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Rwanda : Claver Ntoyinkima transforme les communautés locales en protecteurs de la biodiversité dans le parc de Nyungwe

Ce matin, Claver Ntoyinkima est vêtu de sa tenue de guide du parc. Avec ses bottes résistantes et ses jumelles accrochées au cou, il conduit un groupe sur les pistes sinueuses du parc national de Nyungwe, à 200 kilomètres de la capitale rwandaise, Kigali. Derrière lui, un groupe de touristes passionnés écoutent attentivement le chant de chaque oiseau. Au milieu des pentes escarpées et des montées pénibles, les pistes dévoilent des vues panoramiques du paysage alentour. L’air vivifiant provenant des arbres gigantesques rafraîchit chaque pas, tandis que des éclats de chants d’oiseaux occasionnels ajoutent un rythme entraînant à l’ambiance par ailleurs paisible. Monsieur Ntoyinkima sensibilise les membres de la communauté de Nyungwe à la conservation de la faune et des plantes.

À 52 ans, monsieur Ntoyinkima a passé les 25 dernières années à protéger la nature. En grandissant près du parc national de Nyungwe, il a développé une passion pour la biodiversité en suivant les traces de son frère aîné, qui y travaillait. En 2009, il s’est joint au projet de conservation de Nyungwe de la Wildlife Conservation Society, une initiative communautaire centrée sur la préservation de la biodiversité du parc. Au départ formateur saisonnier, il devint finalement guide à temps plein au parc. Monsieur Ntoyinkima explique qu’il collabore étroitement avec les communautés locales, et les encourage à délaisser le braconnage et à reconnaître l’importance de la protection de la richesse naturelle du parc, tout en les initiant à des solutions de rechange plus durables et rentables. Il déclare : « Si les habitants du coin ne sont pas sensibilisés, tous les efforts seront vains. »

Monsieur Ntoyinkima les encourage à adhérer à des coopératives où ils peuvent apprendre d’autres métiers. Certains deviennent guides ou porteurs pour les touristes, tandis que d’autres fabriquent et vendent des objets d’art aux visiteurs. Ces anciens braconniers découvrent également la valeur des espèces végétales et animales du parc, les dangers de leur destruction et les conséquences juridiques de la pratique du braconnage.

Édouard Bakundukize, un ancien braconnier de 61 ans, raconte qu’il avait l’habitude de poser des pièges et d’extraire illégalement des minerais dans le parc. En 2010, il participa à des activités de sensibilisation sur la protection du parc. Grâce à ce programme, les braconniers et leurs familles ont reçu des chèvres pour effectuer la transition vers de nouvelles sources de revenus.

À cette époque, 241 anciens braconniers, y compris des chasseurs, des mineurs et des poseurs de pièges, adhérèrent à l’initiative. Monsieur Bakundukize déclare : « Aujourd’hui, j’élève des chèvres et je cultive ma terre. Je gagne honnêtement ma vie, dans la stabilité et en toute légalité. » Il cultive des bananes, dont il consomme une partie, et vend l’autre au marché. Même s’il ne gagne pas nécessairement plus qu’avant, il est satisfait de son nouveau mode de vie, car celui-ci lui procure la sécurité, la paix de l’esprit et le sentiment qu’il contribue à une cause importante. Il conseille aux autres braconniers : « Protéger la faune et les plantes signifie protéger notre avenir à tous et à toutes. »

Monsieur Bakundukize a désormais la ferme conviction qu’il est nécessaire de protéger la biodiversité. Il déclare : « Je ne pourrai plus jamais couper un arbre ou tuer un animal. Lorsque je vois quelqu’un le faire, je le signale immédiatement aux autorités. »

Lazare Nteziryimana, 48 ans, est un autre ancien braconnier. Il raconte avoir commencé à faire du braconnage en 1985, suivant les traces de son père. En 2010, il prit part à des séances de sensibilisation sur la préservation du parc, qui le motivèrent à abandonner le braconnage. Il s’est joint à un club de conservation et considère maintenant des animaux sauvages comme un trésor national qui attire les touristes et génère des revenus à la communauté entière. Il déclare : « Abattre un animal, c’est priver le pays d’un touriste, et par conséquent de devises étrangères. »

Aujourd’hui, monsieur Nteziryimana gagne sa vie en cultivant, en faisant de l’élevage de bétail et de l’apiculture. Il a des produits, comme le miel, qu’il vend aux touristes. Ils encouragent ses camarades qui hésitent à se tourner vers des solutions durables et à protéger le parc.

Protais Niyigaba, le gérant du parc, confirme que, grâce aux efforts de Claver, plusieurs anciens membres des clubs de conservation sont devenus des gardes forestiers et des guides. Son travail a permis de réduire le braconnage et de renforcer la coexistence entre les habitants et le parc.

Actuellement, près de 500 anciens braconniers participent à la protection du parc, en tant que guides, porteurs ou agents d’entretien des pistes. En outre, le Conseil de développement du Rwanda alloue 10 % des revenus touristiques des parcs aux communautés avoisinantes. Cela leur permet de construire des infrastructures communautaires, telles que des écoles et des dispensaires.

Monsieur Ntoyinkima est fier de son travail. Il conclut : « Chaque braconnier reconverti, chaque animal protégé, chaque effort de conservation tracent la voie pour un avenir où la nature et l’humanité vivront en harmonie. »

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