Rwanda: Alimenter des maisons en énergie avec de la bouse de vache (AlertNet)

| juin 20, 2011

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Mélanger trois seaux de bouse de vache avec une quantité égale d’eau. C’est la recette que Francine Musanabera suit chaque jour pour produire l’énergie dont elle a besoin pour alimenter sa maison, à Gasabo, à 30 kilomètres au sud de Kigali, la capitale rwandaise.


Mme Musanabera est enseignante et agricultrice. Elle dit: «
Ça me donne deux heures d’éclairage et six heures de cuisson au gaz, chaque jour. » Elle était l’une des premières personnes au Rwanda à s’équiper d’un système de production de biogaz à domicile. Le système convertit le méthane à partir des excréments animaux en décomposition.


Plus de 90 pour cent des Rwandais cuisinent au bois, au charbon ou au kérosène. Ces combustibles polluent l’environnement et épuisent les forêts du pays. Le gouvernement espérait pouvoir aider 15 000 ménages en mettant en place des systèmes de production de biogaz d’ici 2012, mais il a repoussé l’échéance de ce projet ambitieux à 2015. Aujourd’hui, près de 1000 maisons ont un système de production de biogaz.

Chaque système coûte près de 1300 dollars américains, et le gouvernement accorderait une subvention d’environ 500 dollars américains. Les ménages peuvent économiser de l’argent en fournissant le sable et les pierres pour la construction du contenant souterrain, et en aidant à le construire eux-mêmes. Ils peuvent également négocier un prêt bancaire spécial à faible taux d’intérêt.


Mme Musanabera a dû y réfléchir à deux fois avant d’investir dans le biogaz pour sa petite parcelle. Elle dit: « Ça a coûté beaucoup d’argent. Mais maintenant, trois ans plus tard, je suis tellement contente de l’avoir fait. Ça a changé nos vies. »


Elle explique: « Mes enfants peuvent étudier le soir et ne respirent plus les fumées néfastes des lampes à kérosène. J’économise de l’argent parce que je n’ai pas besoin d’acheter du kérosène et du charbon pour la cuisson. Et le biogaz me permet de cuisiner beaucoup plus rapidement. »
Le Rwanda compte plus de 10 millions d’habitants mais seulement 10 pour cent d’entre eux sont connectés au réseau électrique national. Les câbles d’alimentation passent directement au-dessus de la modeste maison de Mme Musanabera et de son jardin. Dans ce village, personne n’est connecté au réseau. « C’est trop cher », dit-elle.

Pour la plupart des Rwandais, il est facile de fournir les excréments animaux nécessaires à la production de biogaz. Suivant un programme gouvernemental, chaque famille pauvre reçoit une vache, dont le premier veau doit être donné à un voisin pauvre.


Mais depuis que l’on sait que les animaux de bétail produisent du méthane (un gaz à effet de serre) en digérant leurs aliments, le gouvernement a tenté de limiter le nombre de vaches dans le pays. Une des solutions identifiées consiste à récupérer le méthane qu’elles rejettent comme matière première  de systèmes de production de biogaz, pour produire de l’énergie.

 
Un autre avantage du système de production de biogaz est le surplus d’engrais liquide disponible à la fin du processus de transformation. Mme Musanabera l’utilise dans son petit potager, où elle cultive des haricots, des bananes et des tomates.

 
Elle dit: « Le rendement de mon jardin a presque doublé depuis que j’utilise l’engrais. Donc j’épargne également de l’argent parce que j’achète moins de nourriture sur le marché. »


Le gouvernement a lancé une campagne publicitaire pour sensibiliser les gens sur les possibilités offertes par le biogaz. Bien que le Rwanda soit un petit pays, la plupart des gens habitant dans des zones enclavées n’ont jamais entendu parler de cette source d’énergie verte, ni de l’aide financière offerte par le gouvernement pour encourager les citoyens à l’utiliser.