Ouganda : Une victime de guerre subvient aux besoins de ses frères et sœurs en élevant des cailles

| avril 25, 2016

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Des larmes coulent sur les joues de Henry Otim lorsqu’il se rappelle la douleur qu’il a subie quand il se trouvait aux mains de l’Armée de résistance du Seigneur. Au nord de l’Ouganda, l’Armée de résistance du Seigneur était célèbre pour les rapts d’enfants qu’elle enrôlait dans ses rangs. M. Otim a été kidnappé en 2004. Mais, il affirme que tout n’est pas perdu. Douze ans plus tard, il est en train de créer de meilleures conditions de vie pour lui et ses trois frères et sœurs grâce à l’élevage des cailles.

En avril 2004, les rebelles de l’Armée de résistance du Seigneur ont attaqué le camp d’Abia pour personnes déplacées à l’intérieur, dans le village d’Apala, au nord de Lira. Les rebelles ont tué 53 personnes, dont les parents de M. Otim, et l’ont kidnappé, lui. Ce sont les Forces de défense populaires de l’Ouganda qui ont secouru M. Otim.

Après plusieurs années de galère, il a fallu que M. Otim prenne soin de ses frères et sœurs. Il explique : « Notre avenir étant incertain, il m’a fallu travailler dans les jardins des autres pour gagner ma vie. »

L’homme de 27 ans a actuellement du succès avec l’élevage des cailles. Il déclare : « L’élevage de volatiles m’apporte de l’espoir. J’élève des oiseaux indigènes depuis l’âge de neuf ans. »

Pour pouvoir démarrer son activité, M. Otim a économisé 57 $US avec lesquels il a acheté des cailles chez un vendeur local de son village. Il possède actuellement près de 300 cailles.

Emmanuel Ocen est un éleveur de cailles prospère qui vit dans à Ober, un village du district de Lira, à environ 390 kilomètres de Kampala. Il soutient que l’élevage des cailles est répandu dans cette région en raison de la valeur nutritionnelle de leurs œufs. Il raconte : « J’ai commencé par 30 cailles en 2015 … Actuellement, j’en ai 210 et j’ai l’intention d’en élever plus. »

M. Ocen gagne un bon revenu grâce à la vente des cailles et de leurs œufs. Il vend une plaquette de 30 œufs de cailles à 8 $US et une caille adulte à 2 $US. Il ravitaille également les supermarchés de Lira en cailles et en œufs de cailles.

M. Otim affirme que les cailles sont d’excellents volatiles pour les agriculteurs et les agricultrices. Il explique : « Comparativement aux poules, les cailles sont faciles à élever. Les poules exigent un suivi et une alimentation réguliers, contrairement aux cailles. »

L’élevage des cailles n’est pas coûteux. Selon M. Otim, un sac d’aliments de 70 kilogrammes coûte 33 $US, et suffit à nourrir ses 210 volatiles pendant plus de deux mois. Chaque caille consomme 30 grammes de nourriture par jour, ce qui est très inférieur aux 120 grammes que les poules consomment. Il nourrit les jeunes cailles avec des aliments de démarrage pour poules, car ces derniers leur procurent les nutriments nécessaires pour un développement sain.

Dominic Namuyimba élève des cailles dans le village voisin de Wakiso depuis deux ans. Il soutient que les cailles comportent plusieurs avantages. Il explique : « Les cailles grandissent plus vite et sont prêtes pour l’abattage après six semaines. Ce sont de bons animaux de compagnie. En effet, elles peuvent vous manger dans la main, et répondent à leurs petits noms. »

Michael Mukasa est docteur vétérinaire au ministère de l’Agriculture de l’Ouganda. Il affirme que les gens aiment les œufs de cailles à raison de leurs bienfaits pour la santé. Il explique : « Ils sont [faibles] en cholestérol et sont très riches en vitamines et en minéraux. Ils stimulent, rajeunissent le corps … [et] aident à combattre le stress, le diabète, l’obésité, ainsi que les maladies du foie et des reins. »

M. Otim se réjouit du fait que le commerce de cailles le rende si prospère après les souffrances que lui ont infligées les hommes de l’Armée de résistance du Seigneur. Ses revenus l’aident à subvenir aux besoins de ses trois frères et sœurs, et à payer des ouvriers qui travaillent dans ses jardins. Il déclare : « Je suis heureux de la tournure des événements. J’espère développer mon entreprise … et recruter un employé pour la gérer efficacement. »