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Nigeria : Des agriculteur.trice.s utilisent des arrosoirs pour cultiver du maïs en saison sèche

Le jour se lève et il fait très froid. Abbas Jaafaru Julde est déjà debout et arrose son champ de maïs avec de l’eau qu’il puise avec un arrosoir dans un courant d’eau du coin. Son sourire montre qu’il aime ce qu’il fait.

Il explique : « Je dois arroser mon maïs très tôt avant le lever du soleil. C’est ce que je fais depuis 2009, lorsque j’ai décidé de cultiver le maïs en saison sèche. »

Selon monsieur Julde, il arrose ses cultures tôt le matin, car dès que le soleil se lève, l’eau se réchauffe et s’évapore parfois des plantes.

Le champ de monsieur Julde se trouve à Saminaka, dans l’État de Kaduna, au Nigeria. À ses dires, même si beaucoup d’agriculteur.trice.s d’exploitations familiales de la région cultivent du maïs en saison pluvieuse, il a décidé d’en cultiver également en saison sèche pour gagner plus d’argent.

Cependant l’eau est un facteur limitant en saison sèche. Monsieur Julde explique : « Il n’y a pas de système d’irrigation dans notre région pour faciliter nos activités agricoles en saison sèche. J’ai une terre agricole de plusieurs hectares, mais je cultive seulement du maïs sur un hectare en saison sèche à cause du manque d’eau. »

Il ajoute : « Même ce cours d’eau n’est pas fiable, car, durant l’année parfois, il tarit et nous sommes obligés d’aller chercher de l’eau dans un puits très éloigné de mon champ. »

Pour réduire le stress des longues distances à parcourir pour se rendre au puits, monsieur Julde sème tôt, en début de saison sèche, entre fin de septembre et mi-octobre. Ce maïs semé tôt est prêt pour la récolte avant décembre, c’est-à-dire à la moitié de la saison sèche.

Monsieur Julde soutient que comme il n’existe pas de système d’irrigation et de forages dans la région, il utilise un arrosoir pour arroser son maïs. Il ajoute : « Nous avons fait appel au gouvernement pour nous aider avec des installations d’irrigation, afin que nous puissions cultiver plus de maïs et d’autres denrées en saison sèche. »

Amina Abdulkadir est une autre agricultrice qui cultive du maïs en saison sèche. La mère de 47 ans arrose également son maïs avec un arrosoir, son bébé attaché au dos. Elle déclare : « Bien que l’arrosage du maïs avec un arrosoir soit exigeant, je dois le faire, car je dois soutenir mon mari avec l’argent que me rapporte la culture du maïs en saison sèche. »

Madame Adbulkadir raconte que, même s’il est difficile d’arroser toutes les cultures du champ avec un arrosoir cette année, elle a décidé de tester une nouvelle variété de maïs dont lui a parlé une amie.

Elle explique : « Mon amie m’a parlé d’une variété qui arrivait à maturité en 70 jours au lieu de 90. Avec cette variété hâtive, les cultures arrivent à maturité avant que le sol s’assèche, c’est-à-dire au moment où les cultures ont besoin d’être arrosées encore plus. »

Shamsu Ado Zakari est chercheur et chargé de cours au Audu Bako College of Agriculture. Selon lui, l’agriculture en saison sèche permet à de nombreux agriculteur.trice.s de s’en sortir face à la pluviométrie irrégulière et à la saison pluvieuse relativement courte.

Monsieur Zakari explique : « Malheureusement, les agriculteurs qui cultive en saison sèche rencontrent plusieurs défis, notamment le manque d’eau pour l’irrigation. Cela limite leur rendement. »

Pour lui, les agriculteur.trice.s devraient adopter des pratiques agricoles intelligentes comme cultiver des variétés hâtives et à l’épreuve des changements climatiques, y compris les régimes de précipitations changeants.

Le Dr Zakari déclare : « Il existe plusieurs variétés qui arrivent à maturité en 60 ou 70 jours. Nous avons également celles qui peuvent résister aux conditions climatiques difficiles. Je crois que si les agriculteurs adoptent celles-ci, ils n’auront pas beaucoup de problèmes. »

Madame Adulkadir est titulaire d’un certificat national en éducation, mais elle explique qu’elle a préféré l’agriculture à un emploi rémunéré, car l’agriculture est plus rentable. Elle déclare : « Avec l’agriculture de saison sèche, j’ai récolté 40 sacs de maïs et j’ai gagné plus de 800 000 nairas nigérians (1 600 $ US) la saison dernière. Cet argent m’a vraiment aidée à prendre soin de ma famille. »

Cette nouvelle a été produite grâce à une subvention du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement dans le cadre de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GmbH (GIZ) et de son projet « Centres d’innovations vertes pour le secteur agricole et agroalimentaire » au Nigeria.

Photo : Abbas Jaafaru Julde dans son champ de maïs de saison sèche. Crédit : Joseph Chibueze.