Dans le district de Masaka, Josephine Nabbanga s’occupe soigneusement de sa colonie de criquets, un casse-croûte de plus en plus prisé en Ouganda, tant comme aliment pour les personnes que pour les animaux.
À l’instar de plusieurs agriculteurs et agricultrices d’exploitations familiales, madame Nabbanga peinait avec le coût élevé de la moulée, le principal choix qu’elle avait pour nourrir ses criquets. Elle explique que c’était cher et souvent difficile à trouver, ce qui l’obligeait à chercher d’autres solutions si elle voulait que son entreprise grandisse.
Sa solution lui est venue de chercheurs de l’Uganda Christian University (UCU) qui ont développé des aliments pour criquets faits à base de résidus d’aliments disponibles localement. Avec des déchets, tels que les pelures de bananes, des restes de riz et d’autres résidus de nourriture provenant des marchés et des restaurants, l’équipe transforme ces déchets en une poudre riche en nutriments. Cet aliment est soumis à un traitement thermique, séché et mélangé pour en faire un produit spécialement conçu pour l’élevage des criquets.
Le chercheur en chef Geoffrey Ssepuuya affirme que cet aliment permet aux criquets de se développer entre huit et dix semaines, au lieu de 12, et il favorise une forte reproduction de sorte que les agriculteurs et les agricultrices peuvent accroître rapidement leur production.
Josephine Nabbanga raconte que le nouvel aliment a changé toute la donne pour elle. Elle déclare : « Nous économisons beaucoup d’argent. Il nous aide avec nos criquets, et nous songeons même à l’utiliser pour nos porcs. »
L’élevage de criquets constitue une autre source de protéine durable, mais les coûts ont longtemps constitué un obstacle. Un kilogramme de moulée traditionnelle coûte environ 0,68 $ US, ce qui limite la capacité des éleveurs et des éleveuses à accroître leurs activités. En utilisant les résidus d’aliments, le projet UCU résout deux problèmes à la fois : le coût élevé des aliments et le défi croissant de la gestion des déchets à Kampala.
Daniel Nuwabiine, porte-parole de la Kampala Capital City Authority (KCCA), note que 45 pour cent seulement des 481 000 tonnes des déchets solides de la ville sont ramassées chaque jour. Le reste obstrue les canalisations, cause des inondations et pollue l’environnement. Il déclare : « Nous avons besoins de tels partenaires et solutions. »
Monsieur Sspuuya ajoute que, par jour, jusqu’à trois tonnes de résidus d’aliments pourraient servir pour la production d’aliments pour animaux, ce qui offre une option plus durable aux produits d’origine animale. Les restaurants et les marchés qui fournissent les déchets participent à une économie circulaire, procurent aux agriculteurs et aux agricultrices des aliments moins coûteux tout en aidant la ville à gérer les ordures.
Outre les avantages pour l’environnement, le projet contribue à l’amélioration des revenus et de la nutrition des ménages. Madame Nabbanga et d’autres éleveurs et éleveuses peuvent vendre plus de criquets et d’œufs, gagnant ainsi des revenus pour leurs familles. L’équipe recherche actuellement une certification du Bureau national des normes de l’Ouganda avant de lancer la commercialisation à grande échelle.
Monsieur Ssepuuya conclut : « Cette innovation aide les agriculteurs, protège l’environnement et crée de nouvelles possibilités d’affaires. C’est une simple idée qui a un grand impact. »
Photo : Le chercheur en chef Geoffery Ssepuuya discute avec des fournisseurs locaux concernant les résidus d’aliments qu’il transforme en aliments pour les criquets. Photo fournie gracieusement par John Musenze.
La présente nouvelle est inspirée d’un article écrit par John Musenze pour SciDev, intitulé « Uganda’s snack crickets chomp on food waste. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : https://www.scidev.net/global/supported-content/ugandas-snack-crickets-chomp-on-food-waste/ [1].