Ouganda : Le séchage du maïs sur le sol accroît les risques pour la santé et nuit aux exportations (Global Press Journal)

| octobre 14, 2019

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Nouvelle en bref

Le séchage du maïs sur le sol peut avoir de graves conséquences sur la santé. C’est pourquoi les expert(e)s recommandent de le faire sécher sur une bâche. Mais, en Ouganda, des agriculteurs et des agricultrices comme Namulondo Kekurina ne peuvent pas s’en procurer. Il en faudrait 10 à madame Kekurina pour sécher son maïs. Faire sécher le maïs par terre augmente le risque de contamination par des microorganismes comme les champignons qui produisent l’aflatoxine, un facteur de risques sanitaires tels que le cancer. L’aflatoxine constitue aussi un problème pour l’économie. Environ 40 % du maïs cultivé en Ouganda contient un taux excessif d’aflatoxine. L’an dernier, le Kenya a rejeté 600 000 tonnes de maïs cultivé en Ouganda à cause des taux élevés inacceptables d’aflatoxines.

Le maïs de Namulondo Kekurina pousse bien. C’est sa deuxième récolte de la saison et elle a déjà rapporté plus que sa famille peut consommer, y compris ses sept petits-enfants dont elle s’occupe. Pour conserver son maïs, elle le fait sécher de manière traditionnelle en l’étalant par terre durant quatre ou cinq jours.

Mais le séchage au sol peut nuire considérablement à la santé.

Madame Namulondo ignorait que cela pouvait entraîner l’apparition d’aflatoxines, des substances produites par des champignons et qui augmentent le risque du cancer du foie. Les champignons producteurs d’aflatoxine contaminent le plus souvent les cultures pendant la récolte et l’entreposage.

Ce dont madame Namulondo est certaine, c’est qu’elle ne peut pas s’offrir la bâche, qui est en fait un tissu épais imperméable qui empêche le maïs mis à sécher d’être en contact avec le sol. Les bâches coûtent 30 000 shillings ougandais (8 $ US) et lui en faudrait 10 environ pour sécher tout son maïs.

Archileo Kaaya est un professeur du département de technologie de l’alimentation, de nutrition et de génie biologique à l’Université de Makerere. Il a fait des recherches sur les aflatoxines pendant plus de 20 ans. Il affirme que près de 40 % du maïs cultivé en Ouganda contient des taux d’aflatoxines supérieurs aux normes imposées par la Communauté de l’Afrique de l’Est. Il explique : « C’est au moment où il se trouve sur le sol que le maïs est contaminé par des microorganismes [tels que] les bactéries, les champignons et les vers qui l’empoisonnent. »

Le maïs est la troisième culture plus importante après la banane plantain et le manioc en Ouganda. C’est également un principal produit d’exportation. Mais, actuellement, les taux d’aflatoxine élevés sont en train de compromettre la situation. En octobre dernier, le Kenya a rejeté 600 000 tonnes de maïs ougandais d’une valeur d’environ 180 milliards de shillings (48,5 millions de dollars), car il était contaminé par des aflatoxines à 40 parties par milliard, selon le Conseil des céréales de l’Afrique de l’Est. Le niveau maximum acceptable est de 10 parties par milliard.

Pausta Clessy Nuwagaba est le chargé de programmes des systèmes de commerce structurés du Conseil des céréales de l’Afrique de l’Est. Il déclare : « Nous savons que plusieurs agriculteurs ignorent ce qu’est l’aflatoxine … Cependant, cela fait quelques années que des campagnes sont menées pour les encourager à adopter de nouvelles techniques de séchage pour le maïs. »

Même si la sensibilisation des agriculteurs et des agricultrices d’exploitations familiales pourrait réduire le problème, la plus grosse difficulté réside au niveau du marché céréalier national selon lui. Monsieur Nuwagaba soutient qu’il existe du maïs de toutes les qualités et de toutes les variétés sur les marchés céréaliers.

Toutefois, un nouveau projet de loi est en examen, affirme Joshua Mutambi, commissaire à la direction de la transformation et la commercialisation du ministère du Commerce. Ce nouveau projet de loi pourrait, entre autres, renforcer la réglementation de l’industrie céréalière.

Il déclare : « Le but est d’apporter une valeur ajoutée à nos céréales afin de [respecter] les normes qui les rendent propres à la consommation et à la vente. »

Cependant, la réglementation des marchés céréaliers ne suffira pas à régler la difficulté qu’ont de nombreux producteurs et productrices de maïs à se procurer l’équipement nécessaire pour prévenir la contamination par l’aflatoxine.

Mugabi Sulayimani fait toujours sécher son maïs sur le sol. La bâche est un luxe qu’il ne peut s’offrir. Il récolte près de 1 000 kilogrammes de maïs par saison. Pour chaque kilogramme, il gagne 300 à 700 shillings (0,08 $ à 0,19 $ US).

Il déclare : « C’est très peu d’argent pour payer les frais de scolarité de mes enfants, subvenir à leurs besoins et économiser aussi pour une bâche. »

Monsieur Namulondo approuve en déclarant : « Je cultive du maïs à petite échelle, récolte environ 1 000 à 1 200 kilogrammes par saison … Nous consommons et vendons également le surplus, mais cela ne nous rapporte pas tant d’argent. »

La présente nouvelle est adaptée d’un article rédigé par Nakisanze Segawa pour le Global Press Journal, et intitulé : « Drying maize on the ground increases health risks and decreases exports in Uganda. » Pour lire l’article original, cliquez sur : https://globalpressjournal.com/africa/uganda/drying-maize-ground-increases-health-risks-decreases-exports-uganda/.