Ouganda : Une veuve se remet d’un mariage marqué par la violence

| novembre 24, 2014

Téléchargez cette nouvelle

Des larmes de douleur coulent sur les joues de Sidonia Akello lorsqu’elle repense au martyre qu’elle a souffert pendant son mariage. Mais, sa vie est différente maintenant que son mari est mort.

À voix basse, Mme Akello fredonne un chant funèbre en luo à sa fille d’un an qu’elle a bien attachée au dos avec un pagne.
La mère de 32 ans qui a trois enfants a enduré une vie remplie de chagrin dans son village natal, Te-Oburu, situé à environ 400 km au nord de Kampala, la capitale ougandaise.

En juin 2013, les villageoises et les villageois ont été choqué(e)s à la vue de Mme Akello, qui se tenait devant le tribunal du village, et qui saignait suite à une entaille qu’elle portait sur un côté de sa tête. Son mari, Denis Oya, lui avait demandé de coucher avec lui. Quand elle a refusé, il a piqué une rage et lui a tranché l’oreille. Elle venait juste d’accoucher deux semaines plus tôt et se remettait encore de son accouchement.

M. Oyar était souvent ivre et battait régulièrement sa femme au point qu’elle perde connaissance. Durant la fameuse nuit, après l’avoir battue, il a saisi sa machette et lui a tranché l’oreille droite. Les deux plus grands enfants sont sortis en courant dans la nuit, et ont lancé des cris pour demander de l’aide pour leur mère.

David Okao est le chef du village. Il raconte : « Oyar a commis un délit. Nous l’avons sanctionné et lui avons fait payer les soins médicaux de sa femme. »

M. Oyar est mort six mois plus tard, mais Mme Akello vivait toujours dans la misère. Son beau-frère l’a accusée d’avoir refusé de lui remettre sa part d’héritage. Elle a été condamnée à 60 coups de fouet et forcée de vendre une chèvre pour payer une amende de 18 $US.

Cependant, alors que tout semblait perdu, la chance a souri à Mme Akello. Son voisin Ismael Omara avait remarqué le désespoir de la veuve. L’homme de 79 ans s’est tenu devant le chef du village et a fait publiquement don d’un demi-hectare à Mme Akello, et ce, pour toujours.

Grâce à ce petit geste, la vie de Mme Akello s’est améliorée. Désormais, elle cultive du manioc sur le lopin de terre que lui a donné son voisin. La veuve nourrit ses enfants grâce à ses récoltes, et vend le reste. Elle explique : « Je cultive du manioc à cause [de la] forte demande de ce produit dans cette région. En outre, je n’ai pas besoin d’acheter d’insecticide et les dépenses liées au sarclage sont minimes. »

Elle a gagné 230 $US en vendant sa dernière récolte de manioc au marché. Mme Akello raconte : « J’ai utilisé l’argent que j’ai eu pour payer les frais de scolarité de mes deux [plus grands] enfants [qui sont] au primaire. J’ai acheté de la nourriture avec le surplus d’argent, et maintenant nous sommes heureux. »