Mali : Le fonio est une culture saine et résistante à la sécheresse

| avril 15, 2019

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Dans la région de Ségou, au centre du Mali, la culture du fonio prend le pas sur des céréales bien connues en milieu urbain. Le fonio est de plus en plus convoité par la population à cause de son rendement, mais aussi à cause de ses bienfaits pour la santé.

Le fonio était considéré comme un « aliment de survie » durant les cycles de famine des années 80, au Mali. Cette culture a permis à plusieurs de survivre à cette époque. Même aujourd’hui, il demeure un aliment de choix chez les familles maliennes les plus défavorisées. Cependant, dans les zones cotonnières, comme Ségou, Koulikoro et Sikasso, le fonio est maintenant une culture prisée, aussi bien pour des raisons de santé que pour sa capacité à bien pousser dans les nouvelles conditions climatiques.

Drissa Traoré est le directeur de la coopérative des femmes Mandela, dans la région de Ségou, où son rendement moyen de fonio par hectare est de 800 kilogrammes. Il déclare : « C’est vraiment une céréale qui complète l’alimentation de la population. Il est recommandé aux [personnes souffrantes] de diabète et il facilite la digestion. » Monsieur Traoré affirme qu’après que les gens surent que le fonio était conseillé aux diabétiques, le prix du kilogramme est monté à 650 FCFA (1,12 $ US) selon les endroits, ce qui représente plus du double du prix du riz qui est de 300 FCFA (0,50 $ US). Monsieur Traoré bénéficie à plus d’un titre de la culture et la vente du fonio. Après le désherbage, il vend les grains, tandis que les résidus servent d’aliments pour le bétail.

Le fonio était dans le passé très utilisé seulement durant les temps de famine, mais il est devenu un aliment de base dans chaque famille et une culture vivrière dans le champ de chaque agriculteur et agricultrice. À Ségou, 450 familles cultivent le fonio sur au moins 200 hectares.

Fatim Coulibaly est productrice de fonio et membre de la coopérative des femmes Mandela. Elle affirme que la production du fonio constitue une activité phare des femmes rurales. Elle ajoute : « C’est plus facile pour nous de cultiver le fonio que les autres aliments comme le mil ou le riz. Non seulement, il ne demande pas de pluies abondantes, mais aussi, avec une petite parcelle, tu gagnes plus. » Elle affirme que les femmes vendent le fonio dans les villes voisines après la récolte.

Madame Coulibaly est une membre active de la coopérative et elle cultive plus d’un hectare de fonio. Elle utilise des semences améliorées fournies par l’Institut d’économie rurale de Cinzena, un centre de recherche local. Mais, elle n’a pas besoin de chercher de nouvelles semences chaque année. Elle explique qu’une fois le fonio cultivé, elle peut en semer pendant deux ans avec les mêmes semences.

Le fonio pousse pendant l’hivernage qui dure rarement plus de trois mois. Ce qui différencie le fonio, c’est qu’il n’a pas besoin de beaucoup d’eau. Par conséquent, il peut pousser même dans les zones du Mali où les pluies ne sont pas abondantes. Le fonio a également un rendement raisonnable lorsque le sol est peu fertile. Son rendement et ses bienfaits pour la santé ont fait passer le fonio de culture très peu connue à une pour laquelle les agriculteurs et les agricultrices nourrissent de plus en plus d’intérêt. Malgré les avantages du fonio, sa culture n’est pas facile. Madou Diarra cultive du fonio à 15 kilomètres de la ville Ségou. Il affirme que les agriculteurs et les agricultrices commencent à semer à la volée dès la tombée des premières pluies, généralement entre mai et juin. Le désherbage demande beaucoup de travail. Après la récolte, les graines sont décortiquées et usinées. La transformation du fonio nécessite beaucoup de main-d’œuvre et est compliquée. Elle se solde souvent par une contamination des grains par le sable et le gravier, en partie à cause de la finesse des grains de fonio. Il peut y avoir également des problèmes d’accès aux marchés.

Cependant, même avec ces défis après récolte, le fonio fera toujours partie intégrante de l’agriculture dans cette région. Et dans un pays où la sécurité alimentaire est loin d’être une réalité, les agriculteurs et les agricultrices se tournent de plus en plus vers le fonio en raison de sa capacité à s’adapter aux changements climatiques qui peuvent entraîner une baisse de la pluviométrie et une hausse des températures.

Cette nouvelle a été produite avec l’appui de Lux-Développement, l’Agence luxembourgeoise pour la Coopération au Développement, agissant au nom et le pour le compte du programme MLI/021, dans le cadre du projet « Radio interactive comme outil de changement » au Mali.