- Barza Wire - https://wire.farmradio.fm -

Nigeria : Dans la ville d’Iseyin, la gestion durable du bétail offre aux femmes les moyens de protéger la biodiversité

À Iseyin, une ville de l’État d’Oyo, au Nigeria, des femmes adoptent des pratiques d’élevage de bétail fondées sur la nature qui protègent la biodiversité et améliorent leurs moyens de subsistance. Grâce au pâturage contrôlé, au sylvopastoralisme et au pâturage tournant, elles reconstituent l’environnement tout en améliorant la sécurité alimentaire et en gagnant un revenu.

Iseyin est une ville ancienne au nord d’Oyo, à 100 kilomètres environ d’Ibadan. Avec une population de plus de 365 000 habitants, elle est célèbre pour l’agriculture et l’élevage. Cependant, la région est confrontée à de graves problèmes découlant du surpâturage et du changement climatique. Les femmes d’Iseyin mènent les actions requises pour renverser la tendance.

L’une d’elles s’appelle Risikat Olahanmi, âgée de 59 ans. C’est à l’âge de 27 ans qu’elle a commencé à élever des chèvres et des bovins. Aujourd’hui, elle gère un ranch local en pratiquant le pâturage contrôlé et elle gagne entre 600 000 et 1,8 million de nairas (environ 400 $ à 1 200 $ US) par semaine. Elle déclare : « Lorsque j’ai commencé à faire l’élevage, certains hommes ne m’ont pas pris au sérieux. Mais, maintenant, je possède des milliers de chèvres et de bovins. »

Elle révèle : « Beaucoup d’agriculteurs viennent chez moi pour ramasser la bouse de mon bétail, afin de s’en servir comme fumier organique pour cultiver et planter à la place des engrais inorganiques qui ajoutent à leurs terres agricoles du limon, qui à son tour dégrade les sols et perturbe l’écosystème naturel d’Iseyin. »

Madame Olahanmi appuie également d’autres femmes de sa communauté en leur partageant son savoir lors de rencontres locales et de séances de formation. « Nous vivons des problèmes, comme l’irrégularité des pluies et le pâturage non contrôlé, qui touchent plusieurs femmes qui élèvent du bétail. Cependant, je crois que la connaissance de meilleures pratiques leur sera utile. »

Elle ajoute qu’elle ne laisse pas son bétail déféquer dans les cours d’eau, car cela polluerait l’eau et tuerait les espèces aquatiques. Elle a affirmé que le fumier organique de son bétail contribuait à réduire la pollution atmosphérique et les gaz à effet de serre.

Monsieur Ejembi Peter, superviseur agricole au ranch Ripple, souligne l’importance du pâturage tournant pour l’environnement, car il permet aux pâturages de se reconstituer et favorise la restauration de la biodiversité. Il déclare : « Des animaux bien portants contribuent à un environnement équilibré. »

À Iseyin, plus d’agriculteurs et d’agricultrices adoptent désormais des pratiques durables, comme le pâturage tournant, le sylvopastoralisme et le pâturage contrôlé. Ces techniques permettent de réduire la dégradation des terres, de prévenir le déboisement et d’améliorer la résilience au changement climatique.

Le pâturage tournant consiste à déplacer le bétail d’un pâturage à l’autre, afin que l’herbe et le sol puissent se régénérer. Le sylvopastoralisme regroupe la plantation d’arbres, de plantes fourragères et l’élevage de bétail dans un système. Le pâturage contrôlé permet au bétail de paître seulement dans des endroits spécifiques, ce qui donne du temps à la terre pour se régénérer.

Pour promouvoir ces pratiques, les autorités de l’État d’Oyo ont adopté la Réglementation pour l’élevage à l’air libre et le pâturage libre qui interdit le pâturage libre. Les personnes qui transgressent cette loi encourent parfois des amendes de 500 000 nairas (environ 334 $ US) ou un emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans. Un groupe de travail constitué de responsables locaux, d’associations paysannes et de fonctionnaires veille au respect de la réglementation.

Cependant, la résistance à la peau dure. Certains éleveurs nomades s’opposent à cette interdiction, invoquant le manque d’infrastructures et les préoccupations concernant la survie économique. Cela ralentit l’adoption à grande échelle des pratiques durables et entraîne parfois des tensions entre les agriculteurs et les éleveurs.

Néanmoins, plusieurs marchands et marchandes de bétail soutiennent les pratiques fondées sur la nature. Monsieur Ashiru Abdul, président du chapitre de l’Association des marchands de bétail du Nigeria dans l’État d’Oyo, affirme qu’il faut plus des taxes gouvernementales aux éleveurs et aux éleveuses. En effet, ils ont besoin de sécurité contre les vols et d’un soutien pour moderniser leurs systèmes.

Malgré ces défis, les femmes demeurent au cœur du développement d’Iseyin. Certains, comme madame Olahanmi se lancent dans la production laitière et vendent du lait, de la viande et du wara, un fromage local fait avec le lait de vache. Leurs actions renforcent la nutrition des familles et génèrent des revenus.

Grâce aux systèmes de pâturage améliorés, les femmes consacrent moins de temps à la recherche de pâturages et plus de temps à l’obtention d’un revenu. Elles peuvent investir dans d’autres projets et prendre mieux soin de leurs familles. Des animaux en meilleure santé produisent plus de lait et de viande, ce qui améliore la sécurité alimentaire des ménages.

Les avantages pour l’environnement sont également évidents. Un meilleur système de pâturage réduit la pollution de l’air et préserve la biodiversité, tout en protégeant les cours d’eau et en améliorant la fertilité des sols.

Les éleveuses de bétail réclament plus de ressources, de formations et de politiques qui favorisent les pratiques écologiques. Leur leadership aide les communautés à se tourner vers des systèmes agricoles plus résilients.

À Iseyin, les pratiques d’élevage durables ne font pas qu’améliorer les terres, elles remodèlent la dynamique de genre, les moyens de subsistance et l’avenir des familles rurales.

[1]