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Ouganda : Des agriculteurs creusent des bassins pour avoir des réserves d’eau afin d’irriguer en période sèche

Il est midi passé de quelques minutes. Anthony Ariong essuie constamment du dos de la main gauche les gouttes de sueurs qui perlent sur son front. Il est en train de creuser un passage étroit avec une houe pour ouvrir un canal qui partira du bassin. Ce canal permettra à l’eau du bassin de circuler dans les tranchées creusées sur sa terre de deux acres et demie et d’irriguer son maïs vert qu’il a cultivé en association avec le manioc.

Monsieur Ariong déclare : « Mes cultures ont besoin d’eau pour ne pas faner. Je le fais tous les six à huit jours en saison sèche. Mes cultures paraissent en meilleure santé et avec ça, j’espère avoir une meilleure récolte qu’avec les cultures non irriguées. »

Monsieur Ariong est originaire du village de Loletio, dans le sous-comté de Panyangara, au nord-est de l’Ouganda. Il a perdu son emploi en 2015. Pour pouvoir continuer à subvenir aux besoins de sa famille, il a commencé à cultiver sur la terre qu’il avait achetée pendant qu’il travaillait à la fonction publique. Mais sa terre est située dans une région où l’eau est très rare en saison sèche à cause de la sécheresse et des pluies irrégulières.

Pour conserver l’eau pour l’irrigation pendant ces périodes sèches, monsieur Ariong a creusé sept bassins qui retiennent et conservent l’eau pour l’irrigation.

Ces bassins sont des fosses rectangulaires que les agriculteurs et les agricultrices des régions semi-arides utilisent surtout pour recueillir et conserver l’eau de pluie, en vue d’irriguer leurs cultures en saison sèche. Leur superficie varie en fonction des besoins de l’agriculteur ou l’agricultrice. Le plus grand bassin de monsieur Ariong a une superficie de 24 mètres sur 15 mètres.

Monsieur Ariong a appris les techniques pour conserver l’eau destinée à l’irrigation auprès de Mzee Simon Ochieng qui vit à Boke, un village du district de Tororo. Lorsque monsieur Ariong étudiait l’agriculture à l’université du district de Toroto, il a visité la ferme de monsieur Ochieng.

Monsieur Ochieng déclare : « Mon intention était de montrer aux gens de ma région qu’ils pouvaient produire des cultures ici avec les bonnes méthodes agricoles, telles que les bassins. »

Monsieur Ochieng soutient que les bassins sont faciles à utiliser et constituent un bon investissement. Comme la terre irriguée est toujours humide, les cultures poussent bien. Il ajoute : « Une fois que vous l’avez creusé, vous l’utilisez pendant plusieurs années. Le bassin retient l’eau pendant huit ou neuf mois, en fonction de la quantité de pluie tombée durant cette année-là. »

Bironika Aleri est une agricultrice du village de Loletio qui a été impressionnée par les bassins de monsieur Ariong, et qui a commencé à appliquer la même technique. Elle a recruté deux personnes pour creuser des bassins pour elle.

Madame Aleri explique : « Je me suis aventurée dans les bassins pour faire un essai, mais je ne l’ai jamais regretté. Ma récolte de maïs a doublé la saison dernière. J’ai pu également cultiver et récolter du haricot, ce qui aurait été impossible autrefois en raison de la longue sécheresse dans cette région. »

Benard Obin est le président des Services nationaux de conseil agricole du district de Kotido. Selon lui, les agriculteurs et les agricultrices devraient toujours gérer et conserver l’eau en saison pluvieuse, car les pluies sont imprévisibles.

Pour minimiser les pertes d’eau lorsqu’il utilise l’eau des bassins, monsieur Arion a creusé une diguette autour de son champ pour ralentir la vitesse de l’eau qui s’écoule dans les tranchées et les sillons. La réduction de la vitesse du débit d’eau permet à celle-ci de s’infiltrer dans le sol.

Les bassins ont amélioré les rendements de nombreux agriculteurs et agricultrices de la région. Monsieur Ariong a désormais des récoltes abondantes qui l’aident à obtenir un revenu suffisant pour sa famille.

Il déclare : « La saison dernière, j’ai récolté 16 sacs de haricot et 20 sacs de maïs qui m’ont rapporté 5 209 979 shillings ougandais (1 410 $ US) et 3 971 782 shillings ougandais respectivement. Cela a augmenté mon revenu pour la saison prochaine.

Monsieur Ariong ajoute : « Ma famille a suffisamment à manger et j’arrive à payer les frais de scolarité de mes trois enfants dans de bonnes écoles. »