Nigeria : Accès difficile des agriculteurs aux intrants agricoles à cause du confinement du COVID-19

| septembre 14, 2020

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Nouvelle en bref

Il est environ huit heures du matin et Bello Iliyasu va à moto dans sa ferme dans l’État de Kaduna, au Nigeria, et ce, non pas par choix, mais parce que le COVID-19 limite les déplacements en transport public. Monsieur Iliyasu et d’autres agriculteurs(rices) peinent à trouver des intrants agricoles à cause de la distanciation sociale et le confinement imposés par le gouvernement dans tout le pays. Non seulement l’accès est difficile, mais les coûts des semences, des engrais et d’autres intrants ont également augmenté vertigineusement. Cependant, monsieur Iliyasu recommande ce qui suit à ses collègues en cette période difficile : « Utilisez des solutions de rechange comme le fumier organique si vous ne pouvez pas les moyens d’acheter des engrais. Si possible, travaillez avec votre famille ou d’autres voisin(e)s agriculteurs(rices) en vous entraidant sur vos exploitations si vous n’avez pas les moyens de louer des machines. »

Il est presque 8 heures du matin et Bello Iliyasu roule déjà à moto, non pas par choix, mais à cause des restrictions imposées au transport public à cause du COVID-19. Il lui est impossible d’emprunter les moyens de transport locaux pour se rendre dans son exploitation agricole, à 17 kilomètres de chez lui.

Il déclare : « Il me faut à peu près une heure pour m’y rendre si la route est bonne. Les bus sont presque à l’arrêt et se déplacent rarement. »

Monsieur Iliyasu est un agriculteur d’exploitation familiale qui cultive du maïs, du soja et du riz. Il vit dans l’État de Kaduna, au nord-ouest du Nigeria. Il fait partie des agriculteurs(rices) ayant des difficultés d’accès aux intrants agricoles à la suite de l’imposition des mesures de distanciation sociale et de confinement par le gouvernement nigérian dans tout le pays depuis mars dernier.

Monsieur Iliyasu affirme qu’en raison des restrictions de voyage liées au COVID-19, il lui est difficile d’accéder aux intrants tels que les semences et les engrais. En outre, le prix des intrants agricoles a explosé.

À ses dires, avant que le gouvernement du Nigeria impose les mesures du COVID-19, les agriculteurs(rices) pouvaient acheter des semences, des engrais et d’autres intrants à un prix abordable. Monsieur Iliyasu ajoute : « Mais, maintenant, la situation est un peu différente … Le prix des semences de maïs est passé de 140 à 160 nairas (de 0,36 $ US à 0,41 $ US) par un kilogramme et demi, tandis que le prix du sac d’engrais est passé de 6 500 à 8 200 nairas (de 17 $ US à 21 $ US). »

Malgré l’assouplissement des restrictions du COVID-19, plusieurs agriculteurs(rices) ressentent toujours le contrecoup lorsqu’ils veulent se procurer des intrants agricoles.

Stella John-Jack est une agricultrice de l’État d’Ogun, près de Lagos. Elle peine également à acheter des intrants, car les prix sont élevés. Elle explique : « Je cultive du manioc, du maïs, du taro et de l’épinard local, mais le problème c’est que le prix des semences a doublé. Par exemple : avant le confinement, nous achetions les semences de maïs a environ 20 000 nairas (52 $ US), et, maintenant, ça coûte 40 000 nairas (103 $ US). »

Madame John-Jack ajoute : « Je réaliserai un plus petit bénéfice cette année et j’ignore comment je subviendrai aux besoins de mon fils qui se prépare à rentrer au collège cette année. Les vendeurs(euses) d’intrants agricoles ont augmenté les prix dans l’expectative d’une pénurie d’intrants à cause de l’interruption par le gouvernement des voyages interétats, et des sévères restrictions imposées sur les voyages dans l’État. »

Bitrus Luka est agriculteur dans l’État du Plateau, au centre-nord du Nigeria. Il cultive du maïs, des pommes de terre, de l’arachide et du soja. Selon lui, les mesures de confinement ont entraîné l’augmentation du prix des engrais.

Monsieur Luka déclare : « Le gouvernement a précisé qu’un sac d’engrais coûte 5 500 nairas (14 $ US), mais les gens le vendent au marché à environ 8 000 nairas (21 $ US) ou parfois même à 9 000 nairas (23 $ US). C’est même plus si vous tentez d’acheter des engrais en base d’urée. »

David Dung cultive également dans l’État du Plateau, où il élève de la volaille et cultive des denrées telles que le maïs. Il soutient que le confinement de son État a été strictement respecté. Monsieur Dung explique : « À la base, avant l’allègement des mesures de confinement, il était difficile de voyager d’un endroit à un autre, car nous devions demander l’autorisation de la police. J’ai un ami qui a tenté d’aller dans sa ferme sans autorisation et a été arrêté. »

Selon monsieur Dung, les mesures de confinement telles que les restrictions de voyage ont entraîné la hausse des prix de la provende et des engrais. Il explique : « Le prix des aliments de volaille a augmenté, et les engrais sont devenus très chers, car leur prix a augmenté de presque 50 pour cent. Le coût des engrais est devenu tellement aléatoire que les gens se précipitent pour en acheter chaque fois qu’il y en a pour faire une réserve simplement. »

Il ajoute : « Avant le confinement, je payais le sac de moulée à 3 250 nairas (8,41 $ US), mais le prix est passé à 3 700 nairas (9,57 $ US) et atteint parfois 4 500 nairas (11,64 $ US) le sac. »

La pénurie d’engrais a également ralenti et bouleversé les plans de monsieur Dung par rapport à ce qu’il comptait cultiver. Il explique : « Je n’ai pas pu cultiver certaines denrées telles que les pommes de terre, car j’ai eu accès aux semences en retard. Cela s’est produit à cause des mesures de confinement liées au COVID-19. Le rendement du maïs a également été affecté en raison de l’épandage tardif des engrais. »

Même si ce fut une saison très difficile et stressante pour plusieurs agriculteurs(rices) en raison des mesures de confinement liées au COVID-19, monsieur Iliyasu recommande aux paysans et aux paysannes de continuer à travailler dur dans leurs exploitations en utilisant des moyens novateurs pour venir à bout des problèmes d’accessibilité aux intrants agricoles.

Il déclare : « Utilisez d’autres solutions comme le fumier organique si vous n’avez pas les moyens d’acheter des engrais. Si possible, travaillez avec votre famille ou d’autres voisins agriculteurs pour vous entraider dans vos fermes au cas où vous ne pouvez pas louer des machines. »

La présente nouvelle a été produite grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.

Photo: Les agriculteurs au nord du Ghana, 2015. Credit : Jesse Winter / Farm Radio International