RDC : L’agriculture de conservation réduit les coûts de main-d’œuvre, mais les agriculteurs n’en ont pas fini avec les mauvaises herbes

| décembre 23, 2018

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On est dimanche après-midi et John Kakule Toly est debout comme un enseignant devant une classe, devant plusieurs agriculteurs et agricultrices locaux réunis pour apprendre l’agriculture sans labour. Ces agriculteurs sont originaires du village de Bunia et d’autres villages voisins au nord-est de la République démocratique du Congo. La rencontre a été organisée par une organisation locale qui fait la promotion du développement durable, connue sous le nom de Forum des engagés pour le développement durable.

C’est une activité que monsieur Toly mène régulièrement. Ses collègues et lui guident les agriculteurs et les agricultrices pour pratiquer l’agriculture de conservation, une méthode qui consiste à cultiver sans labourer le sol. La culture sans labour demande d’efforts et d’intrants, mais peut nécessiter la pulvérisation d’herbicides juste avant les semis.

Monsieur Toly déclare : « Les rendements diminuent dans de nombreuses zones agricoles au fort potentiel de rendement, du fait de l’épuisement des éléments nutritifs et végétaux du sol par le brûlis suite à la récolte, et la baisse des teneurs en matière organiques. »

Il affirme que la technique zéro labour est plus économique et permet de produire davantage, tout en préservant les ressources naturelles. Elle atténue l’érosion et préserve les sols, et il n’y a pas lieu d’utiliser du carburant, par exemple, pour les tracteurs.

Malgré les avantages qu’elle offre, la culture sans labour comporte des défis, dont la lutte contre les mauvaises herbes et la réticence de certains ouvriers et ouvrières agricoles à l’adopter, car ils la considèrent comme une menace pour leur gagne-pain.

Monsieur Toly explique : « Ces gens nous contrecarrent, car ils gagnent leur vie en proposant la main-d’œuvre aux propriétaires de champs. Et comme le « zéro labour » réduit le besoin en main-d’œuvre, cela ne les arrange pas. Malgré cela, nous invitons les agriculteurs à adopter cette technique, car depuis le début, nous ne recevons que des témoignages satisfaisants. »

Les agriculteurs et les agricultrices qui ne labourent pas doivent toujours lutter contre les mauvaises herbes, et plusieurs doivent faire face au coût des herbicides.

Cornelius Viseso Sila Viseso est un agronome qui considère l’agriculture de conservation comme un pilier de l’agriculture durable.

Il soutient qu’elle fait économiser du temps aux agriculteurs et aux agricultrices et qu’elle améliore la fertilité du sol.

Il déclare : « Cela épargne à la communauté de passer par le labour qui est un exercice fatiguant. Cela fait économiser du temps. » Il souligne également que les travaux de labour peuvent coûter cher. L’autre avantage est que, lorsque les mauvaises herbes meurent et restent sur le sol, elles servent de fumure organique et améliore la fertilité du sol.

Il ajoute : « L’autre avantage c’est la rapidité. Cela veut dire qu’avec le « zéro labour » vous pouvez travailler un hectare en un jour, car il s’agit juste de pomper de l’herbicide. »

Étant donné que les cultivateurs et les cultivatrices ne labourent pas, ils ont souvent recours aux herbicides chimiques pour contrôler les mauvaises herbes. Monsieur Viseso déplore le fait que les agriculteurs et les agricultrices de la région n’aient pas facilement accès aux herbicides, car ils ne sont pas vendus localement. Pour acheter des herbicides à Kampala, les agriculteurs et les agricultrices doivent parcourir 600 kilomètres.

Il signale également qu’on soupçonne certains herbicides, y compris le très populaire glyphosate, d’être cancérigènes.

Après plus d’une année de formations, plus de 50 agriculteurs et agricultrices ont déjà adopté les pratiques de l’agriculture de conservation et parviennent à s’en sortir face à ces défis.

Uvoya Uringi Dieudonné est un agriculteur qui a adopté la culture sans labour. Il l’a testée il y a quelques mois et a été satisfait du fait qu’elle a réduit ses coûts. Il explique : « Pour moi, les avantages sont tout d’abord économiques. Grâce à la technique, je n’ai dépensé que 10 $ US pour un champ, dont les travaux me coûtaient environ cinq fois plus dans le passé. Je n’étais plus obligé de payer une main-d’œuvre exorbitante. »

Il ajoute que sa production a considérable augmenté. Lors de sa première expérience, il a cultivé du haricot sur un champ de six mètres sur douze mètres et a récolté 20 kilogrammes la première saison. Lors de la saison suivante, la production a presque doublé. 

La présente nouvelle a été produite avec l’appui de la Banque canadienne de grains dans le cadre du projet « Conservation Agriculture for building resilience, a climat smart agriculture approach. » Ce travail est financé par le gouvernement du Canada, par l’entremise d’Affaires mondiales Canada, www.international.gc.ca.