Mondial: La lutte contre la flétrissure de la banane utilisant le poivre vert (IITA, IPS, Syfia Grands Lacs)

| août 30, 2010

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L’Institut international d’agriculture tropicale (IITA) a récemment annoncé qu’il a fait ce qu’il appelle un « pas important » vers une résistance au flétrissement bactérien de la banane.

Les scientifiques ont réussi à transférer des gènes de poivron vert dans la banane. Les bananes transformées ont démontré une forte résistance au flétrissement bactérien, en laboratoire ainsi que dans des abris grillagés.

La Dr Leena Tripathi, une biotechnologiste de l’IITA, rappelle que, bien que ce soit une percée dans la lutte contre le flétrissement bactérien, il y a encore un long chemin à parcourir avant que les paysans puissent planter des bananes transgéniques sur leur terrain.

Le flétrissement bactérien a été signalé en Ouganda en 2001, et s’est propagé en Afrique orientale et centrale. La maladie provoque le desséchement et le pourrissement de la plante. Dans le Nord-Kivu, en République Démocratique du Congo, la production de bananes a chuté de 90%, selon Action contre la Faim, une organisation d’aide internationale. Des millions d’agriculteurs de la région des Grands Lacs dépendent de la banane pour leur subsistance. Depuis 2001, les scientifiques essayent de trouver une variété de banane qui soit résistante à la flétrissure.

Le Comité national de biosécurité ougandais a accordé l’homologation pour des essais sur le terrain de la banane transformée, en Ouganda. Les scientifiques de l’IITA, de la National Agricultural Research Organisation of Uganda (NARO) et de l’African Agricultural Technology Foundation (AATF) vont bientôt commencer à effectuer des essais en champ confiné.

Il y a cependant une certaine opposition à l’élaboration et à l’utilisation de ces cultures génétiquement modifiées. Les Amis de la Terre Nigéria, une organisation militante, prend une position ferme contre les organismes génétiquement modifiés en Afrique. Mariann Bassey coordonne le programme de souveraineté alimentaire et des agrocarburants de l’organisation. Elle dit que l’agriculture écologique a nourri l’humanité depuis des milliers d’années et que des améliorations ont été obtenues grâce à la manipulation experte des semences. L’organisation croit que la diversité des semences et l’agriculture durable sont essentielles à la satisfaction des besoins alimentaires. Ses membres croient que les organismes génétiquement modifiés sont une menace directe pour l’environnement et vont à l’encontre de l’atteinte du but ultime de souveraineté alimentaire en Afrique. Mme Bassey déclare: « Nous ne voulons pas d’OGM, quelle qu’en soit la forme. L’Afrique peut se nourrir. »

M. Tripathi dit qu’il n’y a actuellement pas de produits chimiques commerciaux, d’agents de lutte biologique ou de variétés résistantes susceptibles de contrôler la propagation de la flétrissure. Elle souligne que le développement d’un bananier résistant à travers la sélection conventionnelle serait extrêmement difficile. Il faudra des années, voire des décennies, étant donné le caractère stérile et la longue période de gestation de cette plante.

Les agriculteurs peuvent aider à contrôler la propagation de la flétrissure bactérienne. Ils peuvent stériliser leurs outils avec de l’eau de javel ou par le feu. Ils peuvent également retirer le bourgeon mâle, une technique connue sous le nom d’ébourgeonnage. Les agriculteurs devraient déraciner et détruire les plantes infectées et leurs drageons. Toute nouvelle infection devrait être rapportée. Ces pratiques ont également été jugées efficaces dans la prévention de la maladie.