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RDC : Un éleveur combat la propagation d’une maladie de lapin

Il est presque midi et Christophe Akilimali marche difficilement sous un soleil ardent. Sur sa tête, le sexagénaire transporte un sac rempli de tas d’herbes. Il les transporte au village de Kalulu d’un village voisin, à une distance de sept kilomètres. Ici, à l’est de la République Démocratique du Congo, M. Akilimali a besoin de ces herbes pour nourrir ses lapins.

M. Akilimali nourrit ses lapins de fourrage fabriqué à partir de légumineuses, de graminées et d’autres plantes, en veillant à les sécher suffisamment. Cet nouvel diète l’a aidé à agrandir son cheptel après qu’une maladie grave l’ait presque enrayé.

M. Akilimali a commencé l’élevage à un jeune âge en apprenant à garder les lapins de sa mère. Elle était une éleveuse de lapins connue dans leur village. Il n’a pas de formation officielle et, à cause de cela, il dit qu’il a parfois des difficultés à relever de nouveaux défis. Récemment, il a été confronté à cette grave maladie qui a tué des lapins dans les régions du Kivu et du Sud-Kivu.

La maladie grave s’est propagée au village de Kalulu à partir du territoire de Walungu. En l’espace de trois semaines, M. Akilimali avait perdu 12 de ses 17 lapins. Les lapins affectés ont le nez qui coule, suivi de symptômes qui s’apparentent à la grippe. La situation est d’autant plus grave du fait qu’aucun éleveur, aucune association de la société civile locale ni aucuns services vétérinaires n’arrivent à identifier la maladie ou apporter de réponses.

Pour M. Akilimali, ce cauchemar menace son gagne-pain mais cela ne l’a pas rendu impuissant. Il explique: « C’est la complexité du problème et le silence coupable des personnes éclairées de ma communauté qui  m’ont poussé à tâtonner. Loin de moi l’idée d’identifier l’origine de la maladie, ce que j’avais en tête c’était juste  de sauver la vie de mes cinq derniers lapins ».

Il a donc changé la diète de ses cinq lapins survivants, convaincu que ce qu’ils mangeaient était un facteur qui contribuait à la maladie.

M. Akilimali dit qu’il nourrissait ses lapins avec deux variétés d’herbe appelées iragala et kashisha en mashi, une langue utilisée dans la région du Kivu. Il associait également le tout avec des feuilles des patates douces. Mais au fil des années, il devait voyager de plus en plus loin pour trouver ces herbes. Souvent, les quelques herbes qu’il trouvait étaient décolorées.

L’ingénieure et zoo-technicienne Claudine Mbwine dit que beaucoup d’herbes sont de moins en moins disponibles à mesure que les terres non aménagées sont transformées en terres agricoles.

Après avoir changé la diète des lapins, M. Akilimali a augmenté le nombre de lapins qu’il possède. Depuis, il a vendu 37 lapereaux à ses voisins. Maintenant, il informe chaque acheteur sur la nouvelle diète de ses lapins, ce qui fait de lui une personne ressource pour ses voisins en matière d’élevage de lapins.

La valeur de la nouvelle diète n’a pas été testée et vérifiée par des scientifiques et la maladie continue d’affecter les lapins dans la région. Alors, M. Akilimali continue de s’inquièter. Il dit, « Un moindre bruit dans le clapier me réveille souvent subitement de mon sommeil par crainte d’assister de nouveau au pire ».

Mais il est convaincu qu’une bonne diète demeure une des conditions essentielles pour un élevage réussi et ce qui a permis de sauver ses lapins jusqu’à présent.

Crédit photo: Monique Haen [1]