République Démocratique du Congo : Une agricultrice relance ses activités agricoles alors que le conflit prend fin

| septembre 29, 2014

Téléchargez cette nouvelle

Larme aux yeux, Micheline Kavuo se rappelle tous les biens qu’elle a perdu.

Mme Kavuo est une agricultrice de Mamoundioma, un village à 50 kilomètres de la ville de Beni, dans le nord-est de la République Démocratique du Congo. Comme plusieurs autres agricultrices dans la région, elle a dû abandonner son champ de cinq hectares suite à l’invasion de la région par les rebelles ougandais.

Pendant trois longues années, elle n’a pas mis pied dans son champ. Forcée de se refugier en ville, Mme Kavuo travaillait dans une boulangerie pour un salaire mensuel de 50$. Elle avait de la misère à arrondir ses fins de mois.

Elle raconte : « J’ai perdu tout mon champ de cacao car ces terroristes ont ravagé ma plantation. Aujourd’hui, je me réjouis tout de même d’avoir retrouvé ma terre ».

Elle a finalement retrouvé son champ en juin dernier après que l’armée congolaise ait repoussé les rebelles hors des frontières du pays. Elle n’a retrouvé rien que des tiges sec de cacao. Elle dit : « Quand on voyais l’état du champ, on aurait cru qu’un ouragan est passé par là ».

Tôt le matin, Mme Kavuo est déjà au travail. La houe à la main, elle nettoie son champ. À quelques mètres d’elle, son jeune frère est en train d’élaguer à l’aide d’une machette les quelques rares tiges de cacao encore débout. Petit à petit, la vie reprend dans cette plantation.

Comme Mme Kavuo, de plus en plus d’agricultrices et d’agriculteurs regagnent leurs terres en milieu rural. Pour faciliter la reprise des activités agricoles, le gouvernement provincial a entrepris la reconstruction des routes vers les zones agricoles. La police a fait une reconnaissance de la zone afin de détecter des mines non explosées.

Le gouvernement a distribué aux agricultrices et aux agriculteurs des semences améliorées pour aider ces dernières et ces derniers qui ont presque tout perdu. Mme Kavuo a planté le manioc et la banane plantain. Ces deux produits sont très demandés dans les villes environnantes.

À peine trois mois après son retour, Mme Kavuo a déjà vendu ses premières récoltes. L’argent qu’elle a gagné lui a permis de rembourser une partie de ses dettes et rebâtir sa maison qui était déjà en état de démolition. Elle dit : « J’en ai profité juste au début pour évacuer mes produits au marché de la cité Oicha où les acheteurs m’attendaient. Je me [sentais] comme une princesse car j’étais une des rares femmes qui s’est engagée à reprendre les cultures dès la fin des opérations militaires ».

Elle espère obtenir un crédit auprès d’une des mutuelles d’agriculteurs afin de diversifier ses cultures. Elle dit : « J’ai besoin aussi de l’aide d’un agronome pour bien suivre mes bananiers et mes tiges de manioc pour éviter qu’ils soient attaqués par les parasites ».

Encouragée par ses premières récoltes, Mme Kavuo commence à rêver plus grand.