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Ouganda : Un agriculteur triomphe de la sécheresse en produisant du foin et de l’ensilage (The Observer)

Malgré le soleil brûlant du midi en ce mois de janvier, qui oblige plusieurs à s’abriter à l’ombre, Mugisha Besigye marche à travers des pâturages remplis d’espèces de graminées importées qu’il utilise pour préparer du foin et de l’ensilage pour ses vaches laitières. Sur l’exploitation, environ une douzaine d’hommes vigoureux sont occupés à laver des bidons à lait ou nettoyer la zone de traite, pendant que d’autres nourrissent les vaches, coupent l’herbe ou prennent soin des veaux.

La majeure partie des producteurs laitiers veulent avoir de grandes parcelles avant de commencer. Cependant, monsieur Besigye est d’un avis différent. Ce magistrat retraité de 68 ans a découvert un secret : le foin et l’ensilage.

La ferme laitière de monsieur Besigye est située à Buyuki, dans le district de Mukono, dans la région centrale de l’Ouganda, et abrite plus de 150 vaches frisonnes et Ayrshire.

Bien que l’herbe naturelle de sa ferme soit sèche, monsieur Besigye soutient que ses vaches n’ont jamais souffert des impacts négatifs d’une saison sèche. Il déclare : « Grâce à la technologie moderne, on n’a pas besoin d’une grande superficie pour aménager une ferme laitière commerciale. On peut nourrir plus de 100 vaches sur moins de 20 acres de terre avec du foin et de l’ensilage. »

Le foin est constitué d’herbe coupée, séchée et entreposée pour servir d’aliments pour les ruminants tels que les bovins, les chevaux, les chèvres et les moutons. L’ensilage est un fourrage fermenté entreposé qui peut être servi aux bovins, aux moutons et à d’autres ruminants.

La différence c’est que le foin est gardé sec, tandis que l’ensilage reste plus humide. Monsieur Besigye cultive de l’herbe sur vingt acres pour en faire du foin et du maïs pour l’ensilage sur cinq acres.

L’élevage laitier l’a fasciné au milieu des années 80 alors qu’il travaillait comme magistrat à Bushenyi. En 1996, il acheta deux vaches qu’il éleva dans sa résidence, à Mbuya. Lorsque les vaches se reproduisirent et parvinrent au nombre de sept, il commença à chercher une terre.

En 2000, il acheta 50 acres à Buyuki au prix de 20 millions de shillings (environ 12 500 $ US en 2000), et y transporta ses vaches afin de démarrer la ferme de Kaganga. Il se retira de la fonction publique en 2007 pour se consacrer entièrement à ses vaches.

Il déclare : « Lorsque les gens vont à la retraite, ils souffrent généralement. Après la retraite, par conséquent, vous avez besoin d’une source raisonnable de revenus. »

Mais il n’y avait pas d’herbes appétissantes sur la terre qu’il avait achetée. Par conséquent, il défricha les buissons et planta des graminées non indigènes. Son but était de contrer les sécheresses récurrentes qui entraînent la mort du bétail dans plusieurs localités du pays.
Quand vous observez ses vaches, vous constaterez à quel point monsieur Besigye a dompté la saison sèche. Il explique : « Avec les graminées non indigènes, on peut faire du foin, car la saison sèche durera jusqu’en fin février probablement. Donc, on nourrira les animaux avec du foin et de l’ensilage. »

Même s’il vit à Mbuya, dans la capitale ougandaise, Kampala, ce père de quatre enfants se rend chaque jour à Mukono, à près 20 kilomètres. Il explique : « Tout comme d’autres activités, votre présence est obligatoire si vous voulez gérer une ferme commerciale avec de bons résultats. »

Monsieur Besigye affirme que la majorité de gens ne considère pas l’agriculture comme une profession, et finit ainsi par perdre leurs investissements à cause d’une mauvaise planification et d’une mauvaise gestion.

Au fil du temps, il a élargi la ferme de Kaganga de 50 à 120 acres pour accueillir ses vaches qui dépassent 150. Quand la saison est bonne, les vaches produisent jusqu’à 500 litres de lait par jour.

Jusqu’en 2014, il vendait le lait à un intermédiaire. Mais il a réalisé qu’il pouvait faire mieux en ouvrant une boutique de produits laitiers dans la ville de Mukono. La boutique vend maintenant en moyenne 300 litres de lait par jour. Il vend le litre de lait aux détaillants à 1 000 shillings ougandais (0,26 $ US), et aux consommateurs à 1 500 (0,40 $ US).

Monsieur Besigye a quelques taureaux qu’il vend et utilise pour féconder les génisses. Il vend un taureau adulte à trois millions de shillings (790 $ US), et les taureaux destinés à l’élevage entre 800 000 et 1,2 million (211 $ à 316 $ US). Il vend ses génisses à 3 500 000 shillings ougandais (922 $ US).

Il a également installé l’électricité, l’eau et l’équipement pour la fabrication du yaourt et le conditionnement du lait pour une plus longue durée de conservation. Il compte démarrer ce volet de son entreprise plus tard cette année.

Voici les recettes de monsieur Besigye pour la préparation du foin et de l’ensilage.
Pour faire du foin :
• Coupez de l’herbe de trois mois.
• Faites-la sécher pendant au moins trois jours, en fonction des conditions climatiques.
• Attachez ça avec une machine.
• Conservez ça dans un entrepôt aéré.
• Tant que le foin est sec, on peut le conserver pendant plusieurs années au besoin.

Pour faire de l’ensilage :
• Cultivez le maïs jusqu’à ce qu’il soit prêt pour la récolte.
• Récoltez tout le plant de maïs (tige, feuilles et épis).
• Creusez une fosse et répandez de l’herbe à l’intérieur.
• Hachez le maïs récolté à l’aide d’une machine.
• Répandez ça à l’intérieur de la fosse et couvrez celle-ci avec du plastique pour éviter que l’air y pénètre.
• Laissez le tout fermenter pendant deux mois.
• Ouvrez et donnez le contenu à manger aux animaux.

La présente nouvelle est adaptée d’un article intitulé « Besigye’s farm overcomes drought through hay, silage improvisation,” publié par The Observer. Pour lire l’article original, cliquez sur : https://observer.ug/lifestyle/56742-besigye-s-farm-overcomes-drought-through-hay-silage-improvisation.html [1].