Ouganda : Les femmes enceintes peinent à accéder aux services de santé sexuelle et de la reproduction à cause des mesures de confinement du COVID-19

| novembre 9, 2020

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Nouvelle en bref

En Ouganda, les femmes enceintes ont des difficultés, car le confinement imposé par le COVID-19 complique plus l’accès aux services de santé sexuelle et de la reproduction. Milly Apiyo, 25 ans, est mère d’un enfant, et a eu un enfant mort-né dans le neuvième mois de sa grossesse, alors qu’elle ne pouvait pas se rendre dans un hôpital régional. Durant la pandémie, le coût des transports publics a triplé. Madame Apiyo eut des complications et les médecins d’un centre de santé du coin l’informèrent qu’elle devrait parcourir 50 kilomètres pour se rendre à l’Hôpital central régional de Gulu, car, sinon, elle risquait de perdre son enfant.

Milly Apiyo éclate en sanglots en essayant d’expliquer comment elle a récemment perdu l’enfant qu’elle portait parce qu’elle ne pouvait pas se rendre dans un centre de santé.

Elle a perdu le bébé, car sa famille ne pouvait pas avoir l’argent pour payer le transport public, dont le coût a triplé en raison des mesures préventives contre le COVID-19. Elle déclare : « Je n’arrive pas à croire qu’il est mort, mon futur enfant et mon premier garçon. »

Madame, 25 ans, mère d’un enfant, vit dans le village paroissial d’Oroko, dans le district de Gulu. C’est une agricultrice d’exploitation familiale et son mari est handicapé.

En fin juillet, elle perdit son futur enfant au neuvième mois par suite de complications à l’accouchement, une situation que les médecins appelaient mort intra-utérine du fœtus.

Madame Apiyo avait senti une douleur persistante au bas de l’abdomen et dans l’utérus la veille du décès de son enfant à naître.

Elle explique : « J’ai demandé une aide médicale au Centre de santé III voisin d’Oroko, à environ quatre kilomètres de chez moi. Les médecins me conseillèrent d’aller à l’Hôpital central régional de Gulu, dans la ville de Gulu, à près de 50 kilomètres, pour avoir rapidement de l’aide, sinon je risquais de perdre mon futur enfant. »

Cependant, la famille de madame Apiyo ne parvint pas à récolter l’argent nécessaire pour payer le transport à cause de la hausse des tarifs due au COVID-19.

Elle explique : « Le coût du transport public pour aller à l’Hôpital central régional de Gulu est de 60 000 shillings ougandais (16,06 $ US). Le prix a triplé à cause de la pandémie du COVID-19. Le gouvernement a également annoncé que chaque véhicule devait transporter la moitié des passagers pouvant y entrer. »

Elle ajoute : « Nous avons tout fait pour réunir les fonds, mais nous n’y sommes pas parvenus, car nos petits commerces ont arrêté de fonctionner en raison des mêmes répercussions du COVID-19. Avec mon mari, nous avons tenté de demander de l’aide auprès de parents et d’ami(e)s résidant en ville. Mais eux/elles aussi ont déclaré qu’ils / elles n’avaient pas d’argent puisque la pandémie du COVID-19 avait paralysé leurs affaires. »

Ne pouvant pas accéder aux services de santé de l’hôpital situé loin, madame Apiyo retourna le lendemain au Centre de santé III d’Oroko avec de fortes douleurs.

Pour sauver sa vie et celle de son futur enfant, le personnel du centre demanda une ambulance à l’Hôpital central régional de Gulu. Mais il était déjà trop tard. Elle avait commencé à saigner et personne ne pouvait l’assister dans l’ambulance.

Elle déclare : « Je crois que le mauvais état de la route a aggravé mes douleurs et mes saignements. L’ambulance a passé sept heures avant d’arriver à destination, mais j’avais trop saigné et je savais que quelque chose n’allait pas. »

Quand l’ambulance arriva à l’hôpital, madame Apiyo était presque inconsciente. Les infirmiers et les infirmières la transportèrent rapidement à la maternité.

Selon les médecins, l’enfant était mort à cause d’une hémorragie massive et d’une détresse fœtale. Madame Apiyo déclare : « C’est une expérience tellement douloureuse pour moi, mais je sais que Dieu n’a pas dit son dernier mot. La pandémie du COVID-19 m’a non seulement privée de ma source de revenus, mais elle a également contribué à la mort de mon enfant. »

Elle ajoute : « Plusieurs fois, j’ai raté les visites prénatales et les contrôles de routine à cause du manque de moyen de transport pour me rendre dans les centres de santé. Chaque fois que j’étais malade, je payais des antidouleurs dans une pharmacie voisine, pensant que tout irait bien. »

Les visites prénatales sont importantes et l’Organisation mondiale de la Santé préconise au moins quatre.

La Dre Christine Akidi Susan est la responsable de la maternité de l’Hôpital central régional de Gulu. À ses dires, comme le gouvernement a imposé un confinement sur toute l’étendue du territoire à cause de la pandémie de la COVID-19 en mars dernier, l’Hôpital central régional de Gulu enregistre au moins 16 cas de mort fœtale intra-utérine et de mort-né chaque semaine.

La Dre Akidi déclare : « L’interdiction de circulation des transports publics et l’augmentation des tarifs en raison du COVID-19 obligent les femmes enceintes à recourir à l’automédication et à solliciter l’aide des accoucheuses traditionnelles. Cela met leur vie et celle de leurs futurs enfants en danger. »

Pour éviter ou minimiser le type d’incident qu’a vécu madame Apiyo, la Dre Akidi affirme qu’en partenariat avec le groupe de travail sur le COVID-19, l’hôpital mène actuellement certaines actions pour aider les femmes enceintes.

Elle explique : « Dans les différentes régions, nous avons démarré une vaste sensibilisation communautaire sur la santé maternelle, des services d’approche communautaire et d’ambulances de secours pour parer aux situations d’urgence. Nous réclamons également des visites médicales régulières pour les femmes enceintes.

La présente nouvelle a été produite avec le soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.

Photo: Dr Christine Akidi Susan a l’hopital Gulu Regional Referral.