République Démocratique du Congo : un radiodiffuseur arrondit ses fins du mois en combinant sa passion pour le micro à l’agriculture

| février 16, 2015

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Ntanda Y’abana travaille depuis décembre 2008 à la radio Bubusa, une radio communautaire de femmes rurales du territoire de Walungu au Sud-Kivu en République Démocratique du Congo. M. Y’abana est  directeur assistant et rédacteur en chef à la station. Il présente le journal parlé, produit des émissions sur l’agriculture et anime le programme « Le réveil matinale ».

Ces activités à la radio ne lui procurent qu’une prime mensuelle de 100$ US.  Mais hélas, pas assez pour lui permettre de joindre les deux bouts à la fin du mois car il doit tout acheter au marché pour ses besoins alimentaires.

Face à cette situation difficile, M.Y’abana est presque découragé. Sa passion pour la radio et les questions agricoles et rurales ne lui permet pas de vivre convenablement. Peu à peu, l’idée de retourner en ville à Goma prend le dessus.

M. Y’abana parle de ses préoccupations avec l’un des plus grands auditeurs de son émission sur l’agriculture qui se trouve être le président de l’organisation paysanne des maraîchers « O.P Ntaluhinzo ». Ce dernier l’encourage à pratiquer le maraîchage comme activité parallèle. Il lui suggère d’adhérer à son organisation paysanne afin de bénéficier d’un champ dans le marais à proximité.

Le 20 novembre 2009, M. Y’abana est officiellement reconnu comme membre de l’organisation paysanne. Les autres membres sont contents de le compter parmi eux. Quelques mois plus tard, M. Y’abana est élu conseiller.

M.Y’abana participe avec d’autres membres de l’organisation paysanne à  une formation organisée par la FAO. La formation portait sur les bonnes pratiques dans la productivité des cultures maraîchères et vivrières telles que l’application des méthodes culturales pour associer les engrais chimiques avec l’engrais organique, l’application des produits phytosanitaires ainsi que la rotation des cultures.

M.Y’abana réalise qu’il peut se créer un revenu additionnel en mettant en pratique les acquis de cette formation. Il décide donc de consacrer trois heures trois fois dans la semaine à travailler sur son tout nouveau champ. Il passe le reste du temps à travailler pour sa radio.017

Dans le territoire de Walungu, la plupart des familles ont un lopin de terre où elles cultivent le manioc, la patate douce, le maïs, les bananes. Certaines familles font la culture maraîchère telle que le chou, la carotte, l’oignon, la pomme de terre et les poireaux. Cependant les récoltes sont assez faibles. M.Y’ABANA sait que la faible production est liée à la non application des nouvelles méthodes culturales et la surexploitation des terres devenues de moins en moins fertiles.

Il achète alors des semences améliorées des pommes de terre ainsi que des engrais et  des produits phytosanitaires. Le tout s’élève à un coût total de  200 $. Après 4 mois, il récolte  900 kilogrammes de pommes de terre qu’il va vendre à 375 $U.S. dans la ville de Bukavu à 27 km de chez lui. Cela lui permet d’acheter une parcelle de terre et 15 tôles. L’argent permet aussi à sa femme de commencer un petit commerce au marché du village.

Le champ de M. Y’ABANA est devenu comme une école où les autres agriculteurs viennent apprendre comment améliorer la productivité de leurs champ.

Gaston Bazibuhe est le secrétaire de l’organisation paysanne. Il l’a félicité au cours d’une assemblée générale. Il dit à M. Y’Abana : « vous m’aviez prouvé que l’agriculture n’est pas seulement l’affaire des paysans et que nous pouvons augmenter la production de nos champs en changeant certaines de nos anciennes pratiques ».

M. Y’Abana est satisfait de sa nouvelle situation. La combinaison de ces deux métiers, du journaliste et d’agriculteur, a amélioré le niveau de vie de sa famille. Il dit : « j’utilise la prime de la radio comme fonds d’investissement dans mon champ qui me rapporte plus 300 $U.S. après quatre mois de culture. Maintenant ma famille  mange à sa siesté, je paie leurs soins médicaux et j’envisage de construire une maison ».