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Mali : Une variété de sorgho à double usage pousse vite et produit de plus gros grains, même avec peu de pluie

Les agriculteurs et les agricultrices qui ont tenté de cultiver le sorgho à double usage au sud-ouest du Mali cette année affirment que les nouvelles variétés pourraient contribuer à prévenir la faim même en période de sécheresse.

Les cultivateurs et les cultivatrices maliens ont pendant longtemps cultivé le sorgho pour nourrir leurs familles et le vendre comme une denrée de base. Depuis 2016, les agriculteurs et les agricultrices de quatre villages ont testé quatre nouvelles variétés. Une variété à double usage, appelée Soubatimi en langue bambara, est une variété issue du croisement entre la canne à sucre et le sorgho local. Il en est résulté une plante qui parvient rapidement à maturation, produit de plus gros grains que d’autres variétés de sorgho, et qui a des tiges sucrées pouvant servir à la consommation humaine et animale.

Adama Samaké cultive à Faragouana, dans la région de Sikasso, au Mali. Il fait partie des 35 agriculteurs et agricultrices à avoir testé le sorgho à double usage cette année. Même s’il a plu peu, monsieur Samaké soutient que le sorgho Soubatimi a bien poussé et a bien produit. Il déclare : « J’ai constaté que, contrairement aux autres variétés de sorgho, le sorgho à double usage a résisté effectivement à la poche de sécheresse que les producteurs agricoles de notre zone ont connue cette année. Pour preuve : jusqu’à sa récolte, les tiges sont restées fraiches et robustes. »

La majorité des variétés de sorgho tolère mieux le climat sec que d’autres céréales, car la plante parvient mieux à puiser l’humidité du sol. Le sorgho offre également une meilleure performance pour ce qui est de minimiser les pertes en eau en saison chaude. Cependant, même le sorgho souffre lorsque le changement climatique se traduit par la réduction et l’irrégularité des précipitations.

La variété de sorgho précoce à double usage requiert juste trois mois de la plantation à la récolte. Dans la commune de Faradièle, Fousseyni Samaké a testé la nouvelle variété pour la première fois cette année. Selon lui, il y a une grande différence entre la variété à double usage et les autres types de sorgho. Monsieur Samaké explique : « La première différence est que le sorgho à double usage est facile à produire. En effet, il ne demande pas trop d’engrais ni de compost. Mieux, il résiste au déficit pluviométrique. Et il s’adapte à notre environnement et pousse très rapidement. »

Monsieur Samaké affirme que ses épis de sorgho étaient remplis de gros grains. Il a nourri ses bêtes avec les tiges.

En juin 2017, Moussa Diawara a semé le sorgho à double usage sur son lopin d’un demi-hectare dans le village de Kouroulamni, toujours dans la région de Sikasso. En octobre, il a récolté 1,5 tonne. Il soutient que la nouvelle variété résiste encore plus à la sécheresse que le sorgho local, et qu’il pourrait aider des agriculteurs et des agricultrices comme lui à s’adapter aux effets du changement climatique. Monsieur Diawara affirme que le sorgho à double usage pousse sur plusieurs types de sols, et même les sols boueux ou sablonneux.

Même s’il est qualifié de « double usage, » monsieur Diawara a trouvé au moins trois façons d’utiliser cette plante.

Il explique : « Nous pressons une partie de la tige pour en faire de la cire de sucre. Les enfants consomment une partie sous forme d’amuse-gueule. Enfin, nous utilisons une partie pour faire des aliments très riches en nutriments pour les animaux. Pour cela, nous découpons les tiges en petits morceaux, après nous mélangeons du sel et nous le mettons au four. Cette fabrication est très bien pour les animaux. »

Se disant « entièrement satisfait » par la nouvelle variété de sorgho, monsieur Diawara ajoute : « Moi personnellement, je crois que cette variété est vraiment une solution pour la lutte contre l’insécurité alimentaire dans les zones rurales du Mali. »

Cette nouvelle a pu être produite avec l’appui de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) par l’entremise du programme de recherche sur l’intensification durable en Afrique pour la prochaine génération (Africa RISING) dans le cadre de l’Initiative de sécurité alimentaire « Feed the Future » du gouvernement américain.

Photo: Moussa Diawara habite dans le village de Kouroulamni