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Mali : Des femmes montrent la voie (Trust)

Le vent soulève la terre poussiéreuse rouge et sèche autour de Ségou, une ville située sur le fleuve Niger au cœur de la région bambara du Mali. Il fait 37 degrés à l’ombre, et il est peu probable qu’il pleuve de sitôt.

Quatre-vingts pour cent de la population malienne dépend de l’agriculture pluviale à petite échelle, mais les sécheresses et les régimes pluviométriques capricieux détruisent souvent les moyens de subsistance des agricultrices et des agriculteurs. La part de l’agriculture dans les recettes d’exportation du Mali est d’environ 30 pour cent, et seuls cinq pour cent des champs sont irrigués. Par conséquent, la répartition des pluies dans le temps et la quantité d’eau sont des facteurs essentiels.

Le désert a avancé lentement dans le Sud au cours des dernières années et les spécialistes du climat prévoient une hausse considérable des températures dans la région d’ici 2050. Les populations du nord Mali qui cultivent le sorgho et le millet ont migré à 50 kilomètres au sud depuis 1950 en raison du climat de plus en plus aride.

Malgré ces problèmes, les femmes peuvent apporter un changement dans leurs familles et leurs communautés si on leur offre les bonnes ressources. Sitan Traoré est une mère de 37 ans, originaire du village de Mpessoba, au sud du Mali. Mme Traoré a effectué un stage de pratique de terrain grâce à l’initiative An Be Jigi (« L’espoir pour tous) en langue bambara.

Elle a découvert une version plus nourrissante du , une pâte traditionnelle faite à base de sorgho, dont elle nourrit son enfant. Désormais, elle sait que le fait de mélanger le avec une légumineuse comme le niébé procure plus de protéines. Elle peut également enrichir la pâte avec des ingrédients locaux comme les feuilles de moringa ou le pain de singe riches en fer et en zinc.

Après avoir assisté à des séances de cuisine organisées par la commune, Mme Traoré a convaincu son mari de lui donner un petit lopin de terre. Elle y cultive du niébé, des arachides et des légumineuses, ainsi que de nouvelles variétés de sorgho. Ce jardin potager procure maintenant de la nourriture à sa famille.

Mme Traoré fait partie des 15 femmes qui testent cinq variétés de sorgho. Trois groupes de cinq femmes préparent du pour les membres de la communauté. Elles comparent les variétés sur la base de différents attributs, y compris le goût et la consistance.

Au Mali, la production de semences est souvent perçue comme une activité réservée aux hommes. Cependant, Sitan Sidibé, mère de 10 enfants et originaire du village de Ngolobougou, montre comment les femmes peuvent également s’occuper de la production des semences.

Mme Sidibé a remarqué que les pluies s’arrêtaient 15 à 30 jours plus tôt que d’habitude, et ce, avant que même la floraison de ses plants de sorgho. Par conséquent, elle avait hâte d’expérimenter les variétés de sorgho qui arrivent vite à maturité. Elle a participé à un concours de semences organisé par le groupement agricole local et a acheté un sac d’un kilo de semences de sorgho hybride.

Les nouvelles variétés hybrides ont été développées par l’Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT) et l’Institut d’économie rurale du Mali. Le rendement de ces variétés est de 40 pour cent supérieur à celui de la meilleure variété locale produite par les agricultrices et les agriculteurs. Mme a persuadé le groupement agricole de lui fournir des sacs de semences. Elle vend les sacs à ses voisines et ses voisins qui veulent suivre son exemple.

Eva Weltzien-Rattunde est la spécialiste en chef du sorgho de l’ICRISAT, et elle travaille au Mali depuis 18 ans. La Dre Weltzien-Rattunde est convaincue que les femmes ont beaucoup à dire sur la façon dont les innovations peuvent être réalisées dans les exploitations agricoles au Sahel. De ce qu’elle a pu observer, les femmes sont plus motivées que les hommes à expérimenter de nouvelles semences et pratiques agricoles.

Mme Sidibé ne reçoit aucune commission sur la vente des semences. Elle désire uniquement s’assurer que son village à accès aux meilleures semences. Elle est fière d’avoir pu se prouver qu’elle est aussi bien capable qu’un homme de s’en sortir dans ce type d’activité.

Pour lire l’article duquel provient cette histoire intitulée « Les femmes du Mali prennent les armes contre le ‘miniyamba’, cliquez sur : http://www.trust.org/item/20150318103733-r1pow/ [1]