Malawi : Les semences, le nouveau grand défi des agricultrices en Afrique (Mail & Guardian)

| mars 2, 2015

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Rosemary Kadzitche est l’une des agricultrices les plus chanceuses du Malawi. Cette ancienne enseignante convertie à l’agriculture a rejoint l’Association nationale des petits exploitant(e)s du Malawi, également connu sous le nom de la NASFAM. Elle occupe actuellement un poste de responsabilité qui lui confère une voix.

Mme Kadzitche soutient que, même si les femmes forment la majeure partie de la main-d’œuvre agricole au Malawi, ce sont généralement les hommes qui fixent les règles. Elle affirme que les hommes font tout leur possible pour qu’aucun rôle ne soit attribué aux femmes dans les prises de décision. Mais les règles de la NASFAM stipulent que les décisions prises par les agricultrices et les agriculteurs sont non contraignantes tant que les femmes ne sont pas impliquées ou consultées.

À l’instar de plusieurs pays africains, les femmes sont généralement les conservatrices de semences au Malawi. Mme Kadzitche explique que les femmes assumaient ce rôle, car elles gardaient les graines après les récoltes pour les semer lors des saisons suivantes. Selon elle, les femmes investissent plus de temps dans la « planification des activités agricoles, alors que les hommes n’accordent aucune considération ou priorité aux semences. En fait, ils ne pensent pas à long terme. »

Toutefois, les semences hybrides sont désormais préconisées comme une solution aux problèmes des agricultrices et des agriculteurs. Mme Kadzitche déclare que cela nuit aux agricultrices partout.

Les entreprises de semences et les autorités encouragent les agricultrices et les agriculteurs à cultiver des variétés hybrides commerciales. Le gouvernement du Malawi dirige un programme de subvention des intrants qui favorise l’accès aux semences hybrides dans le cadre de sa stratégie visant à améliorer la productivité de l’agriculture.

Toutefois, les semences hybrides pourraient ne pas être la solution qu’elles sont censées être. Des recherches menées par le Centre africain de biosécurité en 2014 ont démontré que les coûts élevés des semences hybrides et des intrants chimiques supposent que les agricultrices et les agriculteurs qui les utilisent perdent souvent de l’argent.

Jacopo Parigiani est agronome. Il déclare que les semences hybrides sont conçues de telle sorte qu’elles germent mal lorsqu’on les conserve pour les replanter. M. Parigiani déclare : « Elles [les entreprises de semences] font cela parce que c’est un commerce. Elles doivent s’assurer [que] les gens vont continuer à acheter de [nouvelles semences] pour assurer la pérennité de l’industrie. »

Les graines récupérées des cultures hybrides ne peuvent pas être conservées ou échangées. Par conséquent, les agricultrices et les agriculteurs doivent acheter des semences hybrides chaque année. Ils ont également besoin d’acheter des engrais pour maximiser les rendements de leurs cultures hybrides, et certaines variétés exigent des pesticides de protection lorsqu’elles sont entreposées après les récoltes. Tout cela coûte cher.

Le gouvernement du Malawi a l’intention de mettre en place une politique semencière nationale. Il reconnaît que les entreprises semencières locales et multinationales doivent mener leurs activités suivant des règles strictes, en vue de protéger le secteur agricole, en général, et les agricultrices et les agriculteurs d’exploitations familiales, en particulier. Des dispositions ont été prises pour interdire les publicités trompeuses sur les semences hybrides et imposer des pénalités aux contrevenants.

Néanmoins un dernier facteur plus complexe demeure : le climat capricieux. Cette année, les Malawites ont vécu la pire inondation qu’ait jamais connue leur pays, et les agricultrices et les agriculteurs de toute l’Afrique australe sont tourmentés par des sécheresses. Les sécheresses et les inondations détruisent les récoltes des agricultrices et des agriculteurs. Sans récoltes, il est impossible d’avoir des semences. Les projets des femmes pour les prochaines périodes de semis peuvent être compromis pour les années à venir.

Pour lire l’intégralité de l’article duquel provient cette histoire intitulée « Qui l’aurait cru, les semences sont désormais le nouveau grand défi des agricultrices africaines! », cliquez sur : http://mgafrica.com/article/2015-02-12-you-wouldnt-think-it-but-seeds-are-the-new-big-challenge-for-africas-female-farmers