Malawi : Une veuve prospère grâce au manioc

| octobre 6, 2014

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C’est une journée chaude et ensoleillée et Agnes Kandodo est occupée à surveiller son champ de manioc. Cette veuve, mère de deux enfants, déracine un plant de manioc et sourit. Les racines paraissent matures, et assez grosses pour la consommation et la vente. Elle les place dans un panier et retourne à la maison pour préparer le repas du soir.

Mme Kandodo vit à Kumayani, un village situé à 25 kilomètres au sud-ouest de Lilongwe, capitale du Malawi. Son champ de manioc la fait propulser de la pauvreté à la prospérité.

M. Kandodo est mort en 2000, laissant sa veuve dans un dénuement presque total. Mme Kandodo raconte : « Mon feu mari m’a laissé deux filles. Nous ne [pouvions plus] nous permettre de vivre en ville et nous avons été obligées de nous rendre à Kumayani où mon feu mari avec acheté un lopin de terre. » La famille dormait dans un poulailler, car il n’y avait aucune maison sur le terrain.

Mme Kandodo avait besoin d’un revenu fiable pour subvenir aux besoins de sa famille. « Au départ, je pensais à l’aviculture, mais je me suis rendu compte que les aliments coûtaient très cher. J’ai alors planté du manioc parce que cette plante n’avait pas besoin d’engrais, » se souvient-elle.

En 2001, il n’y avait pas de manioc dans un rayon de 15 kilomètres de son exploitation agricole, et Mme Kandodo avait de la difficulté à trouver du matériel végétal. Mais 20 kilomètres plus loin, elle a pu trouver assez de matériel pour démarrer sa plantation. Elle devait transporter 25 paquets lourds de boutures de manioc jusqu’à son exploitation.

Après sa première récolte, Mme Kandodo a vendu les racines et a replanté son champ. Elle avait récolté une quantité de boutures assez suffisante pour planter une parcelle complète de la taille d’un terrain de football. Puis, elle avait vendu le reste des boutures aux agricultrices et aux agriculteurs qui s’étaient intéressés au manioc après avoir vu comment Mme Kandodo tirait profit de cette culture.

David Zakariya a commencé à cultiver du manioc en 2004. Il cultive aussi à Kumayani. « En 2003, la pluviométrie était mauvaise, mais Mme Kandodo s’est débrouillée pour récolter du manioc. Elle a vendu des [racines] à plusieurs personnes de notre région et n’a jamais manqué de nourriture chez elle. Cela m’a impressionné. [J’ai commencé] à cultiver du manioc, car [mon] champ de maïs ne produisait pas beaucoup, » explique M. Zakariya.

M. Zakariya soutient que la demande de manioc est très forte dans la région. Il ajoute : « Les acheteurs viennent nous voir pour acheter le manioc directement sur l’exploitation … nous [n’avons] aucuns frais de transport à payer pour aller vendre notre manioc. »

Hodges Nkoma est l’agent de vulgarisation agricole du gouvernement à Kumayani. Il déclare : « Les changements climatiques rendent la météo et la pluviométrie imprévisibles. Par conséquent, les agricultrices et les agriculteurs doivent diversifier leurs activités en pratiquant différentes cultures, y compris les cultures qui résistent à la sécheresse comme le manioc. »

Toutefois, M. Nkhoma met en garde les productrices et les producteurs de manioc contre la maladie de la mosaïque. Cette maladie survient surtout lorsqu’on plante d’anciennes boutures pendant un certain nombre d’années. « Les agricultrices et les agriculteurs doivent toujours déraciner, enterrer ou brûler les plants de manioc qui présentent des signes de la maladie, tels que les feuilles décolorées et les plantes chétives. Ces plantes ne produiront aucun tubercule et pourraient contaminer les autres, » dit-il.

Depuis 2004, Mme Kandodo réinvestit régulièrement ses recettes dans l’achat de terrain, et, maintenant, elle possède 18 hectares. Elle continue de cultiver du manioc, mais elle produit également du maïs et élève des poules, des porcs et des chèvres pour augmenter son revenu. Elle a construit une maison éclairée à l’énergie solaire, et elle peut se permettre de payer la scolarité de ses deux filles.

Quel est son secret? « Je vends du manioc pendant la saison pluvieuse. C’est plus facile de récolter à la main, les [boutures] sont faciles à replanter et elles germent bien, » explique Mme Kandodo.