Mali: Les guérisseurs traditionnels se joignent à l’effort de lutte contre la malnutrition (IRIN)

| juillet 25, 2011

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Personne ne peut apprendre quoi que ce soit de nouveau à Fatoumata Kané sur les plantes et les écorces d’arbres. La sexagénaire habite la ville de Banamba, dans l’ouest du Mali. Cependant, la guérisseuse traditionnelle a récemment appris quelque chose de nouveau: comment détecter la malnutrition en mesurant le bras d’un enfant.

Beaucoup de familles en difficulté amènent leurs enfants à Mme Kané, chaque semaine. Elle est renommée dans la région pour ses pouvoirs de guérison. Mais maintenant, elle réfère les cas de malnutrition soupçonnés au centre de santé publique. Mme Kané estime que la médecine traditionnelle et la médecine moderne peuvent bien fonctionner ensemble. Elle dit: « Je pratique depuis plus de 20 ans maintenant, le don que j’ai pour la guérison ne va nulle part. Mais la médecine moderne peut la compléter, et vice versa. »

Oumou Sangaré est une agente de santé locale qui travaille avec Helen Keller International, une ONG axée sur la santé. Dans la lutte contre la malnutrition infantile, les ONG puisent dans la confiance que le public accorde aux guérisseurs traditionnels et aux notables locaux.

Mme Sangaré dit qu’elle a d’abord approché Mme Kané, car beaucoup trop d’enfants malnutris de Banamba ne recevaient pas les soins médicaux dont ils avaient besoin.

Mme Kané était hésitante au début, mais elle a ensuite accepté de lui parler. Elles se sont rencontrées à plusieurs reprises pour parler de la santé des enfants. Mme Sangaré a expliqué à Mme Kané le rôle qu’elle pourrait jouer dans la détection de la malnutrition et aider les enfants à obtenir les soins dont ils ont besoin. « Maintenant qu’elle a eu une formation, elle nous aide à détecter les cas de malnutrition».

Lorsque la maladie frappe en Afrique sub-saharienne, la réaction première de beaucoup de gens est d’aller voir le guérisseur local. Un médecin de Sierra Leone, qui a demandé à garder l’anonymat, a déclaré: « C’est toujours le premier choix des gens ici. C’est une habitude à laquelle les gens sont accrochés. »

En plus d’être une coutume, c’est souvent le seul service de santé que les gens peuvent se payer ou auquel ils ont accès. Dans certains pays d’Afrique, 80 pour cent de personnes dépendent de la médecine traditionnelle pour les soins de santé primaires, selon l’Organisation Mondiale de la Santé.

Les guérisseurs traditionnels et les femmes âgées ont déjà la confiance des gens. Vanessa Dickey est nutritionniste auprès d’Helen Keller International, au Mali. Elle pense que la collaboration avec les guérisseurs locaux signifie que plus d’enfants qui ont besoin de soins médicaux y auront accès. Mme Dickey dit: « Cibler seulement les mères ne nous permettra pas d’aller très loin. Les gens ont plutôt tendance à écouter un guérisseur traditionnel ou une grand-mère. »

La médecine traditionnelle est efficace pour de nombreux maux. Mais les travailleurs de la santé disent que la malnutrition infantile est incurable par la médecine traditionnelle. Si un parent ne comprend pas les signes, les symptômes et les causes, diverses autres conditions pourraient être soupçonnées.

Les infirmières et les médecins disent qu’il est fréquent de voir des familles consulter à la fois un praticien traditionnel et un médecin.

La docteure Sierra-Léonaise dit: « Cela peut passer si les gens vont consulter les deux à la fois, mais seulement si le guérisseur traditionnel est compétent et connaît les limites de ses capacités. »

Mme Dickey convient que la question n’est pas d’écarter les praticiens traditionnels. Elle dit: « Ils peuvent continuer à faire du suivi. [Mais] nous leur demandons de ne pas donner aux enfants malnutris  des herbes ou des thés à consommer. » Elle explique que le corps d’un enfant malnutri est vraiment « dans le chaos. » Certaines plantes, qui pourraient ne pas nuire à d’autres personnes, pourraient être dangereuses pour un enfant malnutri.

Voir un enfant qui récupère et  est en bonne santé est la publicité la plus puissante. Mme Kané dit: « Mon rôle est d’alléger le cœur des mères en les aidant à soigner les enfants malades. » La collaboration fonctionne parce que chacun veut voir les enfants malades récupérer. Comme dit Mme Kané: « Quand un enfant est en bonne santé, la mère est soulagée et les choses vont mieux dans le ménage. »