Ouganda: Des agriculteurs rejettent les semences génétiquement modifiées (Daily Monitor)

| juin 6, 2011

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Des agriculteurs de l’Ouganda ont fermement rejeté l’utilisation de semences génétiquement modifiées. Lors d’une réunion d’un groupe d’agriculteurs de Mukono, en Ouganda, des agriculteurs ont déclaré que l’utilisation de semences génétiquement modifiées peut être nuisible aux semences indigènes. Ils ont noté que les organismes génétiquement modifiés (OGM) ne sont pas la solution aux défis alimentaires de l’Ouganda ou de l’Afrique, mais posent plutôt plus de problèmes.

En octobre dernier, des chercheurs de l’Ouganda et du Kenya ont reçu le feu vert pour planter du maïs génétiquement modifié de façon expérimentale. Les chercheurs ougandais ont travaillé à développer des variétés de bananes génétiquement modifiées qui sont résistantes au flétrissement bactérien de la banane. Le coton génétiquement modifié est également testé dans les régions de Serere et Kasese, en Ouganda. Il y a des plans en cours pour faire des essais pour le manioc, le riz et la patate douce.

La réunion du groupe d’agriculteurs qui a eu lieu en mai a été organisée par PELUM Ouganda, un réseau d’ONGs ougandaises qui travaillent à améliorer les moyens de subsistance des petits agriculteurs. La déclaration commune préparée par les agriculteurs déclare: « La protection et la préservation des populations autochtones et des semences traditionnelles est fondamentale pour garantir la sécurité alimentaire ». Les agriculteurs s’inquiètent du fait que l’exploitation de cultures GM ferait passer le contrôle des semences des mains des agriculteurs aux entreprises privées. Les semences génétiquement modifiées rendent les agriculteurs à petite échelle dépendants des producteurs de semences, en ne leur permettant pas de replanter les graines récoltées, comme cela ce fait traditionnellement depuis des générations. Les agriculteurs sont aussi incertains des impacts potentiels des cultures GM.

M. Robert Tumwesigye est le directeur de Pro-Biodiversity Conservationists, en Ouganda. Il a dit que les essais d’OGM en Ouganda ont été faits à la hâte et au hasard. L’absence de loi pour réglementer la technologie n’améliore pas les choses. Il dit: « Les OGM sont arrivés, mais ils sont un faux espoir pour la sécurité alimentaire ».

Bien que les agriculteurs représentent 80% de la population ougandaise, ils sont confrontés à la tâche difficile d’inverser la tendance parmi les chercheurs et les agents du gouvernement qui favorisent le développement des OGM. Les agriculteurs savent aussi que les OGM sont promus par des sociétés multinationales ayant des intérêts commerciaux.

Dr Ricarda Steinbrecher est chercheuse à Econexus, une organisation qui analyse l’impact des développements scientifiques sur l’environnement et la société. Elle dit: « Il n’est aucunement nécessaire d’avoir recours aux OGM en agriculture, étant donné que la reproduction associée à des pratiques agricoles innovantes sont mieux à même de relever les défis à venir. » Elle note que la sélection végétale classique a déjà produit du maïs résistant à la sécheresse, du mil riche en vitamine A et du riz résistant aux inondations. Elle ajoute: « Et les mesures agro-écologiques telles que les pratiques biologiques impliquant des cultures multiples ont montré que le rendement peut être jusqu’à deux fois plus élevé avec l’utilisation de produits agrochimiques ».

M. Tumwesigye est préoccupé par le cadre juridique et le manque de protection pour les agriculteurs, en cas de problèmes. Il conseille: « Pour éviter une catastrophe imminente, le gouvernement devrait prendre des précautions avant d’introduire les OGM ».