Ouganda : La radio pour la promotion de la justice et des droits de la personne au nord de l’Ouganda

| septembre 29, 2014

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Le son d’un carillon retentit dans les haut-parleurs de la radio. Une grosse voix masculine se fait entendre : « Ici l’émission « Facing Justice » que vous propose l’Institute of War and Peace Reporting. Nous aborderons les questions sur la justice et les droits de la personne au nord de l’Ouganda. »

Facing Justice était diffusée toutes les deux semaines par les stations de radio de sept districts au nord de l’Ouganda. Diffusée pour la première fois en septembre 2009, l’émission a pris fin en 2013. Pendant ses quatre ans d’existence, elle a permis à une population détruite par deux décennies de guerre de se reconstruire.

Les stations de radio locales du nord de l’Ouganda ont été très courageuses d’aborder la question de la justice et des droits de la personne. Maintenant, environ 4,6 millions d’Ougandaises et d’Ougandais écoutent le débat sur le processus de réconciliation, diffusé deux fois par semaine sur Mega FM, Radio Rhino, Voice of Teso, Radio Palwak et Radio Pacis.

En 2010 et 2011, le Northern Uganda Media Club (NUMEC) (Club média du nord de l’Ouganda) a pris le relais de l’émission Facing Justice, produite auparavant par l’Institute of War and Peace Reporting (IWPR). L’émission a été reprise et diffusée de nouveau par un réseau de 12 stations de radio, et la nouvelle version cumule toujours les succès.

Simon Jennings est le rédacteur pour la région Afrique de l’IWPR. Il déclare : « Cette émission radiophonique a fait suite à la mise en examen de Joseph Kony et des chefs de la LRA [Armée de résistance du Seigneur par la Cour pénale internationale en 2005. L’objectif était de suivre ces développements et de permettre aux gens de s’exprimer et d’avoir [un] aperçu de ces procédures complexes. »

M. Jennings ajoute : « La radio est un outil capital. Nous avons pu toucher une très grande audience. »

Facing Justice était une émission de 30 minutes diffusée en anglais, en luo, teso et logbara. Elle traitait de thèmes communautaires, tels que la disponibilité des services de santé, la violence fondée sur le sexe et l’accès à l’eau potable.

Cependant, Facing Justice n’était pas simplement une émission radiophonique. L’IWPR a formé des journalistes indépendants ougandais et des employés dans ses stations de radio partenaires sur le journalisme d’enquête. Les journalistes ont appris à mieux aborder des histoires comme celle de la traque de Kony. Les personnes déplacées retournaient toujours chez elles et ce sujet, en particulier, était assez sensible pour plusieurs auditrices et auditeurs.

« Certains journalistes formés par l’IWPR sont allés travailler comme reporteurs pour des médias à Gulu, Lira et Kampala. Un reporteur est actuellement le correspondant du quotidien National Daily Monitor en Ouganda. Nous avons formé au total 30 à 40 journalistes, » soutient M. Jennings.

Moses Odokonyero est le président du NUMEC. Il déclare : « Après le lancement de Facing Justice en 2009, de nouveaux modules de formation sur le journalisme d’enquête et la production technique de son pour la radio a permis de relever le niveau des journalistes locaux en termes de reportage. »

Il poursuit : « Cela a également permis d’équiper les journalistes avec [des] techniques de rédaction particulières nécessaires pour le choix des sujets et des angles de diffusion des histoires qu’ils jugent intéressantes pour l’audience locale. »

À mesure que la situation s’améliore dans le nord de l’Ouganda, la programmation d’émissions de radio tient compte des besoins des auditrices et des auditeurs. Au début de cette année, le NUMEC a lancé Voices for Peace (Des voix pour la paix), une émission radiophonique visant à reconstruire la paix. Elle continue là où Facing Justice a pris fin.

« Voices for Peace, qui sera diffusée pendant toute l’année 2014, est plus qu’une tribune de partage d’informations sur la paix. [Elle vise à susciter] un débat autour des questions se rapportant à la période post-conflit au nord de l’Ouganda, et contribue donc à désenvenimer des conflits qui autrement pourraient devenir violents, » explique M. Odokonyero.