Nouvelles en bref : Des Maasai tanzaniens victimes d’un ‘accaparement écologique de leurs terres’ (Agences)

| avril 15, 2013

Téléchargez cette nouvelle

Le gouvernement tanzanien se prépare à créer un « corridor faunique » dans le Parc national Serengeti, qui refusera aux Maasai locaux l’accès à leurs pâturages traditionnels.

Le Serengeti, choisi en février 2013 comme l’une des sept merveilles naturelles de l’Afrique, abrite la plus grande migration d’animaux terrestres sur la planète. Plus de deux millions de gnous et de zèbres, ainsi que des milliers de gazelles, parcourent plus de 800 kilomètres à travers les interminables plaines de Serengeti.

La région abrite plus de 70 espèces de gros mammifères. Mais, cette semaine, les autorités tanzaniennes cherchent à exclure deux espèces en particulier : les humains et les bovins.

Le ministère tanzanien des Ressources naturelles et du Tourisme a annoncé la semaine dernière qu’il ne permettrait plus aux Maasai et à leurs troupeaux de pénétrer dans une section de 1 500 kilomètres carrés de la zone de chasse contrôlée du gibier de Loliondo. L’opinion publique est divisée quant au but du projet.

Les éleveurs Maasai locaux disent que leurs animaux ne peuvent pas survivre sans accès à leurs pâturages traditionnels pendant la saison sèche. Le gouvernement prétend avoir besoin des terres comme couloir faunique entre le Serengeti et la zone de conservation de Ngorongoro.

Les accaparements des terres ne sont pas nouveaux. Souvent, les terres sans titre de propriété officiel sont vendues ou accordées à des sociétés privées engagées dans l’agriculture commerciale. Mais le projet du gouvernement tanzanien a été qualifié « d’accaparement écologique des terres », dans lequel des terres sont mises de côté à des fins de conservation. Cela affectera la vie et les moyens de subsistance de plus de 30 000 Maasai indigènes de la région.

Khamis Kagasheki est le ministre tanzanien des Ressources naturelles et du Tourisme. Il a affirmé : « Aucun gouvernement dans le monde ne peut tout simplement se permettre de laisser une zone aussi importante pour la conservation être gaspillée par le surpâturage ». Toutefois, bien des personnes pensent que la décision cache autre chose que des préoccupations écologiques.

L’une d’entre elles est Sarah Gilbertz. Elle travaille pour Survival International, groupe basé à Londres qui lutte pour les droits des peoples tribaux partout dans le monde. Elle a déclaré : « Même si le gouvernement prétend que les terres sont nécessaires comme couloir pour la faune, la zone est louée à la compagnie Ortello Business Corporation des Émirats Arabes Unis à des fins de chasse au gibier trophée ».

Robert Kamakia est un Maasai qui affirme que la restriction sonnera le glas de la collectivité locale. Il souligne que 90 pour cent de la population affectée par cette restriction dépend pour son revenu d’activités pastorales comme la garde des troupeaux de bovins et de chèvres.

Le gouvernement tanzanien dit qu’il va envoyer le secrétaire du parti au pouvoir dans la région pour discuter de la question. Mais les Maasai disent qu’il n’y a rien à discuter. Ils veulent récupérer leurs terres et ils estiment qu’il y a de la corruption dans l’air, du niveau national à celui du district.

Les Maasai préviennent qu’ils se battront pour leurs terres. Elirehema Saakai est un Maasai âgé de 70 ans qui réside à Ngorongoro. Il déclare que les animaux font face à une extinction en Tanzanie à cause de la chasse et de l’exportation. Il fait une mise en garde : « Ce sera comme d’autres pays qui ne sont plus capables d’offrir des safaris fauniques parce qu’ils ont autorisé la chasse de leurs animaux ou leur déplacement jusqu’à leur extinction ».