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RD Congo: Comment la surpêche mène à la malnutrition (Syfia Grands Lacs)

Sur la rive ouest du lac Kivu, de nombreux résidents sont maintenant habitués à ne manger que des légumes. Les populations riveraines du lac de Kabare et de Kalehe, près de Bukavu, au Sud Kivu, n’ont pas les moyens d’acheter de la viande ou du poisson. Ces produits sont trop chers pour eux. Elles s’étaient rabattues sur la consommation d’alevins ou petits fretins, appelé localement sambaza, pour leurs apports en protéines animales. Mais cette source de nourriture est aussi en péril, maintenant.


 Le nombre de sambaza pêchés a chuté de façon spectaculaire au cours des deux dernières années. Un certain nombre de facteurs ont contribué à cette diminution. Il n’y a pas de contrôle sur le nombre de pêcheurs. Les pêcheurs ne respectent pas les périodes d’arrêt de pêche. Ils utilisent des filets de pêche aux mailles trop serrées qui capturent d’énormes quantités.


La division provinciale de l’Environnement a fait brûler une vingtaine de filets interdits. Symphorien Mwandulo est président de Copefima, une coopérative de pêcheurs du Sud-Kivu. Il se félicite de cette intervention mais exprime également sa frustration. Il se plaint que: « Les pêcheurs utilisent ces filets avec la bénédiction de certains agents de l’environnement, pêches et forêt. » Si les stocks de poissons continuent à chuter, M. Mwandulo sait qu’il va perdre sa principale source de revenu.


Auparavant, les pêcheurs ramenaient en moyenne 5 kilogrammes de sambaza par sortie . M. Mwandulo dit que maintenant ils ne prennent plus que 2kg dans leurs filets. Une situation qui a conduit une majorité d’entre eux à fuir la côte ouest du lac.  Barhebana Jules est l’un de ces pêcheurs. Il dit: « Nous avons poussé jusqu’à Nkuvu, sur l’île d’Idjwi, où la capture est encore passable. » D’autres se sont reconvertis en laboureurs, en attendant que les choses s’améliorent.


Le régime alimentaire des familles les plus pauvres a changé. Ils ne peuvent plus se permettre d’acheter des alevins. Deo Muhindo est pêcheur. Il dit: « La plupart d’entre eux se réfugient dans la consommation de légumes (chou, amarante, aubergine, feuille de colocasse et feuille de courgettes). » Immaculée Cikwanine est une femme au foyer. Elle déclare: « Je nourris mes enfants aux aubergines et au chou, auquel j’ajoute des déchets de poisson salé. »

Les protéines animales ont considérablement diminué dans l’alimentation. Les plus vulnérables sont les premiers à souffrir. Une infirmière d’une clinique de l’île de Ibinja dit: « Les enfants de deux ans pèsent entre cinq et sept kilos, alors que le poids moyen à cet âge est de 13 kilos. » Désir Muhigirwa, président des pêcheurs de l’île d’Ibinja prévient: « Les conséquences de cette malnutrition sont à craindre dans les jours à venir. »