Niger : Des terres restaurées redonnent aux femmes leur dignité

| juin 17, 2013

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Sous un soleil ardent, Zeinabou Illa cueille des tomates qu’elle dépose dans un sac en bandoulière. Sur le sol à côté d’elle, des tas d’aubergines, de la laitue, des carottes et des oignons témoignent de la diversité des produits qu’elle cultive sur sa très petite parcelle de terre. Elle a obtenu cette parcelle en participant à un programme national de restauration de la fertilité des sols dégradés.

Par le passé, Mme Illa travaillait dans le champ familial aux côtés de son mari et de ses beaux frères. Mais aujourd’hui, elle partage son temps entre le champ familial et sa propre exploitation.

Agée de 52 ans, Mme Illa appartient à un groupe de femmes dans la région de Tahoua, au centre-ouest du Niger, à l’est de la capitale, Niamey. Ces femmes ont pris part au projet restauration des sols. On les surnomme « bulldozers » parce qu’elles ont révolutionné les mentalités en acceptant de faire des travaux dans les champs qui étaient longtemps réservés aux hommes. Ces femmes creusent des demi-lunes, des digues, des tranchées et plantent des arbres sur des sols caillouteux. Et à la fin de la journée, elles sont payées en nature avec du mil, du sorgho et de l’huile ou en espèce, à raison de 1500 à 2000 FCFA (soit 3 à 4 dollars américains) par jour.

Depuis 2001, les autorités nigériennes ont intensifié les travaux de récupération et de restauration de terres dégradées sur l’ensemble du pays. Chaque année, ce sont environ 18 000 hectares de terres dégradées qui sont récupérées. Trois à cinq années plus tard, les sites retrouvent leur couvert végétal et même leur fertilité. Les terres ainsi restaurées sont mises à la disposition des agriculteurs. Les femmes sans terres sont les principales bénéficiaires.

Rabi Hassan cultive des pommes de terre, de la laitue et des aubergines sur sa parcelle. Cette production lui permet d’avoir une certaine indépendance. Elle raconte : « Pour mes petites dépenses, je n’attends pas mon mari [pour qu’il me donne de l’argent]. Je règle ça avec l’argent de la vente des produits de mon jardin. »

Hadiza Idi travaille pour un organisme de la société civile à Niamey. Mme Idi dit que la restauration des terres a aussi restauré la dignité des femmes. Elle ajoute : « Beaucoup de femmes qui, auparavant, étaient privées des bonnes terres à cause de certaines considérations socioculturelles, sont devenues aujourd’hui propriétaires de champs très productifs. »

Chaque matin, Mme Illa transporte au marché du village un panier des produits récoltés de son jardin. Elle est très fière de son indépendance économique. Elle raconte : « Par la vente de ces légumes, je gagne environ 3000 FCFA par jour. Avec cette somme, je contribue aux dépenses journalières de la famille. J’arrive même à épargner 7500 FCFA (15 dollars américains) par semaine. »

Pour arroser ses plantes, Mme Illa compte sur sa force physique pour puiser l’eau du puits. Mais, le rêve de Mme Illa c’est de pouvoir un jour acheter une motopompe pour augmenter sa production.