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République Démocratique du Congo : Un agriculteur protège ses patates douces avec un pesticide fait maison

Ruhamya Kamakiri se promène dans son champ en aspergeant un pesticide à l’aide d’un pulvérisateur qu’il porte au dos. M. Kamakiri est un agricuteur d’une vingtaine d’années. Il cultive la patate douce sur les collines qui entoure Chiburhi, un village dans la province du Sud Kivu, en République Démocratique du Congo.

Dans cette partie du pays, la patate douce est l’aliment de base de nombreux ménages. Au cours des dix dernières années, la maladie de la mosaïque du manioc à causer une baisse dramatique dans la production du manioc. Le manioc est donc devenu moins disponibilité et son prix à augmenter en flèche. Plusieurs n’ont pas assez d’argent pour se procurer de la farine de manioc.

Et maintenant, les insectes ravageurs s’attaquent aussi à la patate douce.

M. Kamakiri a vu tout son champ de patate douce ravagé par des insectes. Il explique : « Ces insectes m’ont tellement fait peur que je me suis senti dans l’obligation de chercher par tous les moyens des produits pour les anéantir. J’ai réalisé que l’existence de ces insectes menait notre village vers une grave famine ».

M. Kamakiri est donc allé demander conseil sur comment gérer les insectes ravageurs auprès d’un ancien maraîcher. Le vieux machaîcher, qu’on nomme M. Chimenesa, conseille M. Kamakiri de protèger son champ avec des feuilles de tabac.

M. Kamakiri se souvient : « Je n’ai pas d’emblée cru en sa parole, mais je me suis décidé d’essayer quand même sans la moindre conviction que les feuilles de tabac pouvaient servir d’insecticide ».

Étant donné que personne ne cultive le tabac proche de son domicile, M. Kamakiri a collecté une petite quantité de feuilles de tabac à partir d’un lieu de stockage de bouse de vache. Il a ensuite moulu les feuilles dans un mortier en bois à l’aide d’un pilon. Une fois les feuilles de tabac broyées, il en a extrait le liquide en ajoutant un peu d’eau. Il a ensuite aspergé le mélange à l’aide un pulvérisateur sur ses plantes attaquées par les insectes.

Le résultat était immédiat. M. Kamakiri raconte : « Le lendemain matin, j’ai remarqué que quelques chenilles étaient mortes et les survivantes ont fui l’odeur du tabac ».

Alors convaincu de l’efficacité de ce pesticide biologique, M. Kamakiri se rend régulièrement auprès d’un agriculteur dans un village voisin pour s’approvisionner en feuilles vertes de tabac.

Il a produit une quantité suffisante de patate douce malgré la présence de ces insectes dévastateurs. Devenue personne de référence, M. Kamakiri est actuellement très sollicité par d’autres agriculteurs soucieux de protéger leur champ de patate douce contre les ravageurs. Il perçoit une somme de 2000 Francs Congolais (environ 2,25 $ US) par champ pulvérisé.

Grace à M. Kamakiri, tout le village utilise désormais le tabac pour protéger leurs patates douces, leur choux et d’autres cultures.

M. Bushiru est un agriculteur local. Il dit : « Je pouvais moi aussi commencé à produire mon propre pesticide, mais l’argent me manque pour acheter le tabac et je n’ai pas de pulvérisateur. Je compte donc sur les services de Kamakiri pour protéger mon champ contre ces chenilles destructrices ».

Claudine Sifa est ingénieure agronome. Elle confirme que les feuilles de tabac utilisées comme pesticide biologique sont efficaces pour chasser les insectes nuisibles à la plante.

Elle explique : « Ce genre de pesticide a pour avantage qu’on peut consommer les aliments sur lesquels il a été appliqué immédiatement, contrairement au produits chimiques qui exigent un délai [afin de réduire le risque d’empoisonner la consommatrice ou le consommateur]».

Mme Sifa dit que malgré que le pesticide biologique coûte moins cher à faire et à utiliser, il est efficace seulement pendant une courte durée et doit être réappliqué régulièrement.

Pour sa part, M. Kamakiri est fier d’avoir protégé son champ contre les insectes ravageurs et d’avoir crée une activité qui lui génère des revenus en pulvérisant les champs de ses voisins.