les lampes peuvent fonctionner pour plus de 25 heures. Une minute de pédalage génère plus de six heures de lumière.

La société rwandaise Nuru Energy est à l’origine de l’innovation, qui lui a valu en 2008 un prix de 200 000 dollars américains, dans le cadre d’un concours de la Banque mondiale (World Bank Lighting Africa Prize).

La société donne des générateurs et des lampes à de petits commerçants, en leur permettant de payer en plusieurs versements. Les villageois comme M. Ntibaziyandemye payent un commerçant pour recharger leurs lampes, chaque semaine.

Martin Uwayezu bénéficie de ce commerce. Il explique: « La société m’a donné six mois pour rembourser le prêt pour mes premières lampes. Mais avec l’argent que j’ai gagné en rechargeant des lampes, j’ai été en mesure de rembourser mon prêt en deux mois. »

Pour contacter ses clients, Nuru utilise le système de téléphone mobile local pour transférer de l’argent. Les commerçants envoient des messages-textes pour acheter des crédits. Ils reçoivent un code pour débloquer les générateurs et charger les lampes.

Une grande partie des régions rurales du Rwanda n’a pas d’électricité. Plus de 90 pour cent des ménages utilisent du kérosène pour s’éclairer et cuisiner. Mais l’exposition aux fumées de kérosène est aussi toxique que de fumer deux paquets de cigarettes par jour.

Sloan Holazman est le directeur du marketing à Nuru Energy. Il ajoute: « En plus d’être dangereux, c’est inefficace et coûteux. Les ménages dépensent 10 à 25 pour cent de leur revenu en kérosène pour s’éclairer. »

En plus des recharges de lampes LED, l’entreprise envisage d’étendre l’utilisation de ses générateurs à la recharge de téléphones mobiles et d’autres dispositifs, dans les zones rurales sans électricité.

Ce sont de bonnes nouvelles pour les villageois comme Daniel Ntibaziyandemye. Maintenant que ses coûts ont chuté grâces aux nouvelles lampes LED, il a pu acheter une maison et peut même penser à se marier.