Niger: Les producteurs d’oignons souffrent de la saturation du marché (IPS)

| mai 28, 2012

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L’amertume se lit sur le visage de Boureïma Hamado alors qu’il se prépare à rentrer chez lui, après avoir vendu sa récolte d’oignons au marché de Katako, à Niamey, dans la capitale du Niger. Il a subi une grosse perte sur sa récolte.

M. Hamado avait apporté 20 sacs d’oignons (soit 140 kilos au total) à Niamey, en espérant les vendre à un bon prix. Il avait besoin de 4500 francs CFA par sac (environ neuf dollars américains) mais il espérait obtenir jusqu’à 6500 francs CFA. Cependant, comme il l’explique : « Ce projet m’a coûté plus de 100 000 francs CFA (200 dollars américains) et j’ai perdu de l’argent parce que, juste pour amener les oignons ici, j’ai emprunté 15 000 CFA. »

Environ 300 000 agriculteurs nigériens cultivent des oignons, générant près de 100 millions de dollars de recette par an, selon la Fédération des coopératives de jardins maraîchers du Niger, une organisation de petits exploitants agricoles basée à Niamey.

Mais cette année, les producteurs d’oignons font face à d’énormes problèmes car le marché est saturé. M. Hamado dit : « Je m’attendais à des bénéfices élevés avec les oignons – qui se vendaient à plus de 25 000 CFA le sac (50 dollars américains) l’année dernière. J’ai donc augmenté ma production mais je ne m’attendais pas à cette surabondance sur le marché. »

Idrissa Bagnou est le président de la Fédération des coopératives des jardins maraîchers du Niger. Il dit : « Il y a eu une récolte exceptionnelle car les agriculteurs sont devenus plus professionnels, ils ont eu un meilleur accès aux semences, et le nombre total de cultivateurs d’oignons a augmenté. » La consommation, cependant, n’a pas augmenté, que ce soit localement ou dans les pays qui importent.

M. Bagnou ajoute : « Les opérateurs étrangers, qui achètent habituellement des oignons toute l’année, n’avaient pas fini de vendre les oignons récoltés en septembre 2011 à Agadez (dans le nord du Niger) lorsque les récoltes de décembre-février venant d’autres parties du pays sont arrivées sur le marché. » C’est ce qui explique la forte baisse des prix.

Alors que les producteurs d’oignon sont dans la tourmente, les consommateurs sont ravis. Fatouma Harouna est propriétaire d’un restaurant à Niamey. Elle dit : « En 15 ans, je n’ai jamais vu une si grande chute des prix. Le sac d’oignons qui coûtait l’an dernier près de 40 000 CFA (80 dollars américains) se vend maintenant à 5000 CFA. C’est vraiment une bonne affaire pour nous. »

Les prix élevés de l’an dernier étaient dus à une pénurie temporaire. En réponse à ce problème, le gouvernement avait rencontré les intervenants actifs dans le secteur de l’oignon, en début mars, pour aider les producteurs en difficulté et mieux organiser les modalités et les lieux de vente des récoltes.

Abdoulsalam Douma est un expert de la Fédération des coopératives des jardins maraîchers. Il dit qu’une solution à court terme serait pour le gouvernement d’acheter directement une partie de la récolte de cette année, et de payer les producteurs au moins 40 dollars américains par sac, le prix moyen annuel.

M. Douma estime que les agriculteurs ont besoin de prêts pour construire des installations de stockage. Il dit : « Ce qui est nécessaire, c’est… la création de bureaux pour coordonner la commercialisation dans tous les domaines de la production de l’oignon et de permettre aux associations d’agriculteurs de mieux organiser leurs ventes. »