Ouganda : Une fille vend du jus d’hibiscus pour payer ses études

| septembre 7, 2015

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Winnie Ajok veut terminer ses études. Alors, elle passe son temps entre l’école et le marché.

La jeune fille de 17 ans cultive de l’hibiscus sur un quart d’hectare à Naava, un village situé à 75 kilomètres, à l’est de Kampala, la capitale ougandaise. Mme Ajok récolte les fleurs et en extrait du bon jus mauve qu’elle vend au marché, à proximité de Njeru.

Tout comme la plupart des élèves, elle est décidée à réussir dans ses études. À la différence de la majeure partie de ses camarades, Mme Ajok a échappé à un incendie qui a détruit sa maison et tué deux de ses frères et sœurs.

En 2011, le beau-père d’Ajok a roué de coups sa mère. Cette dernière a alors pris les enfants et a déménagé chez sa sœur. Mme Ajok raconte : « [Mon beau-père] est venu chez ma tante, nous a enfermés à l’intérieur, a arrosé les lieux d’essence et a mis le feu. Deux de mes frères et sœurs ont péri. Mes deux frères, ma mère, ma tante et moi avons été secourus par des voisin(e)s, mais nous avons été grièvement brûlés. Nous vivons maintenant avec de grandes cicatrices sur nos corps. »

La police a arrêté son beau-père. Toutefois, suite aux négociations qu’ont eues les deux familles, il a été libéré sur un engagement de la police après qu’il a accepté de payer une compensation d’une valeur de douze vaches. Ensemble, les familles ont abattu et mangé une des vaches en signe de réconciliation.

En mars 2014, une ONG a organisé un atelier d’une semaine sur les techniques agricoles au profit de plus d’une centaine de femmes de l’église de Mme Ajok. Les femmes ont appris à cultiver des légumes et d’autres plantes, y compris l’hibiscus, et à produire du jus à base de fleurs d’hibiscus.

Après la formation, Mme Ajok a testé ses nouvelles techniques. Elle a labouré le petit lopin de terre situé derrière la maison de sa tante et y a semé des graines d’hibiscus.

Photo: Winnie Ajok. Credit: Geoffrey Ojok

Photo: Winnie Ajok. Credit: Geoffrey Ojok

Trois mois plus tard, les fleurs étaient prêtes pour la récolte. Mme Ajok raconte : « Ma mère et moi avons cueilli les fleurs, les avons débarrassé de leurs enveloppes extérieures, puis les avons pressées dans un contenant propre, y avons ajouté de l’eau avant de filtrer le mélange. Nous utilisons des pelures de citron en guise d’agent de conservation. »

Lorsque le jus fut prêt, Mme Ajok a commencé à en vendre le soir après les cours. Les commerçant(e)s et les client(e)s en raffolaient plus en plus. Maintenant, elle fabrique et vend 20 litres de cette boisson désaltérante tous les jours. Elle gagne 30 000 shillings ougandais [8,15 $US] avec un jerrican de jus. Mme Ajok déclare : « Ma mère vend également des feuilles d’hibiscus fraîches au marché. En un mois, nous pouvons gagner jusqu’à 900 000 shillings [245 $US]. »

L’hibiscus est très cultivé dans le nord et l’est de l’Ouganda. Connu localement sous le nom de malakwang, on le prépare souvent avec de la pâte de sésame ou d’arachide. Des études démontrent que l’hibiscus est efficace contre l’obésité et les cas légers d’hypertension artérielle. La plante est également un aliment de plus en plus consommé.

Cela fait plusieurs années que Roseline Mutebi cultive l’hibiscus. Elle avait l’habitude de vendre les fleurs et les feuilles sur les marchés, au nord et à l’est de l’Ouganda. Cependant, elle dispose désormais d’un marché local. Elle raconte : « C’est le premier produit qui s’épuise après que j’ai récolté de mon jardin. »

Hannaniah Mununuzi est commerçant à Njeru. Il est impressionné par la façon dont grandit l’entreprise de jus de Mme Ajok. Il déclare : « Son problème c’est qu’il s’agit une activité saisonnière. À part ça, le jus d’hibiscus est celui que tout le monde recherche pour étancher sa soif. »

Mme Ajok a surmonté les pertes qu’elle a subies à cause de son beau-père. Maintenant, elle est heureuse, car elle gagne suffisamment d’argent pour poursuivre ses études. Elle déclare : « Ma mère et moi travaillons dur pour récolter de l’argent pour mes études supérieures. Cet argent implique que nous pouvons également acheter de la nourriture pour la famille. »