Nigéria : Il se peut que les personnes déplacées à l’intérieur ne puissent pas voter (Trust)

| janvier 26, 2015

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Lorsque Boko Haram a attaqué pour la première fois le village de Daniel Dunya, des dizaines d’hommes lourdement armés ont volé tout le bétail du village et kidnappé de nombreuses femmes. À leur deuxième passage, ils ont brûlé des églises et plusieurs maisons. Lorsqu’ils sont revenus la troisième fois, c’était pour enlever des filles et tuer des hommes. M. Dunya était prêt à partir.

Le domicile de M. Dunya se trouve près de la ville de Gwoza, dans la zone montagneuse située non loin de la frontière camerounaise. Comme la région est actuellement contrôlée par Boko Haram, il a pris la décision difficile de s’en aller.

Il vit actuellement au camp pour personnes déplacées de Makholi dans l’État d’Adamawa. Il raconte : « [J’ai perdu] presque tous mes documents, y compris ma carte d’électeur, car j’étais en train de m’enfuir. »

Les personnes qui fuient la vague de violent ont déjà perdu leurs proches, leurs moyens de subsistance et la plupart de leurs biens. Maintenant, il semble qu’elles vont perdre leur droit de vote. M. Dunya déclare : « J’aurais voté pour un candidat qui ramènerait la paix. »

Le Nigéria tiendra des élections présidentielles en février. La législation nigériane stipule que les gens doivent voter dans leurs circonscriptions d’origine. Mais la pensée d’un retour chez eux est trop douloureuse à envisager pour plusieurs d’entre eux.

M. Dunya explique : « Ils me tueront si je retourne dans ma municipalité. Boko Haram [est] toujours dans les parages. » Cependant, il espère toujours qu’il pourra voter, d’une manière ou d’une autre.

L’ONG internationale Oxfam estime qu’un million et demi de personnes ont fui leurs maisons à la suite des opérations de Boko Haram. La commission nationale électorale indépendante (INEC) affirme qu’elle se dépêche de distribuer les cartes d’électeurs aux personnes qui ont dû partir suite aux violences.

L’an passé, le parlement nigérian a décidé de ne pas modifier la loi qui exige que les gens votent dans leurs régions d’origine. L’INEC essaie de trouver une solution de rechange à cette loi, mais près de la moitié des électeurs inscrits au Nigéria sont toujours dans l’attente de leurs cartes d’électeur.

L’INEC a installé récemment des tentes sur un grand terrain sablonneux à l’entrée de la Modibbo Adama University of Technology de Yola, la capitale de l’État d’Adamawa. Ils distribuent les cartes d’électeurs aux ressortissants de la région de Madagali contrôlée par Boko Haram. Chaque tente représente une circonscription différente.

Des bénévoles classent des piles de cartes d’électeur sur les tables et lisent à haute voix les noms des personnes qui attendent. Il s’agit d’un énorme problème. En effet, cinq autorités locales contrôlées par Boko Haram dans le seul État d’Adamawa, regroupent plus de 350 000 électeurs.

L’INEC a un autre problème, à savoir l’attitude exacte à adopter le jour du scrutin. Un commissaire aux élections déclare : « Je ne sais pas encore comment ils vont voter. Nous attendons de voir. »

Hajaratu Tumba est une agricultrice originaire de l’État d’Adamawa. Elle semble perplexe lorsqu’on lui pose des questions sur les prochaines élections. Elle n’y a pas beaucoup pensé. Mme Tumba raconte : « Lorsqu’ils ont attaqué mon village, ils ont tué des hommes et ont dit aux femmes qu’ils [allaient] nous convertir. J’ai couru et couru encore. Je suis restée dans la forêt pendant trois jours sans manger ni boire. »

Elle ajoute : « Je suis venue ici sans rien. Juste ma personne. »

Pour lire l’article duquel provient cette histoire intitulée « Les Nigérian(e)s devenus des sans-abri à cause de Boko Haram semblent être en train de perdre leur droit de vote également », cliquez sur : http://www.trust.org/item/20150115162409-v1dx8/